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Solution contre la résistance aux antibiotiques

Une percée de l’UdeS couronnée Découverte de l’année 2022 par Québec Science

L'équipe derrière cette découverte : Kevin Neil, Nancy Allard et le Pr Sébastien Rodrigue. Ont aussi participé à l'étude : Patricia Roy, Frédéric Grenier, le Pr Alfredo Menendez et le Pr Vincent Burrus.
L'équipe derrière cette découverte : Kevin Neil, Nancy Allard et le Pr Sébastien Rodrigue. Ont aussi participé à l'étude : Patricia Roy, Frédéric Grenier, le Pr Alfredo Menendez et le Pr Vincent Burrus.
Photo : Michel Caron - UdeS

Le public québécois a voté : la découverte scientifique la plus remarquable de 2022 appartient à l’équipe de Sébastien Rodrigue, professeur de biologie à l’Université de Sherbrooke.

L’annonce a été faite par le magazine bien connu Québec Science, qui tient ce concours depuis maintenant 30 ans. Chaque année, un jury de chercheuses, de chercheurs et de journalistes sélectionne les 10 découvertes québécoises les plus impressionnantes de la dernière année, et le public est ensuite invité à voter pour sa préférée.

En retournant contre les bactéries les armes que celles-ci utilisent, l’équipe du professeur Rodrigue a trouvé une solution originale à un problème de santé majeur : la résistance aux antibiotiques, précisément celle qui se manifeste lors d’infections ayant une composante liée au microbiote.

La technologie développée est composée d’une bactérie probiotique modifiée génétiquement et d’un outil de livraison qui contient un module CRISPR, un ciseau moléculaire pouvant être programmé pour détruire le matériel génétique des bactéries possédant des gènes de résistance.

Revoyez notre reportage qui avait mis en lumière la découverte du professeur Sébastien Rodrigue et de son équipe lors de l’annonce des dix découvertes en lice au concours de Québec Science, le 12 janvier 2023.

Grande favorite de l’édition 2023

Leur découverte permet d’éradiquer des bactéries intestinales nocives à l’aide de « bonnes » bactéries armées de couteaux génétiques.
Leur découverte permet d’éradiquer des bactéries intestinales nocives à l’aide de « bonnes » bactéries armées de couteaux génétiques.

Photo : Michel Caron - UdeS

Selon le magazine, l’équipe du professeur Rodrigue peut être particulièrement fière, puisqu’elle a remporté le concours de cette année avec une large avance. L’aspect novateur de cette découverte semble avoir piqué l’intérêt du lectorat :

Cela fait des années que nos lecteurs et lectrices se familiarisent avec le fonctionnement de CRISPR. Ils ont assurément été conquis par l’utilisation concrète de cet outil qui pourrait changer la donne non seulement pour le traitement des infections, mais aussi pour la modification de la flore intestinale. Il est aujourd’hui clair que les bactéries intestinales jouent un rôle dans une grande variété de maladies : un rôle protecteur ou pathogène.

Rédactrice en chef de Québec Science, Mélissa Guillemette

Le magazine souligne au passage que l’édition 2023 du concours a été marquée par un record de participation. Rappelons que, pour voter, les gens devaient expliquer par écrit et dans leurs propres mots ce qui les interpellait dans la découverte choisie.

Prix inestimable pour l'équipe de recherche

L'expérience s'est avérée enrichissante et hautement formatrice pour les personnes étudiantes y ayant participé.
L'expérience s'est avérée enrichissante et hautement formatrice pour les personnes étudiantes y ayant participé.

Photo : Michel Caron - UdeS

Si la reconnaissance par les pairs est fort prisée au sein de la communauté scientifique, recevoir un prix du public est une tape sur l’épaule particulièrement inestimable, jugent Kevin Neil et Nancy Allard, deux jeunes scientifiques ayant contribué de manière substantielle aux travaux :

Il est rare en science d’avoir l’occasion de mesurer l’impact de nos travaux en dehors de la communauté scientifique. Recevoir le prix de la Découverte de l’année Québec Science démontre l’intérêt de nos concitoyens et concitoyennes envers la recherche pour laquelle nous travaillons si fort. Cette reconnaissance est pour nous un grand honneur qui nous motive à continuer nos efforts dans l’espoir que nos travaux aient une retombée positive sur le monde.

Kevin Neil, cofondateur de TATUM bioscience et premier auteur de l’article scientifique

Ce prix du public est une touchante reconnaissance envers notre travail en laboratoire. Je suis encore plus enthousiaste à l’idée de poursuivre ma carrière en recherche et de faire en sorte que nos prochaines découvertes ne servent pas qu’à faire avancer les connaissances fondamentales, mais aussi à multiplier les bienfaits que la société peut en retirer.

Nancy Allard, stagiaire postdoctorale, membre de l'équipe de recherche

Pour le professeur Rodrigue, c’est la possibilité de démocratiser la recherche scientifique qui donne une grande valeur à ce prix :

La vulgarisation scientifique devient de plus en plus importante pour notre société et, ce qui en découle, c’est d’être capable d’identifier des sources sûres d’information. C’est une des raisons pour lesquelles mon équipe et moi sommes très honorés d’avoir été sélectionnés par les lecteurs de Québec Science.

Professeur Sébastien Rodrigue

Selon le vice-recteur à la recherche et aux études supérieures, le professeur Jean-Pierre Perreault, cette reconnaissance est l’occasion de rappeler que l’UdeS figure parmi les 15 plus grandes universités de recherche au Canada, et que cette position enviable est en partie attribuable à la nature pratique et concrète des travaux que mènent nos équipes de recherche :

Je le dis souvent, nos chercheuses et chercheurs préparent l’avenir. La découverte de l’équipe du professeur Rodrigue en est un bel exemple. En effet, non seulement ils ont trouvé une solution à un enjeu de santé préoccupant, mais ils ont poussé le progrès en faisant breveter leur découverte, puis en démarrant une entreprise autour de celle-ci. Je leur transmets mes plus sincères félicitations!

Jean-Pierre Perreault, vice-recteur à la recherche et aux études supérieures

Soulignons que pour passer à l’étape clinique, le professeur Rodrigue a breveté le concept et a cofondé l’entreprise TATUM Bioscience avec Kevin Neil, alors étudiant.

Les travaux se poursuivent

La pluie de confettis est à peine retombée que l’équipe du professeur Rodrigue s’active déjà à poursuivre les travaux, en se penchant cette fois sur une maladie chronique :« Ce qui nous intéresse maintenant, c’est d’utiliser ce système pour viser des souches pathogènes impliquées dans l’inflammation chronique, comme dans la maladie de Crohn », souligne le chercheur.

Nous avons déjà hâte à leur prochaine découverte remarquable.


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