Honorée lors de la 9e Cérémonie annuelle de la qualité de l’enseignement
Sylvie Mathieu : le parcours d’une pionnière de l’innovation pédagogique
Derrière les programmes de formation innovants qui font la réputation de l’UdeS se trouvent des personnes d’exception, de la trempe de Sylvie Mathieu. Forte d’une expérience de 26 ans à titre de conseillère pédagogique au sein de l’institution, celle qui accompagne les équipes dans l’élaboration de programmes axés sur la pratique a vu sa contribution exceptionnelle à la qualité de l’enseignement universitaire soulignée, lors de la dernière Cérémonie annuelle de la qualité de l’enseignement. Portrait d’une pionnière qui, à l’image de son propre parcours, a toujours nagé dans l’innovation.
Petite, Sylvie Mathieu se rappelle les heures heureuses passées à « jouer à l’école ». Le rôle de la professeure faisant la classe à ses élèves ne l’intéresse pas : elle cherche plutôt à inventer une nouvelle école, une manière différente de susciter les apprentissages.
On est ce que l’on a toujours été, reconnaît-elle. Ce qui m’habitait toute petite dans le jeu m’habite encore et m’a conduite à définir un travail qui me ressemble.
Enfant, elle est férue des volumes de l’Encyclopédie Grolier, livre de connaissances universelles, qu’elle lit infatigablement, à en avoir mal à la tête, tant elle est captivée.
« Je lisais trop! Tous ces différents petits sujets me passionnaient! Aujourd’hui, mon travail m’amène à aller dans toutes les facultés, où les champs disciplinaires sont variés, et où j’apprends toujours! », se souvient la conseillère pédagogique, qui, en 26 ans de carrière à l’université, n’a jamais eu l’inlassable impression de faire la même chose.
Sa première école : la Faculté des sciences
C’est à la Faculté des sciences que Sylvie Mathieu décroche son premier contrat en conseillance pédagogique. À l’époque, le doyen Pierre Yves Leduc et le vice-doyen à l’enseignement, Jean Robin, souhaitent mettre en place un ambitieux programme de formation pédagogique destiné à l’ensemble des nouveaux membres du corps professoral. Il s’agit d’une première pour l’ensemble de l’UdeS; s’intéresser à la formation pédagogique des professeures et professeurs est alors fort novateur. La jeune conseillère rencontre les nouveaux professeurs de la faculté et établit avec chacun d'eux un programme de formation pédagogique adapté à leurs tâches et à leurs besoins.
Dans la même foulée, la direction de la faculté décide aussi que l’ensemble des cours feront l’objet d’une évaluation, ce qui n’est pas commun à ce moment. À la suite des résultats, Sylvie Mathieu rencontre sur une base volontaire les professeurs pour en discuter et proposer des pistes de solution. Elle produit des rapports par départements, ce qui lui permet de travailler avec la faculté sur des enjeux concrets, sans que tel ou tel professeur ne soit pointé du doigt :
Par exemple, quand je voyais que dans 30 % des cours, les étudiants n'étaient pas satisfaits de la clarté des directives des travaux exigés, je leur demandais : avez-vous le goût de travailler à améliorer cet aspect?
Assister au développement d'une culture pédagogique
Si une vague de coupures budgétaires au milieu des années 90 met un terme au contrat de Sylvie Mathieu à la Faculté des sciences, elle ne demeurera pas sans travail très longtemps. Le vice-recteur à l’enseignement Jean-Pierre Kesteman lui propose d’élargir son mandat d’accompagnement pédagogique à l’ensemble des facultés. Il souhaite constituer un groupe de travail chargé notamment de développer et d’implanter une première politique de promotion de la qualité de l’enseignement.
La conseillère pédagogique se joint alors à une petite équipe de quatre personnes, qui forme le Bureau d’appui aux programmes (BAP), l’ancêtre du Service de soutien à l’enseignement (SSE), qui deviendra le Service de soutien à la formation (SSF) que l’on connaît aujourd’hui.
C’est incroyable! En plus d’avoir assisté à la naissance du SSF, je peux témoigner du développement d'une culture pédagogique à l’UdeS et, plus particulièrement, de l'essor de la pédagogie universitaire.
Sylvie Mathieu
Elle contribue à l’implantation d’un référentiel de compétences inhérentes au professorat universitaire, en plus d’un programme de formation pédagogique et de la politique de promotion de la qualité de l’enseignement.
Elle participe en outre à la valorisation de la pédagogie universitaire et de l’innovation pédagogique par la mise en place de plusieurs activités et événements. Notons Les Grandes Séries, les Capsules pédagogiques et le Salon de l’innovation pédagogique en 1998; Les rencontres de discussion sur l’encadrement à la recherche en 2001 ainsi que Pédagogie en tête, en 2003.
En 2005, avec ses collègues du SSF Jean-Sébastien Dubé, Alain Mélançon et Francheska Gaulin, et la collaboration du vice-rectorat aux études et du vice-rectorat aux études supérieures, ils imaginent un mois consacré à la valorisation des projets d’innovation pédagogique :
Cette idée a donné lieu au Mois de la pédagogie universitaire. C’est un événement qui a traversé les années grâce au dynamisme et à la créativité de mes collègues, et dont je suis très fière!
Être une agente de changement
Le poste de conseillère pédagogique a permis à Sylvie Mathieu de se développer professionnellement, et de belle façon.
Pour elle, la fonction de conseiller pédagogique s’apparente à celle d’un agent de changement, qui accompagne les équipes dans la mise en place d’innovations pédagogiques. Si elle reconnaît que ce travail d’accompagnement n’est pas toujours facile, puisqu’il implique de grands changements qui bousculent les façons de faire établies et qui peuvent s’échelonner sur plusieurs années, il est néanmoins hautement stimulant et enrichissant.
Son expertise est à l’origine de la création et de la refonte de nombreux programmes innovants, dont le doctorat en médecine, le cheminement en formation infirmière initiale du baccalauréat en sciences infirmières, la maîtrise en pratique du droit criminel et pénal, et le microprogramme de 2e cycle en conseillance pédagogique.
D’ici la fin de sa carrière à l’UdeS – il lui reste encore quelques années –, la conseillère pédagogique aguerrie aimerait faire profiter les nouveaux conseillers pédagogiques qui entreront en poste de l’expérience qu’elle a acquise au fil du temps :
Dans mon parcours professionnel, j'ai eu la chance de bénéficier de mentors. J'ai beaucoup appris au contact de mes collègues, et j’aimerais que tout ce bagage puisse être donné aux suivants.