Subvention de 500 000 $ des IRSC pour une équipe multidisciplinaire de la FMSS et de la FLSH
COVID-19 : quand comprendre le message égale contrôler la peur
Mépris, blâme, désinformation : guidées par la peur, les réactions des gens à la pandémie de COVID-19 empirent parfois une situation déjà complexe. Pourquoi réagir ainsi? La réponse se cache, en partie, dans le traitement médiatique de la crise actuelle. C’est, du moins, le pari que fait une équipe de recherche multidisciplinaire de la FMSS et de la FLSH, menée par la professeure Mélissa Généreux et composée de la professeure Marie-Ève Carignan, des professeurs Marc D. David, Gabriel Blouin-Genest, Mathieu Roy et du chargé de cours Olivier Champagne-Poirier. Le projet a d'ailleurs obtenu une subvention de 500 000 $ des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC).
Cette crise de la santé publique internationale présente des caractéristiques propres à susciter la peur : difficile de concevoir l’« ennemi », quand il est omniprésent et invisible, comme le coronavirus! La peur a son utilité, si elle motive le public à prendre les mesures nécessaires pour réduire la contagion. Mais, poussée à l’extrême, elle devient vite nuisible.
La couverture médiatique joue très certainement un rôle dans la mince frontière entre peur constructive et peur panique. Et ce sentiment en cache sûrement beaucoup d’autres, chacun ayant un effet sur la santé psychologique et sociale des populations.
Notre projet de recherche vise à mieux comprendre les impacts psychosociaux sur les populations selon la façon dont l’information est fournie par les autorités et les médias, et surtout, la façon dont elle est reçue, comprise et utilisée par le public.
Mélissa Généreux, professeure au Département des sciences de la santé communautaire de la Faculté de médecine et des sciences de la santé
La professeure Généreux explique que, quand les médias – officiels ou sociaux – relaient une information peu basée sur la science, les risques pour que la peur s’amplifie jusqu’à échapper à tout contrôle augmentent, de même que ceux associés à des impacts psychosociaux majeurs et malheureusement durables. « Une information rigoureuse et adaptée au public est la meilleure façon d’obtenir des réponses mesurées, en adéquation avec les précautions à instaurer. Mais le public varie énormément selon les contextes culturels », précise celle qui agit aussi comme médecin-conseil à la Direction de santé publique du CIUSSS de l’Estrie.
Pour développer une méthode d’information ayant les effets escomptés et mitiger les impacts négatifs de la crise sur la santé psychologique du public, comparer les couvertures médiatiques à travers le monde et les réactions des populations est une piste riche en potentiel.
Mélissa Généreux
Afin de maximiser ses chances de trouver une réponse tout aussi riche, la professeure Généreux a regroupé une équipe multidisciplinaire.
Comparer le Canada au monde
C’est donc une équipe composée de spécialistes en médecine, en communication et en politique qui analysera les cas du Canada, des États-Unis, de l’Angleterre, des Philippines, de Hong Kong et de la Nouvelle-Zélande. L’équipe poursuivra 3 objectifs principaux :
- Examiner la compréhension de la pandémie des populations et leur réaction;
- Comparer la nature et l’évolution du discours médiatique, celui des médias de masse autant que celui des médias sociaux, et leurs influences sur les réactions individuelles;
- Explorer l’effet d’un gouvernement multiniveau sur la compréhension de l’information liée à la santé.
Pour le professeur Marc D. David, de la Faculté des lettres et sciences humaines, cette étude offre une occasion exceptionnelle.
D’importantes leçons sur les stratégies de diffusion découleront peut-être de cette étude. Par le fait même, de nouvelles façons de faire s’appliqueront peut-être lors de différentes urgences sanitaires futures ou catastrophes mondiales.
Marc D. David, professeur au Département de communication
L'équipe sherbrookoise collabore avec plusieurs autres universités et organisations ailleurs au pays et à travers le monde. Les spécialistes de l'UdeS sont les suivants :
• Mélissa Généreux, sciences de la santé communautaire, FMSS;
• Marc D. David, communication, FLSH;
• Marie-Ève Carignan, communication, FLSH;
• Gabriel Blouin-Genest, politique appliquée, FLSH;
• Olivier Champagne-Poirier, communication, FLSH;
• Mathieu Roy, médecine familiale, FMSS.
Ces spécialistes s’appuieront aussi sur plusieurs collaborations, notamment avec les directeurs et directrices de la santé publique. Au Québec, leur interlocuteur sera le docteur Horacio Arruda; au Canada, le docteur Pascal Michel.
Informations complémentaires
- Annonce officielle des IRSC
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