École d’été en justice réparatrice
Dialogue entre une victime et un agresseur
Face à face, ils discutent. Elle, victime d’inceste durant des années, cherche un sens à ce qui lui est arrivé. Pourquoi est-elle devenue une cible? Réalisait-il tout le mal qu’il lui faisait? Lui, un détenu qui a posé les mêmes gestes dans sa propre famille, s’exprime sur l’injustifiable.
De telles séances supervisées permettent aux personnes qui ont subi et commis des crimes similaires de se rencontrer. Depuis une trentaine d’années, la justice réparatrice connaît un intérêt croissant au Canada, et plus particulièrement au Québec, en Nouvelle-Écosse et en Colombie-Britannique. Outre les rencontres détenus-victimes, les pratiques de réparation se traduisent sous diverses formes, dont les cercles de soutien et de responsabilité, les audiences assistées par la communauté, les forums communautaires de justice et la médiation pénale.
Dans ce contexte, la Faculté de théologie et d’études religieuses de l’Université de Sherbrooke offre, du 16 au 20 juin au Campus de Longueuil, une École d’été en justice réparatrice. «C’est une semaine de formation intensive de 2e cycle qui permet aux étudiantes et étudiants de s’initier à cette variété de pratiques et à réfléchir à leur implantation dans divers milieux», souligne le doyen de la Faculté, Pierre C. Noël.
Une solution à la souffrance et à la colère
La justice réparatrice apporte des solutions à de nombreuses problématiques : intimidation en milieu scolaire, crimes d’abus sexuel, réhabilitation de jeunes contrevenants, situations en milieux autochtones. Elle peut aussi s’inscrire dans des cas moins graves, tels qu’un vol ou du vandalisme.
Pour plusieurs victimes et leurs familles, l’incarcération ou la punition du coupable ne libère pas la souffrance et la colère. Parfois une démarche personnelle est nécessaire. Les pratiques en justice réparatrice permettent à tous ceux touchés par l’acte criminel de s’exprimer : les victimes, les proches de la victime, les contrevenants et les membres de la communauté où le crime a été commis.
«Il y a quelques provinces canadiennes où la justice réparatrice fait l’objet d’une systématisation importante, précise Pierre C. Noël. En Colombie–Britannique, le Center for Restorative Justice de l’Université Simon Fraser joue un rôle de catalyseur entre le gouvernement, les milieux communautaires et la recherche universitaire.» Il en est de même pour un important projet de la Nouvelle-Écosse, le Nova Scotia Restorative Justice Community Program. Une conférence publique gratuite dressera d’ailleurs le portrait de l’implication gouvernementale dans ces deux provinces, le mardi 17 juin à 19 h au Campus de Longueuil.
L’École d’été s’adresse aux intervenants et professionnels des services sociaux, des milieux carcéraux et du corps policier ainsi qu’aux diplômés en sciences humaines et sociales. Le programme alterne des blocs de formation théorique et pratique, des ateliers de discussion et des témoignages. «Les formatrices et formateurs de l’École ont une expérience terrain des pratiques en justice réparatrice, précise le doyen. Un bagage concret à transmettre.»
L’inscription à l’École d’été est actuellement en cours, et ce jusqu’au 27 mai. Quelques places sont encore disponibles.