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Nouveau projet interdisciplinaire de coopération internationale

Kazoza, changer l’avenir de jeunes réfugiés en Ouganda

Lors d'une rencontre de l'équipe de l'UdeS avec un groupe de consultation composé de 22 personnes issues de 11 nationalités différentes au camp de réinstallation de Nakivale en Ouganda.
Lors d'une rencontre de l'équipe de l'UdeS avec un groupe de consultation composé de 22 personnes issues de 11 nationalités différentes au camp de réinstallation de Nakivale en Ouganda.
Photo : Fournie

Vivre à 173 000 personnes dans un camp de personnes réfugiées en Ouganda, ce n’est pas le contexte idéal pour poursuivre des études. Ce sera pourtant possible très bientôt pour des milliers de jeunes du camp, alors qu’une école secondaire naîtra d’une belle collaboration entre plusieurs facultés et groupes d’étudiants de l’UdeS.

Cette initiative de coopération internationale réunit la Faculté d’éducation et la Faculté de génie et permettra de faciliter l’accès à l’éducation pour les enfants réfugiés du camp de réinstallation de Nakivale, en Ouganda. Dirigé par le professeur Jean Gabin Ntebutse et la professeure Nathalie Roy, le projet Kazoza rassemblera des personnes étudiantes de l’Université de Sherbrooke de plusieurs domaines d’études dans la création d’une école et le partage d’un parcours éducatif émancipateur. Depuis la mission exploratoire effectuée ce printemps, l’équipe travaille à la planification du projet et prévoit l’ouverture de l’école en 2025, idéalement.

Jean Gabin Ntebutse, professeur au Département de pédagogie de la Faculté d’éducation, et Nathalie Roy, vice-doyenne à la formation, et à l’équité, la diversité et l’inclusion à la Faculté de génie.
Jean Gabin Ntebutse, professeur au Département de pédagogie de la Faculté d’éducation, et Nathalie Roy, vice-doyenne à la formation, et à l’équité, la diversité et l’inclusion à la Faculté de génie.
Photo : Robert Laflamme, collaborateur

Nous voulons offrir une éducation de qualité aux jeunes du camp pour leur donner une autonomie, mais également pour que la poursuite d’études de niveau postsecondaire soit envisageable pour celles et ceux qui le souhaiteront.

Professeure Nathalie Roy, vice-doyenne à la formation, et à l’équité, la diversité et l’inclusion à la Faculté de génie

Raison d’être du projet Kazoza

Le nom « Kazoza » est une suggestion du professeur Jean Gabin Ntebutse. Il s’agit d’un mot en Kirundi (langue du Burundi), synonyme d’avenir. Parce que l’avenir, c’est ce que représente cette initiative avec les partenaires d’ici et, surtout, de là-bas.

Sur le plan personnel, ce projet signifie beaucoup pour moi. L’éducation est ce qu’il y a de plus précieux à offrir comme legs. Nelson Mandela avait totalement raison quand il disait que l’éducation était l’arme la plus puissante qu’on pouvait utiliser pour changer le monde.

Professeur Jean Gabin Ntebutse, Département de pédagogie de la Faculté d’éducation

La raison d'être majeure du projet Kazoza dans ce camp est de faciliter l’accès à l’éducation de niveau secondaire aux jeunes réfugiés. En effet, pour cette population de 173 000 personnes et dont 58 % sont des jeunes, il n’y a qu’une seule école secondaire avec un ratio pouvant atteindre 200 élèves par classe. Le professeur Ntebutse souligne qu’on saisit ici toute la chance qu’ont les jeunes du Québec d’avoir des environnements d’apprentissage moins pléthoriques.

Expérience de formation enrichie

Anthony Desrochers, directeur général du Groupe de coopération internationale de l’Université de Sherbrooke (GCIUS), Cedrick Guertin, coordonnateur des projets internationaux au GCIUS, Kasandra Boisvert, coordonnatrice des projets internationaux au GCIUS, et Étienne Doyon, directeur général du Carrefour de solidarité internationale (CSI).
Anthony Desrochers, directeur général du Groupe de coopération internationale de l’Université de Sherbrooke (GCIUS), Cedrick Guertin, coordonnateur des projets internationaux au GCIUSKasandra Boisvert, coordonnatrice des projets internationaux au GCIUSet Étienne Doyon, directeur général du Carrefour de solidarité internationale (CSI).
Photo : Robert Laflamme, collaborateur

Le projet Kazoza est une occasion extraordinaire pour les personnes étudiantes d’enrichir leur expérience de formation par cette réalisation multidisciplinaire. On peut penser aux personnes étudiantes du Groupe de coopération internationale de l’Université de Sherbrooke (GCIUS) qui seront impliquées dans la construction de l’école ou à celles de la Faculté d’éducation qui pourront faire des stages dans cette école dans le cadre des programmes de mobilité à l’international. Des étudiantes et étudiants en administration pourront également collaborer sur le modèle financier du projet.

Le projet Kazoza offre une expérience enrichissante à la communauté étudiante, l'invitant à découvrir le monde et à cultiver une profonde sensibilité à la solidarité et à l'interculturalité. En intégrant des expériences internationales dans leur parcours universitaire, à travers des stages, des projets étudiants ou des travaux de recherche, nous préparons  les étudiantes et étudiants à devenir des actrices et acteurs du changement dans un monde interconnecté, où les frontières s'estompent pour laisser place à une collaboration globale.

Anthony Desrochers, directeur général du GCIUS

Tout cela pourra s’imbriquer dans ce projet interdisciplinaire en inculquant aux personnes étudiantes des valeurs de solidarité et de sensibilité qui contribuent à la dignité humaine. En mettant à la disposition des personnes étudiantes ces programmes de mobilité à l’international, l’Université de Sherbrooke les encourage à intégrer dans leur parcours universitaire des expériences internationales, en rendant possible la réalisation de stages ou de sessions d'études à l’étranger dans le cadre du programme de formation, du régime coopératif, de projets étudiants ou de travaux de recherche.

Le projet offrira aussi des occasions d’effectuer des recherches comparatives avec ce qui se passe ici, par exemple sur des thématiques de persévérance scolaire, d’apprentissage avec le numérique en contexte interculturel, etc.

Un besoin réel

Visite de l'école secondaire de Nakivale en compagnie de son directeur, M. Patrick Kalman.
Visite de l'école secondaire de Nakivale en compagnie de son directeur, M. Patrick Kalman.
Photo : Fournie

Le professeur Jean Gabin Ntebutse de la Faculté d’éducation, la professeure Nathalie Roy de la Faculté de génie, M. Étienne Doyon, directeur général du Carrefour de solidarité internationale (CSI) et M. Anthony Desrochers, directeur général du GCIUS, ont effectué ce printemps un séjour en Ouganda où ils ont pu avoir des échanges enrichissants avec les représentants de ces différentes communautés du camp de réfugiés de Nakivale, en plus d’autres acteurs comme le ministère de l’Éducation, l'Agence des nations unies pour les réfugiés, l’ONG Save Children, l’Université de Mbarara, etc. Ils ont visité l’école secondaire et ils ont pu constater que le projet Kazoza correspondait à un besoin réel.

Au-delà des défis rencontrés et de l'ampleur des besoins, ce qui m'a touché, c'est la volonté remarquable des réfugiés et autres acteurs locaux d'être partie prenante du projet. Leur engagement à nos côtés dans la mise en place d'une nouvelle école dans le camp est essentiel. Je suis persuadé qu'en mettant nos forces ensemble, nous serons en mesure d'accélérer l'accès à l'éducation secondaire pour les jeunes de Nakivale.

Étienne Doyon, directeur général du Carrefour de solidarité internationale

Le professeur Jean Gabin Ntebutse ajoute que le besoin d’avoir une école secondaire au camp de Nakivale est criant, et que la pertinence de celle-ci se justifie à plus d’un titre. Elle va bien évidemment contribuer à préparer l’avenir de ces jeunes réfugiés.

L’origine du projet

L’idée de ce projet est née d’une crise sociopolitique survenue en 2015 au Burundi, le pays d’origine du professeur Jean Gabin Ntebutse. En effet, un président qui venait de finir deux mandats que lui reconnaissait la constitution a voulu s’octroyer illégalement un troisième mandat, même après avoir perdu un vote au parlement. La population en général (et la jeunesse en particulier) est allée dans la rue pour protester pacifiquement contre cette décision. Il s’en est suivi une répression sanglante, et plus de 400 000 personnes ont dû quitter le pays pour se réfugier dans les pays de sous-région, notamment le Rwanda, l’Ouganda, la Tanzanie, le Kenya et la République démocratique du Congo.

L'unique école secondaire du camp de réinstallation de Nakivale.
L'unique école secondaire du camp de réinstallation de Nakivale.
Photo : Fournie

La grande majorité des réfugiés sont des jeunes qui étaient aux études, soit au niveau primaire, soit au niveau secondaire ou à l’université. Du jour au lendemain, leurs rêves de poursuivre leurs études se sont brutalement arrêtés. L’horizon de leur avenir a été complètement bouché. Ayant reçu beaucoup d’appels à l’aide de la part de mes compatriotes et connaissant l’apport de l’éducation dans un pays en voie de développement comme mon pays d’origine, je me suis senti interpellé.

Professeur Jean Gabin Ntebutse

Le camp de Nakivale existe depuis 1958 et a hébergé les réfugiés rwandais à la suite d’une crise sociopolitique, en 1959. Il a aussi accueilli au cours des dernières années des communautés de 11 nationalités, dont les réfugiés burundais à la suite de la crise sociopolitique de 2015. L’ensemble de ces communautés totalise une population d’autour de 173 000 habitants, qui vivent en harmonie malgré les conditions de vie difficiles.

Un soutien important pour l’éducation à l’international

La professeure Anne Lessard, doyenne de la Faculté d’éducation, M. Jean Leblond, Mme Esther Pigeon et le professeur Jean Proulx, doyen de la Faculté de génie.
La professeure Anne Lessard, doyenne de la Faculté d’éducation, M. Jean Leblond, Mme Esther Pigeon et le professeur Jean Proulx, doyen de la Faculté de génie.
Photo : Robert Laflamme, collaborateur

Lors d’un appel dans le cadre d’une campagne auprès des personnes diplômées, le couple composé de Jean Leblond et d’Esther Pigeon a souligné son désir d’appuyer un projet par une contribution d’envergure, comportant un volet d’aide à l’éducation à l’international. Par le passé, le couple avait contribué à de nombreuses causes qui lui étaient chères, dont l’une d’elles était l’éducation.

Lorsque M. Leblond et Mme Pigeon ont entendu parler du projet Kazoza, ils ont décidé d’offrir un généreux soutien, car les objectifs du projet correspondaient à leurs convictions et à leurs aspirations philanthropiques.

L’éducation a influencé positivement mon parcours professionnel et personnel, et je veux donner la chance à d’autres d’avoir accès à ce levier. Par ce don, nous souhaitons donner un meilleur avenir aux jeunes d’ailleurs.

Jean Leblond, diplômé de la 13e promotion en génie mécanique à la Faculté de génie

Nous sommes reconnaissants pour le don de Mme Pigeon et de M. Leblond. Ce projet est un moteur d’interrelation entre la recherche, la formation et la pratique. En plus de combler des besoins d’élèves à l’international, le projet Kazoza permettra d’enrichir l’expérience de formation pour nos personnes étudiantes et sera également un contexte réel d’intégration de la recherche.

Anne Lessard, doyenne de la Faculté d’éducation


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