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Portrait de diplômée 2024

Maitre de son destin

Maude Dupuis et ses deux enfants, lors de la collation des grades.
Maude Dupuis et ses deux enfants, lors de la collation des grades.
Photo : Michel Caron - UdeS

Se hisser première de classe après un décrochage et une grossesse dès l’école secondaire, c’est déjà tout un exploit. Compléter une technique juridique et pousser l’audace jusqu’à des études universitaires couronnées de succès, avec un 2bébé à la maison, c’est remarquable.

Alors qu’elle amorce sa maitrise en droit notarial, Maude Dupuis peut déjà dire qu’elle est passée maitre de son destin. Elle qui ne pensait même pas finir son secondaire.

Reconstruire le village autour de sa famille

Après avoir déraciné sa petite famille de Montréal pour l’établir loin du « village » d’aide sur lequel elle pouvait toujours compter, Maude a dû tout reconstruire à Sherbrooke. « Le village, c’est essentiel. J’ai des amis pleins de potentiel pour faire des études supérieures, mais qui n’avaient pas de village autour d’eux. »

Son village est maintenant plus modeste, mais toujours aussi précieux. Elle l’a reconstruit avec son conjoint, qui a dû abandonner son emploi pour la suivre à Sherbrooke, sa mère arrivée après un an et demi, le personnel de la Faculté de droit, compréhensif et soutenant, et les humains au sein des services de l’UdeS, qui l’ont soutenue lorsque plus rien n’allait.

Persévérer malgré l’isolement

Pour Maude, les 5 à 8 universitaires n’ont jamais été synonymes de divertissement et de rencontres amicales. Entre la garderie, le retour à la maison, le souper et le bain de ses petites, il y a eu peu d’espace pour réseauter et socialiser. Les heures de dîner n’étaient pas non plus des pauses pour échanger avec ses confrères et consœurs, mais des moments précieux pour avancer les devoirs et les lectures.

L’intégration sociale et tous les avantages qui viennent avec, j’ai perdu ça dès le début de ma technique juridique au cégep. Pourtant, les études, c’est beaucoup plus facile quand on les fait avec d’autres, qu’on a des séances de travail en groupe, qu’on peut rebondir sur les autres.

Maude Dupuis, diplômée au baccalauréat en droit

Heureusement, les classes à dimension humaine de la Faculté de droit ont permis d’amoindrir son sentiment d’isolement.

« À l’Université de Sherbrooke, les classes sont plus petites et plus conviviales. Si j’avais été dans une classe de 90 en auditorium, je serais devenue invisible. Le personnel de la Faculté est super compréhensif et ouvert. Ça fait tellement de différence de pouvoir rencontrer un enseignant, d’expliquer la situation que tu vis, et que la personne te comprend, ne te fait jamais sentir que tu déranges. »

Aller au bout de ses projets… et de son énergie

Après avoir tenté de concilier le déménagement de sa famille, le travail en cabinet d’avocats, les études, les implications facultaires, les enfants, Maude a dû se rendre à l’évidence qu’elle ne tiendrait pas le coup. Elle a dû faire le deuil de ses implications et de son travail pour se concentrer sur ses études et ses fillettes, tout en sachant que ce choix aurait des conséquences futures.

Tu commences l’université, on te dit qu’il faut que tu t’impliques. Tu ne peux pas juste travailler et être aux études. Mais j’étais complètement brûlée.

Sa deuxième année de bac, Maude l’a donc passée dans l’isolement. « En troisième année, je suis un peu revenue sur la scène en recommençant à m’impliquer, mais avec des gens qui ne partageaient pas ma réalité. Tu navigues drôlement. »

Quand Maude a senti que sa motivation déclinait, c’est en pensant à ses filles qu’elle a trouvé l’énergie pour continuer.

Je me suis dit que je ne pouvais pas laisser tomber mes études après leur avoir fait vivre ça autant d’années. Je construis quelque chose pour elles aussi. Elles commencent à comprendre suffisamment bien ce que je fais pour être fières.

Elle a si bien rebondi qu’en 2024, après s’être illustrée avec une consœur au Concours de négociation canadien, Maude s’est envolée pour le Brésil en digne représentante de sa Faculté au Concours de négociation international.

Elle travaille désormais en étude de notaire, entourée d’une merveilleuse équipe qui lui aura donné la piqure pour ce domaine.

Des enfants, ça ne se met pas sur un cv, mais…

Dans le domaine du droit, toutes les implications, les expériences, les concours s’ajoutent à la formation pour bonifier le curriculum vitae des futurs juristes. Mais… « des enfants, ça ne se met pas sur un cv », lance Maude d’un air désabusé.

Pourtant ses filles sont sources de motivation et façonnent la professionnelle mature et posée qu’elle est devenue. Des situations difficiles, Maude en a vécu. « T’en a vu d’autres. T’es capable de prendre un peu sur toi. Si tu es capable de gérer des crises d’un enfant de 5 ans, tu es bien moins explosive et réactive dans tes relations. »

Essaie donc, tout d’un coup…

À tous ceux et celles qui hésiteraient à faire des études postsecondaires avec des enfants en bas âge, Maude n’a qu’un conseil à donner :

Essaie donc, tout d’un coup… Ne te limite pas à la difficulté objective de ta situation et des obstacles auxquels tu fais face. On est parfois capable d’en prendre et d’accomplir bien plus qu’on pensait.


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