Amy Bouthillette
Quand l’empathie nourrit le CV
S’engager dans sa communauté est une évidence, pour Amy Bouthillette (prononcez « Hey-mi »). En 2017, nouvellement étudiante, elle cherche une association auprès de laquelle s’impliquer, sans vibrer pour ce qu’elle trouve. Puis elle découvre Enactus, et Nourrir l’échange… Aucun doute : dans cette association étudiante, elle alliera son envie d’aider les autres au développement de compétences professionnelles pratiques. Son expérience ne l’a pas déçue.
Nourrir sa compréhension des autres
« On a plein de belles associations à l’École de gestion… Mais il n’y en avait aucune qui rejoignait mes valeurs profondes, comme l’entraide », raconte-t-elle. Au secondaire, son passage par le programme d’éducation internationale à Drummondville l’a initiée au bénévolat. Depuis, Amy sait l’importance de s’impliquer dans la communauté. « On m’a d’abord obligée, se souvient-elle, en riant. Mais c’est vite devenu une partie de ma personnalité. »
Pour moi, l’engagement, c’est me déplacer et voir la réalité. Vraiment voir la réalité. Si on n’y va pas, c’est souvent dur de la comprendre. On a des nouvelles, avec les journaux et la télévision. Mais impossible de comprendre à 100 % ce que les gens vivent, quand on n’est pas directement dans le milieu.
Elle s’emballe lorsque, au détour d’une conversation avec un camarade de son baccalauréat en administration des affaires, elle entend parler d’Enactus. Une recherche rapide est suivie d’une révélation : c’est là, dans cette association, qu’elle souhaite s’investir.
Enactus, ou l’entrepreneuriat social
Active à l’échelle internationale, Enactus est une association entrepreneuriale à portée sociale. Les étudiantes et étudiants participants mènent des projets concrets, répondant aux besoins économiques, sociaux ou environnementaux de leur milieu.
Enactus UdeS est multifacultaire : droit, génie, politique, gestion, enseignement, communication… Toutes les compétences servent!
Séduite, Amy applique donc sur un des postes ouverts : gestionnaire de communauté pour Nourrir l’échange. Fruit du hasard, cette démarche l’amènera à développer un réel attachement envers ce projet, dont elle prendra la tête, à peine une session plus tard.
Nourrir les rencontres intergénérationnelles
Même maintenant, la fierté que Nourrir l’échange inspire à Amy est palpable. La dynamique jeune femme s’anime encore davantage quand elle parle du projet.
On veut contrer l’isolement social des personnes aînées dans les résidences. On organise des activités avec des écoles primaires, et bientôt secondaires, pour qu’il y ait une interaction multigénérationnelle.
Les activités varient beaucoup actuellement, Nourrir l’échange étant dans une phase de tests. L’équipe en a expérimenté deux, liées à des fêtes annuelles.
Les Noëls racontés
Des élèves du primaire ont composé des questions destinées à des personnes aînées, afin de savoir comment se passaient les Noëls de leur jeunesse. Cette expérience a touché Amy : « Les personnes aînées parlaient comme si elles n’avaient pas parlé depuis longtemps. J’ai trouvé ce moment tellement beau! »
Un amour de dictée
Pour la Saint-Valentin, deux écoles primaires ont fait une dictée, sous la forme d’une carte de Saint-Valentin. Les cartes ont été distribuées à des pensionnaires en résidence.
Mais Amy voit grand. « En ce moment, je pose des bases solides, notamment en attitrant un poste clair à chaque personne. Je place des piliers à la bonne place, je m’assure que tout fonctionne… J’envisage le long terme. »
Je pense que, un jour, Nourrir l’échange va devenir gros. Ce sera plus que les 8 personnes qu’on a en ce moment. Je crée chaque poste en prévoyant que, un jour, son ou sa titulaire deviendra gestionnaire d’une miniéquipe.
Ambition ou non, gérer un projet et une équipe est loin d’être un grand fleuve tranquille. Sessions de stages ou d’études, degrés de motivation variés, contacts avec le corps enseignant, les directions d’écoles et de résidences sont autant de défis qu’Amy a relevés, et relèvera encore, tant qu’elle chapeaute Nourrir l’échange. Ces défis, ce sont autant d’occasions d’appliquer ce qu’elle connaît… et ce qu’elle connaît moins.
Nourrir ses apprentissages
Amy met ainsi à profit ses aptitudes, qu’elle voit même prospérer. « J’ai fait un peu de gestion d’équipe au restaurant de mes parents. Mais, ici, cette tâche occupe une place centrale, parce que je veux bâtir une équipe solide, aussi motivée que moi. »
Nourrir l’échange m’aide aussi à développer ma vue d’ensemble. Quand je partirai, le projet sera loin d’être fini : il doit continuer session après session. Cette compétence-là, savoir prévoir la suite, je l’avais déjà avant, mais mon implication l’a renforcée.
Apprendre constamment séduit la future bachelière, qui vise à se distinguer dès la fin de son parcours universitaire. « À la sortie de l’université, tout le monde a le même diplôme. Il faut que tu ailles chercher des compétences de plus que les autres. »
Et, au-delà des valeurs que promeut Enactus, la liberté d’apprentissage que lui procure son expérience rejoint particulièrement celle qui rêve de flexibilité professionnelle.
« L’engagement me permet de mettre en pratique des connaissances acquises dans mes cours. L’expérience ressemble un peu à un stage, mais pas tout en fait. En stage, on aimerait parfois développer plus largement nos compétences, mais on est dirigés vers certaines, plus précises. Ici, je choisis ce que j’ai envie de développer », explique-t-elle.
Si Amy éclaircit autant de sujets qui, autrement seraient restés obscurs, c’est beaucoup grâce au mentorat de Clément Moliner-Roy, une ressource de l’Accélérateur entrepreneurial Desjardins qui chapeaute Enactus.
« Récemment, on se posait des questions sur l’usage que Nourrir l’échange fait des réseaux sociaux. J’avais l’impression que notre présence en ligne ne fonctionnait pas, mais je n’avais pas les outils pour envisager un autre chemin. On en a fait le sujet d’une séance de travail avec Clément. »
En une heure, on découvre une tout autre perspective.
D’autres ressources facilitent les apprentissages d’Amy, comme Patricia Côté, enseignante à l’école primaire Saint-André d’Acton Vale.
« On a plein d’idées, qu’on trouve bonnes, mais elles n’ont pas encore été testées. On les valide auprès, par exemple, de Patricia, qui nous donne vite l’heure juste. Et il faut parler aux gens, pour vérifier si nos idées répondent vraiment à leurs besoins. »
Encore là, Amy demeure résolue à comprendre réellement ce que vivent les gens devant elle. Pourquoi? « J’ai souvent l’impression que les entreprises ou les organismes prennent des décisions, mais sans comprendre pourquoi. Parfois, ce sont de mauvaises décisions… »
Peut-être que, s’ils s’étaient assis suffisamment longtemps pour demander aux gens concernés ce qu’ils voulaient, ils auraient évité beaucoup de problèmes et pris beaucoup moins de temps.
Sa curiosité pour l’autre guide Amy même dans son parcours professionnel : elle rêve de travailler en recherche marketing, peut-être même de devenir directrice d’un département. Construire des questionnaires, analyser les réponses et arrêter une décision en fonction de ce que les gens vivent et veulent réellement? Elle l’a déjà testé, avec Nourrir l’échange.
Qui a dit qu’on ne pouvait pas faire fructifier l’empathie?