Portrait de Raudel Simon, étudiant en médecine
Ne jamais abandonner, pour sa famille
Si l’on devait résumer le parcours de Raudel Simon en un mot, ce serait « persévérance ». Étudiant en médecine au programme de formation médical à Saguenay, il a quitté Cuba pour le Québec en 2013 afin d’offrir un meilleur avenir à sa famille. Plusieurs obstacles se sont hissés sur son chemin, sans qu’il ne baisse jamais les bras.
« J’ai vraiment recommencé ma vie à zéro. J’ai dû apprendre le français et occuper différents emplois pour survivre », confie-t-il.
Le processus d’immigration et la conciliation famille-étude n’ont pas été faciles. À plusieurs reprises, il a voulu abandonner, mais son désir d’être un exemple pour ses enfants lui en dissuadait.
Un départ déchirant
Détenteur d’un doctorat en médecine dentaire et d’une spécialité en chirurgie maxillo-faciale à Cuba, Raudel a dû refaire sa carrière.
C’est difficile quand même d’être docteur dans ton pays et de devoir recommencer à zéro ici.
Avant de venir s’installer au Québec, il avait reçu une offre d’emploi qui l’aurait positionné comme l’un des meilleurs chirurgiens maxillo-faciaux de Cuba. Intéressé par le poste, il en avait discuté avec un de ces enseignants, pour apprendre qu'il ne serait pas en mesure de subvenir aux besoins de sa famille en raison du piètre salaire. Ce fut l’élément déclencheur de son processus d’immigration.
Il a cependant dû laisser derrière lui sa femme et son enfant, une période qu’il a trouvé extrêmement éprouvante.
Chaque matin quand je me réveillais, je voulais retourner dans mon pays.
En effet, quatre longues années se sont écoulées avant que sa famille puisse venir le rejoindre.
De retour sur les bancs d’école
À son arrivée au Québec, Raudel savait qu’il voulait absolument refaire sa vie professionnelle. Il a donc effectué un premier retour aux études afin de devenir hygiéniste dentaire. Il a occupé cet emploi pendant deux ans avant de se rendre compte que ça ne lui convenait plus. En effet, il adore aider les autres, mais leur demander de payer pour recevoir des soins ne le rejoint pas.
Un retour à l’université est l’avenue qu’il a empruntée. Il a envoyé des demandes d’admission en médecine dentaire, mais aussi dans des programmes qui concordent avec ses intérêts, comme en sciences infirmières, en pharmacie et en médecine.
Toutefois, le programme de médecine est très contingenté. Ajouté au fait qu’il a un parcours scolaire atypique, Raudel avait de minces chances d’être admis.
J’avais 60 à 70 % de risques de ne pas être accepté en médecine.
Il a tout de même tenté sa chance en gardant en tête que le pire qui pouvait arriver était un refus. Lorsqu’il a reçu sa lettre d’admission, il n’y croyait pas. Enfin, il allait pouvoir avoir un emploi semblable à celui qu’il exerçait à Cuba.
C’est en 2021, avec un adolescent de 12 ans et un bébé d’à peine dix jours, que Raudel a entamé ses études en médecine. Il avoue que la première année a été très difficile avec l’arrivée du nouveau-né.
Ce qui fait la différence à l’UdeS
Attiré par la qualité de l’enseignement et la vie étudiante, Raudel ne regrette pas d’avoir choisi l’Université de Sherbrooke.
Pour lui, une des forces du programme de médecine est la proximité qu’ont les étudiantes et les étudiants avec le personnel enseignant.
En effet, les personnes étudiantes sont consultées lorsqu’il y a des changements dans le programme et peuvent donner leur avis par rapport aux cours afin de les améliorer.
Le corps professoral est également à l’écoute et compréhensif envers sa situation familiale. Il a d’ailleurs été mis en contact avec des enseignantes et des enseignants qui ont fait le doctorat en médecine alors qu’ils étaient parents. Ils peuvent lui offrir des conseils ou des techniques qui ont fonctionné dans leur cas et l’épauler s’il en a besoin.
Par ailleurs, les services offerts à la communauté étudiante, tels que le programme d’aide psychologique et le programme d’aide financière, sont aussi cruciaux selon lui.
Un accueil chaleureux
Malgré la différence d’âge avec les autres étudiants et étudiantes, Raudel n’a pas eu de difficulté à s’intégrer aux membres de sa cohorte.
J’étais vraiment agréablement surpris de voir à quel point il n’y a pas de discrimination ici.
Cette crainte venait du fait que, à Cuba, le doctorat en médecine n’est plus accessible lorsque l’on est âgé de plus de 28 ans.
L’accueil qu’il a reçu l’a même poussé à s’impliquer dans différents comités, comme l’Association générale étudiante en médecine de l’Université de Sherbrooke-Saguenay (AGÉMUS) et la Fédération internationale des associations d’étudiants en médecine (IFMSA-Québec).
Profiter de la vie
La tranquillité et la qualité de vie sont des éléments qui ont incité Raudel et sa famille à venir s’installer au Canada. Ils voulaient avoir un endroit qui leur permettrait de vivre pleinement, de voyager et de découvrir d’autres cultures.
À son arrivée, Raudel était vraiment surpris de voir à quel point les Canadiennes et les Canadiens profitent de la vie, ce qui diffère de Cuba.
Je donne tout le temps l’exemple que, dans mon pays, quand les bébés naissent et qu’il fait quinze degrés, ils ne vont pas dehors parce qu’il fait trop froid et qu’ils peuvent tomber malades. Ici, les femmes viennent d’accoucher et s’en vont faire du ski.
De plus, au Canada, les efforts et le travail acharné paient.
Je trouve qu’ici, c’est la beauté. Tu travailles fort et tu vois le résultat, alors que dans mon pays, tu travailles fort, mais tu ne profites pas des fruits de tes efforts.
Le besoin d’aider les autres
Raudel a toujours aimé aider les autres, c’est pourquoi il s’est dirigé en médecine. Sa passion et son amour pour la profession l’ont convaincu de ne pas abandonner dans les moments plus éprouvants.
Ce qui me pousse à ne pas lâcher, ce sont les patients que je vais pouvoir soigner et les vies que je vais pouvoir sauver. C’est ça ma récompense pour tous mes efforts.
De plus, durant la pandémie, il a prêté main-forte aux CHSLD et à la campagne de vaccination, des expériences formatrices qu’il a beaucoup appréciées.
Un modèle pour tous
L’étudiant en médecine conclut en mentionnant le sentiment de fierté qu’il ressent lorsqu’il repense à tout ce qu’il a dû traverser.
Je suis vraiment fier. Quand je regarde en arrière, honnêtement, je ne sais même pas comment je suis arrivé ici. Je n’y crois pas.
Il peut certainement être fier de son parcours, qui inspire et inspira ses enfants, mais aussi les membres de la communauté universitaire.