Enseigner l'histoire autrement
Visite du quartier Sud de Sherbrooke, version 1921
Un homme se presse le long de la rue Ball. Boîte à lunch en main, il fait de longues enjambées pour se rendre à son travail à la Jenkes Machine Company, une manufacture florissante de treuils et de perceuses. Nous sommes en 1921, dans le quartier Sud de Sherbrooke, une période de grands développements au Québec.
L’histoire de cet homme et de ce fascinant quartier de la ville est maintenant accessible sur le Web via le site Sherbrooke, histoire et patrimoine, qui propose des circuits de visite virtuels, dont celui du quartier Sud tel qu’il était en 1921. Ce site Internet permet de faire un tour de ville par le biais d'une série de photos historiques, de plans et de données tirées de documents de l’époque. Il est le fruit du travail d’étudiantes et d’étudiants dans le cadre d’un cours d’histoire à l’Université de Sherbrooke.
«Étudier le quartier Sud, c’est étudier les Sherbrookois ordinaires, du journalier au médecin, de l’ouvrier du textile au petit manufacturier, explique le professeur Léon Robichaud, responsable du projet. Le lieu de travail est encore à ce moment à proximité du domicile, avec de petites et de grandes manufactures présentes dans le quartier. C’est aussi découvrir la modernité telle qu’elle se définit en 1921, une modernité dans laquelle se côtoient le chemin de fer, le tramway, l’automobile et le cheval.»
Limité par la rivière Saint-François à l’est, la rue King Ouest au nord, la rue Belvédère à l’ouest et la voie ferrée au sud, ce quartier est caractérisé par une grande diversité économique, sociale et architecturale. On y trouve également un joyau méconnu, le parc Antoine-Racine.
Un riche apprentissage pour ces étudiants en histoire
Grâce à diverses sources, les étudiantes et étudiants du cours L’informatique appliquée à l’histoire ont travaillé sur différents aspects du quartier afin de comprendre le mode de vie de l’époque et les changements qui ont marqué le secteur. Ils se sont initiés à l’analyse géospatiale grâce à un nouvel outil de diffusion, nommé CartoDB, ce qui les a amenés à créer ce circuit de visite dédié au quartier Sud.
«Plongés à l’échelle du quartier, ils ont dû apprivoiser de nouveaux outils pour mieux comprendre le milieu urbain, précise l’historien Léon Robichaud. Ce sont eux qui ont transcrit les informations du rôle d’évaluation de la Ville de Sherbrooke et qui ont ensuite utilisé des analyses quantitatives et géospatiales pour découvrir un quartier plutôt hétérogène.»
À l’affût des récentes technologies et des exigences du marché du travail, le corps professoral en histoire à Sherbrooke offre des cours qui permettent de découvrir et d’utiliser les technologies afin de parfaire et de diffuser les connaissances. Les étudiantes et étudiants arrivent donc sur le marché du travail avec une solide formation en histoire et une maîtrise réelle des outils modernes de recherche et de communication.
«Le principal apport de ce cours est d’explorer de nouveaux outils pour élaborer des projets en histoire, raconte Camille Gauthier, étudiante de 2e année au baccalauréat en histoire. C’est mon premier cours d’informatique jusqu’à maintenant. Cet aspect est tellement important de nos jours, il faut qu’il soit intégré dans la formation en général, même si c’est un outil de création qui est assez difficile à maîtriser.»
Le travail de collaboration, un incontournable
Ce projet novateur a vu le jour en 2013 à l’Université de Sherbrooke en partenariat avec la Société d’histoire de Sherbrooke, le Centre de ressources pour l’étude des Cantons-de-l’Est et le Laboratoire d’histoire et de patrimoine de Montréal. D’autres circuits de visite virtuels avaient alors été créés par des étudiantes et étudiants en histoire : l’est de Sherbrooke, le village industriel de Brompton, le lac des Nations et le parc Jacques-Cartier, les industries de la gorge de la rivière Magog ainsi que l’architecture de Sherbrooke.
Pour l’édition 2014, une collaboration avec le Département de géomatique appliquée et avec le service responsable des archives à la Ville de Sherbrooke a été établie. «Sans l’apport de Marcel Laperle et de Geneviève Crevier, du Département de géomatique appliquée, pour le géoréférencement des données, nous n’aurions pas pu réaliser ce projet, ajoute le professeur Robichaud. Les étudiants ont pu profiter d’une base cartographique déjà construite et ils ont pu se concentrer sur l’analyse des données qu’ils avaient dépouillées.»