Des femmes en sciences et génie, pour mieux avancer
Les études le démontrent : quand on fait une place aux femmes dans les milieux réservés traditionnellement aux hommes, les équipes s’ouvrent à de nouvelles perspectives et deviennent plus créatives. Imaginez comment nous avancerions comme société si tous les domaines, y compris ceux des sciences et du génie, favorisaient la mixité! Pouvons-nous espérer atteindre cet équilibre bientôt? Voyons-y de plus près.
Les prochaines générations de scientifiques et d’ingénieurs compteront-elles autant d’hommes que de femmes? D’après le plus récent rapport statistique produit par la Chaire pour les femmes en sciences et génie du Québec, ce pourrait être le cas dans un avenir plus ou moins proche, mais pour y arriver, il faudra réussir à distribuer les genres de manière plus égale dans certaines spécialités.
En effet, depuis 2005 au Québec, on note une augmentation globale de la présence féminine dans les programmes d’études postsecondaires en sciences et génie, mais au sein de certaines branches, la proportion d’étudiantes demeure faible.
Quelques chiffres
Au collégial, les programmes où l’on compte le moins d’étudiantes sont les techniques de génie mécanique et industriel (12 % de femmes), d’aéronautique (11 % de femmes), d’électronique et d’informatique (6 % de femmes).
Du côté des sciences pures et appliquées au premier cycle universitaire, c’est l’informatique (19 % de femmes) et la physique (24 % de femmes) qui attirent le moins d’étudiantes. La même tendance se dessine aux cycles supérieurs, mais cette fois, les mathématiques se joignent au rang des disciplines où la représentation féminine est la plus faible, avec seulement 34 % d’étudiantes à la maîtrise et 20 % au doctorat.
Du côté du génie, les baccalauréats les moins prisés par les étudiantes sont ceux en génie électrique (12 % de femmes), en génie mécanique (14 % de femmes) et en génie minier (15 % de femmes). Aux 2e et 3e cycles, parmi les programmes ayant au moins 10 femmes, les moins populaires auprès des étudiantes demeurent le génie mécanique (16 % de femmes à la maîtrise et 19 % au doctorat), le génie électrique (22 % de femmes à la maîtrise et 20 % au doctorat) et le génie aérospatial et aéronautique (21 % de femmes à la maîtrise).
Fait intéressant : si les étudiantes se tiennent à l’écart dans certains champs d’études, elles sont fortement majoritaires dans d’autres, par exemple en sciences humaines, en éducation et en sciences de la santé. Les filles occupent aussi une place prépondérante dans l’ensemble des formations préuniversitaires offertes au collégial.
Les spécialités où les femmes sont en demande
Au collégial, ce sont les programmes techniques en sciences et en génie qui comptent le moins d’étudiantes, en particulier en génie mécanique et industriel, en aéronautique, en électronique et en informatique.
À l’université, la même tendance se dessine : les femmes sont moins portées que les hommes à se diriger en sciences pures et appliquées ainsi qu’en génie. Les disciplines les moins populaires sont le génie électrique, le génie mécanique, le génie minier, le génie aérospatial et aéronautique, l’informatique, la physique et les mathématiques.
Attirer les étudiantes, et faire en sorte qu’elles restent
Selon les personnes derrière ce rapport, dont la professeure Eve Langelier, titulaire de la chaire, la sous-représentation féminine en sciences et génie est un problème complexe. En effet, les études démontrent que les femmes sont portées à délaisser les sciences ou le génie à mesure qu’elles progressent dans leurs études ou leur carrière. L’une des hypothèses émises est que les institutions et les entreprises ne parviennent pas à « casser le moule » de ces milieux d’hommes. L’une des clés serait de créer des environnements où les femmes se sentent accueillies et où elles peuvent se réaliser pleinement.
Le rapport statistique Inscriptions des femmes en sciences et en génie au collégial et à l’université au Québec entre 2005 et 2019 a été préparé par l’équipe de la chercheuse Eve Langelier, professeure au Département de génie mécanique à l’Université de Sherbrooke et titulaire de la Chaire pour les femmes en sciences et en génie au Québec. Il s'appuie sur le nombre d’inscriptions dans les cégeps et dans les universités québécoises de 2005 à 2019 et ne tient pas compte du taux de diplomation.