Une approche émergente au Québec
Pédaler pendant son traitement d’hémodialyse
L’étroite collaboration entre deux facultés et le CIUSSS de l’Estrie-CHUS engendre une belle avancée pour les personnes hémodialysées. Le projet-pilote mis sur pied par le groupe permet aux patients atteints d’insuffisance rénale de faire de l’exercice pendant leur traitement d’hémodialyse, alors même qu’ils sont alités.
Eléonor Riesco est professeure à la Faculté des sciences de l’activité physique. L’équipe de la néphrologue et professeure Mélanie Godin, de la Faculté de médecine et des sciences de la santé, l’a contactée il y a quelque temps pour lui faire part d’un projet d’exercice intradialytique qu’elle souhaitait mettre sur pied. Ce premier échange entre les deux équipes a vite laissé présager un petit vent de changement à l’unité d’hémodialyse du CIUSSS de l’Estrie-CHUS.
Et c’est bien ce qui se produit depuis près de quatre mois dans cette unité : 16 patients de 65 ans et plus participent au projet, qui vise à améliorer leur qualité de vie, leur capacité fonctionnelle mais aussi l’efficacité du traitement d’hémodialyse.
Il y a peu d’occasions, je pense, où l’on peut voir une telle collaboration entre un milieu clinique, la recherche et la kinésiologie, fait remarquer professeure Riesco. Notre équipe a l’impression de répondre à un besoin réel. C’est très stimulant.
L’insuffisance rénale chronique (IR) est un état irréversible qui se traduit par l’incapacité des reins à assurer leur fonction. Elle nécessite une thérapie continue de remplacement rénal, soit la dialyse ou la transplantation des reins. Associée à une mortalité élevée et une qualité de vie réduite, l’IR affecte plus de 38 000 Canadiens. Jusqu’à maintenant, seulement quelques hôpitaux au Canada et dans le monde offrent à leurs patients le service d’exercice intradialytique.
Pourtant, la littérature scientifique démontre que la pratique d’exercice de manière supervisée pendant l’hémodialyse a des effets bénéfiques sur l’efficacité du traitement. C’est aussi le meilleur moyen de favoriser l’adhésion à la pratique d’exercice physique chez ce groupe de personnes, souvent âgées.
Le projet d’une durée de six mois souhaite aussi outiller les usagers afin qu’ils prennent du contrôle sur leur maladie et les symptômes qui y sont associés. Surtout, on veut démontrer la faisabilité et les effets bénéfiques d’un programme d’exercices combinés, dans le but espéré d’offrir le service sur une base permanente au CIUSSS de l’Estrie-CHUS.
En plus de la néphrologue Mélanie Godin, l’équipe de l’étude pilote est composée des infirmières Chantal Rodrigue et Christiane Lacharité du service de néphrologie du CIUSSS de l’Estrie-CHUS, ainsi que de deux chercheuses de la Faculté des sciences de l’activité physique, les professeures Eléonor Riesco et Isabelle Dionne, qui sont aussi affiliées au Centre de recherche sur le vieillissement, qui supporte le projet. L’étudiant de maîtrise en sciences de l'activité physique, Thomas Deshayes, participe au projet et supervise les séances à l’unité d’hémodialyse.