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Collaboration avec Infrastructure Canada

Une capsule témoin pour faire le pont entre aujourd’hui et demain

Lorsqu’il a été inauguré en 1962, le pont Champlain avait comme fonction de relier Montréal à Sherbrooke. Près de 60 ans plus tard, une collaboration entre l’Université de Sherbrooke et Infrastructure Canada vient consolider la pertinence du lien Montréal-Sherbrooke, mais cette fois, dans le cadre d’un projet inédit qui laissera une empreinte indélébile dans la mémoire collective de demain.

Difficile d’imaginer comment vivront les générations du futur. Le sirop d’érable fera-t-il toujours partie du garde-manger? Le verbe « clavarder » sera-t-il toujours dans l’usage? Et quel sort aura été réservé aux billets de banque et à la monnaie canadienne?

Hélas, on ne peut prédire avec certitude ce qui adviendra des objets qui habitent aujourd'hui notre quotidien! Toutefois, certains procédés nous offrent la possibilité de les préserver pendant des décennies, au bénéfice de la société de demain.

Parmi les objets insérés dans la capsule témoin du nouveau pont Samuel-De Champlain, on retrouve des lettres écrites par des élèves de la 6e année du primaire.
Parmi les objets insérés dans la capsule témoin du nouveau pont Samuel-De Champlain, on retrouve des lettres écrites par des élèves de la 6e année du primaire.
Photo : Michel Caron

Cette œuvre de sauvegarde peut prendre la forme d’une capsule témoin, communément appelée « capsule temporelle ». Il s’agit d’un boîtier hermétique dans lequel on place des objets – documents, photographies, coupures de journaux, etc. – et qu’on cache sous terre ou dans une infrastructure pour plusieurs années.

Récemment, le savoir-faire de l’UdeS a été mis à contribution pour la réalisation d’une capsule témoin qui sera placée dans les entrailles du nouveau pont Samuel-De Champlain, à Montréal. Cette collaboration avec Infrastructure Canada a été rendue possible grâce à l’expertise du professeur Jérôme Claverie, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en chimie des matériaux organiques et hybrides avancés.

Impression 3D d’une capsule en polymère

Jérôme Claverie est professeur au Département de chimie à la Faculté des sciences. Son laboratoire s’intéresse notamment aux polymères, une substance polyvalente et durable qui entre dans la composition du plastique.

L'UdeS est fière de donner cette capsule à Infrastructure Canada. Sur la photo : Guy Mailhot, ingénieur en chef du pont Samuel-De Champlain, le Pr Jérôme Claverie, du Département de chimie, et Jonathan Vermette, le professionnel de recherche qui a fabriqué la capsule.

L'UdeS est fière de donner cette capsule à Infrastructure Canada. Sur la photo : Guy Mailhot, ingénieur en chef du pont Samuel-De Champlain, le PJérôme Claverie, du Département de chimie, et Jonathan Vermette, le professionnel de recherche qui a fabriqué la capsule.


Photo : UdeS

Lorsqu’il a proposé à Infrastructure Canada de créer une capsule témoin en laboratoire, le professeur Claverie a pu compter sur l’ingéniosité de son équipe de recherche pour les étapes de conception et de fabrication. C’est Jonathan Vermette, physicien et professionnel de recherche, qui a accepté le défi de préparer une capsule témoin capable de préserver une vingtaine d’objets pendant au moins 125 ans, soit la période qui correspond à la durée de vie utile du nouveau pont Samuel-De Champlain.

En jumelant l’expertise de l’équipe du professeur Claverie en matériaux polymères à la technologie de l’impression 3D, Jonathan a conçu une capsule sur mesure qui est parfaitement étanche aux échanges d’air et d’eau.

La capsule témoin a été entièrement conçue et fabriquée par l'Université de Sherbrooke.
La capsule témoin a été entièrement conçue et fabriquée par l'Université de Sherbrooke.
Photo : UdeS

« Le gros défi des capsules temporelles, c’est que ça reste hermétique pendant un certain nombre d’années, 125 ans dans notre cas, explique le professeur Claverie. La beauté de l’impression 3D, c’est qu’on peut faire des objets qui sont creux et complètement fermés, c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’ouvertures. »

Quant au choix du matériau, l’un des avantages du polymère est qu’il est résistant à la corrosion. Le boîtier conçu par l’UdeS sera donc à l’épreuve des intempéries durant de nombreuses années, ce qui n’est pas le cas des capsules faites de métal.

C’est probablement la première capsule temporelle imprimée avec une imprimante 3D.

Rendez-vous… dans 125 ans!

Communiquer avec le futur à l’aide de biens symboliques de notre époque, voilà une idée qui sort de l’ordinaire! Mais comment est né le projet, exactement?

Fierté Montréal a fait don d'un drapeau LGBTQ+ dans le cadre de ce projet.

Fierté Montréal a fait don d'un drapeau LGBTQ+ dans le cadre de ce projet.


Photo : Michel Caron

Les capsules témoins sont très tendance. Aux quatre coins du globe, les grandes villes enterrent de tels boîtiers lors d'anniversaires ou d'inaugurations. Certaines capsules sont connues, d’autres, oubliées. Le pont Jacques-Cartier en contiendrait d’ailleurs une, vieille de 93 ans!

Selon Infrastructure Canada, la sélection des objets a représenté un défi. En effet, ils devaient être assez variés pour représenter toutes les sphères de la vie en 2019 – historique, culturel scientifique, technologique, etc. –, mais assez petits pour tenir ensemble dans une boîte faisant seulement 30 centimètres de long, 15 centimètres de large et 12 centimètres de haut.

Quelques objets contenus dans la capsule témoin
- La baguette signée par le maestro Kent Nagano, de l’Orchestre symphonique de Montréal
- La bague de l’ingénieur en chef du nouveau pont Samuel-De Champlain, M. Guy Mailhot
- Des écussons de l’Agence spatiale canadienne
- Une rondelle de hockey signée par le Canadien de Montréal
- Des timbres de Postes Canada
- Une ceinture Wampum offerte par le Conseil des Mohwaks de Kahnawake
- Un jeton de péage du pont Champlain d’origine
- Des lettres d'élèves du primaire
- Un drapeau LGBTQ+ remis par Fierté Montréal
- Des graines de courge, de maïs et de haricot, qui pourront être semées dans 125 ans
- Un dictionnaire français-anglais
- Du sirop d’érable fourni par les Producteurs et productrices acéricoles du Québec

Une collaboration fructueuse

L’Université de Sherbrooke est honorée d’avoir eu la chance de prendre part à ce projet unique : 

La capsule contient également un jeton et un reçu de péage du pont Champlain d'origine.
La capsule contient également un jeton et un reçu de péage du pont Champlain d'origine.
Photo : Michel Caron

La collaboration avec Infrastructure Canada, c’est la démonstration flagrante que l’Université de Sherbrooke offre une panoplie de savoir-faire et de connaissances inégalées.

Professeur Jérôme Claverie , UdeS

À Infrastructure Canada, on salue cette collaboration avec l'UdeS :

Les objets comprennent aussi des timbres Champlain explore la côte Est, remis par Postes Canada. 
Les objets comprennent aussi des timbres Champlain explore la côte Est, remis par Postes Canada. 
Photo : Michel Caron

Nous sommes très fiers de la capsule témoin, dont chaque élément a été spécialement choisi pour raconter l'histoire du pont Samuel-De Champlain et de la ville de Montréal, et pour capter l'esprit de la communauté desservie par cette nouvelle infrastructure emblématique. Grâce à notre partenariat avec l'Université de Sherbrooke, nous sommes persuadés que, comme le pont lui-même, la capsule témoin a été conçue et construite au moyen d’une nouvelle technologie qui lui permettra de résister à l'épreuve du temps. Nous remercions tous les professeurs et les étudiants qui ont donné de leur temps et de leur expertise.

François-Philippe Champagne, ministre de l’Infrastructure et des Collectivités

L’imprimante 3D, objet du futur?
L’imprimante 3D fonctionne de la même façon qu’une imprimante ordinaire. Or, au lieu de l’encre et du papier, elle utilise de la fibre de carbone, laquelle est chauffée et superposée en fines couches selon la forme qu’on souhaite donner à l'objet fabriqué. 

Même si l’impression 3D est une technologie qui se situe toujours à un stade embryonnaire, elle ouvre des perspectives fort prometteuses, tant dans les laboratoires qu’à domicile.

En recherche, par exemple, on s’en sert pour fabriquer des prototypes ou des pièces sur mesure. Dans un avenir plus ou moins proche, on pense que l’imprimante 3D fera partie du décor dans tous les foyers. Elle pourrait alors servir à fabriquer la petite pièce brisée de la porte du réfrigérateur pour ainsi s’épargner la visite – et la facture! – d’un réparateur.

« Les personnes qui vont ouvrir cette capsule dans 125 ans riront probablement de nous parce que j’imagine que, dans 125 ans, l’impression 3D sera un procédé qu’on utilise dans toutes les maisons », avance le professeur Claverie.


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