Biodiversité et protection des écosystèmes
L’herbier dans ses feuilles et bientôt numérisé (♫ don-dé ♫)
Outre la Flore laurentienne, on doit au célèbre botaniste Conrad Kirouac – ou frère Marie-Victorin – plusieurs des spécimens végétaux précieusement conservés entre les feuilles d’un herbier qui se trouve… ici même à l’UdeS, et qui sera bientôt accessible partout dans le monde grâce à la magie de la numérisation.
L’impressionnante collection, qui compte plus de 20 000 espèces, dont certaines ont été recueillies au début du XXe siècle, représente une ressource d’exception pour l’enseignement de la botanique et la recherche en écologie et biologie végétale.
Documenter la période de floraison d’une espèce selon l’évolution des changements climatiques, avec des spécimens cueillis à différentes dates, illustre la pertinence d’un herbier pour les fins de la recherche, par exemple.
Rosalie Léonard, coordonnatrice de l’herbier de l’UdeS
On appelle « herbier » une collection de plantes desséchées conservées entre des feuillets et servant à l'étude de la botanique.
Par l’entremise de dons citoyens, et surtout de cueillettes étudiantes effectuées dans le cadre du cours de travaux pratiques Flore du Québec, l’inventaire s’enrichit d’ailleurs chaque année. La vaste collection est abritée à la Faculté des sciences, dans un local à température contrôlée qui permet de préserver les précieux échantillons.
Appuyés par Rosalie Léonard, coordonnatrice depuis une dizaine d'années au Département de biologie, des étudiantes et étudiants et bénévoles passionnés assurent le bon fonctionnement de l’herbier. Mise à jour de la nomenclature, vérification et correction des identifications, entretien, montage et ajouts des spécimens, gestion de la base de données et des livres de référence, nombreuses sont les tâches assurant la vitalité et le dynamisme de la collection.
Récemment, l’équipe responsable de l’herbier a participé à un projet ayant reçu une importante subvention gouvernementale lui permettant d’intégrer de plus en plus de projets expérientiels à la formation des étudiantes et étudiants du baccalauréat en écologie. Des tablettes électroniques peuvent ainsi assurer une saisie de données plus rapide lors des sorties terrain, et des drones ont été mis à contribution pour procéder à l’imagerie de la végétation. Des ateliers de numérisation et de partage de données en compagnie de spécialistes ont aussi été ajoutés à la formation.
La botanique à l'ère numérique
Dans la foulée, l’équipe de l’herbier a par ailleurs entrepris de « dépoussiérer » sa vaste collection en la numérisant. C’est que partout dans le monde, de nombreux scientifiques et spécialistes plaident pour un meilleur partage des données concernant la biodiversité, de manière à pouvoir brosser un portrait plus exhaustif de la répartition des espèces, et ainsi contribuer à la protection des différents écosystèmes.
C’est dans ce contexte mondial de protection de la biodiversité que nous avons souhaité procéder à la numérisation de sa collection pour pouvoir ensuite partager nos données avec la planète.
Rosalie Léonard
Pour ce faire, l’équipe de l’herbier s’est adjointe les services d’étudiantes et d’étudiants du baccalauréat en informatique, qui ont travaillé à la conception d’une base de données et au développement d’un moteur de recherche.
La botanique, c’est également une science citoyenne, pratiquée par un grand nombre de personnes en dehors du contexte académique, en dehors des murs des universités, et le fait d’avoir des outils de partage numériques accessibles à tous permet de cartographier les espèces de partout sur la planète. C’est un apport inestimable pour l’analyse de la biodiversité.
Rosalie Léonard
Ce croisement disciplinaire entre l’informatique, la biologie végétale et l’écologie se poursuivra d’ailleurs avec le développement d’une plateforme d’informatisation participative citoyenne, qui permettra d’extraire des données provenant d’images de spécimens d’herbier et d’y ajouter des compléments d’information.
Si l’histoire fait partie intégrante de l’herbier de l’UdeS, avec une richesse d’échantillons recueillis depuis le début du XXe siècle par des botanistes émérites, la collection est aujourd’hui plus que jamais tournée vers l’avenir, témoignant de la pertinence de la botanique pour la protection de la biodiversité et des écosystèmes de partout dans le monde.
À propos de l’histoire de l’herbier de l’UdeS
L’herbier de l’UdeS a été fondé en 1963 par le botaniste et professeur Albert Legault, qui en demeurera le conservateur pendant plus de 20 ans. La collection compte des spécimens de la flore québécoise recueillis par des botanistes de renom tels que le frère Marie-Victorin, le frère Rolland-Germain, Samuel Brisson, Ernest Rouleau, Lionel Cinq-Mars, Albert Legault et Philippe Forest. Ces derniers ont fait don de leur collection à l'herbier lors de sa fondation. En 1974, l’herbier était même le troisième en importance au Québec, notamment grâce au don de l’herbier personnel du frère Rolland-Germain.