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Projet Odyssée : produire de l’eau potable grâce à la force des vagues de la mer

Dragan Tutić, fondateur du projet Odyssée, devant des esquisses du projet.
Dragan Tutić, fondateur du projet Odyssée, devant des esquisses du projet.
Photo : Michel Caron

L’accès à l’eau potable est un problème criant dans plusieurs régions du monde : on estime que 2 milliards de personnes n’ont pas suffisamment d’eau de consommation chaque jour. Paradoxalement, 60 % de la population mondiale vit près de l’eau, à moins de 20 km de l’océan ou de la mer. Et s’il était plus facile de dessaler l’eau de mer pour fournir de l’eau potable? Huit étudiants de la Faculté de génie ont trouvé une solution : exploiter la force du mouvement des vagues pour fournir l’énergie nécessaire au dessalement de l’eau. Les membres du projet Odyssée travaillent à concevoir et à fabriquer un prototype autonome qui sera mis à l’épreuve l’an prochain au large des Îles-de-la-Madeleine.

Question d’énergie

À première vue, l’idée de dessaler l’eau de mer peut sembler relativement simple. On peut même se demander pourquoi elle n’est pas davantage exploitée. «Il existe plusieurs brevets déposés qui se rapprochent de notre projet, ou qui évoquent certaines idées de manière plus large. Toutefois, sur le terrain, que ce soit en Afrique ou en Californie, les solutions proposées sont souvent des systèmes assez imposants et complexes, qui se révèlent très coûteux», dit Renaud Lafortune, directeur technique. «Aussi, ce sont des technologies très énergivores, qui nécessitent dans certains cas des ressources non renouvelables, comme l’essence, le charbon ou le gaz naturel», explique Dragan Tutić, fondateur et coordonnateur du projet.

Houlomotrice, vous dites?

L’idée de l’équipe du projet Odyssée est de créer une unité qui soit autonome en énergie en utilisant le mouvement constant des vagues de la mer. «On l’appelle l’énergie houlomotrice. Si on avance à quelques centaines de mètres du rivage, on trouve des vagues d’une hauteur d’un mètre et demi qui décrivent une courbe sinusoïdale», explique Renaud Lafortune. Une distance d’environ 60 mètres se forme entre le sommet de chaque vague et une nouvelle vague arrive toutes les 6 secondes. Ainsi, si une bouée flottante est ancrée à cet endroit, elle se trouvera à effectuer des mouvements verticaux de manière répétitive pour chaque nouvelle vague. C’est ce mouvement naturel qui viendra produire l’énergie nécessaire pour dessaler et filtrer l’eau puisée à même la mer. Grâce à la force des vagues, on évite le recours à une source d’énergie extérieure.

Au final, ce que prévoit créer l’équipe Odyssée, c’est une solution clé en mains pour fournir de l’eau potable de manière simple et écologique. «C’est une sorte de bouée flottante qu’on amène avec un bateau, et une fois que l’ancre est déposée, un tuyau relie le prototype à la rive, dit Maxime Fortin-Picard, directeur administratif. On peut lever l’ancre et déplacer le prototype à un nouvel endroit. L’unité permettra d’assurer toutes les étapes du traitement de l’eau, du prétraitement au post-traitement. À l’entrée, c’est vraiment de l’eau salée qui est captée, et à la sortie, l’équipement rejette de la saumure et de l’eau potable.»

La saumure, une eau très salée, est rejetée dans la mer, mais comme l’explique Dragan Tutić : «Cette concentration de sel est infiniment petite dans toute l’eau qui circule dans la mer. Pour donner un ordre de grandeur, c’est comme si on mettait une cuillère de sel à l’heure dans l’océan.»

Objectif : 10 000 litres par jour

Huit étudiants composent le groupe qui verra à réaliser le projet d'ici l'automne 2014.
Huit étudiants composent le groupe qui verra à réaliser le projet d'ici l'automne 2014.
Photo : Projet Odyssée

L’objectif des concepteurs de la plateforme est de permettre de fournir 10 000 litres d’eau par jour, ce qui selon des situations documentées pourrait desservir environ 1400 personnes.

L’équipe est actuellement à mi-parcours du projet échelonné sur deux ans. Le travail vise à réaliser plusieurs simulations numériques, avant d’effectuer la fabrication du prototype physique. Ensuite, il faudra procéder à des tests dans des bassins artificiels, et enfin, mettre le prototype à l’épreuve en mer.

«La bouée pourrait théoriquement être déplacée et fixée à différents endroits, mais le travail que l’on veut faire est d’optimiser son fonctionnement dans un contexte réel, pour avoir la meilleure efficacité dans des endroits précis. C’est ce qu’on va faire aux Îles-de-la-Madeleine en 2014», dit Renaud Lafortune. Les étudiants prévoient consacrer 15 000 heures à cette réalisation qui s’inscrit dans le cadre du projet de fin d’études du programme de génie mécanique. Et déjà, les membres ne comptent pas les heures qu’ils y consacrent!

Un besoin réel, même au Québec

L’accès difficile à des sources d’eau potable est un problème qu’on associe généralement aux pays en voie de développement. Pourtant, une telle situation peut survenir plus près de chez nous. «Par exemple, aux Îles-de-la-Madeleine, l’alimentation en eau potable provient de puits. En fonction de la consommation prévue, on estime qu’il y aura de l’eau pour les 50 à 60 prochaines années. Cependant, déjà, il est arrivé que les sources soient moins abondantes. Le projet que l’on propose pourrait fournir une solution lors des périodes plus critiques», explique Maxime Fortin-Picard.

Les étudiants ont déjà un bon contact avec des organismes de la région où ils comptent mener leur projet. Toutefois, ils sont à la recherche de commanditaires pour soutenir la réalisation, dont le budget totalise 45 000 $. Actuellement, le groupe a amassé un peu moins du tiers de cette somme, et poursuit la recherche de commanditaires. «Les entreprises peuvent nous soutenir de différentes façons, soit en versant une commandite ou en fournissant des services techniques, comme pour nous aider à fabriquer certaines pièces, par exemple», dit Dragan Tutić. Il est possible de communiquer avec les étudiants en visitant leur site dont le lien est fourni en fin de texte.


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