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Collecte municipale des matières compostables et savoir étudiant

Collaborer pour faire germer le changement

Le compostage permet de réduire les émissions de méthane provenant des sites d'enfouissement.
Le compostage permet de réduire les émissions de méthane provenant des sites d'enfouissement.
Photo : Michel Caron - UdeS

Le tri des matières résiduelles occupe une place de plus en plus importante dans nos vies. Un phénomène qui traduit une prise de conscience croissante des enjeux environnementaux tels que la surexploitation des ressources planétaires et l’émission de méthane, un puissant gaz à effet de serre (GES) provenant des sites d’enfouissement. Pourtant, malgré son rôle clé à ce chapitre, l’utilisation de la collecte des matières compostables rebute encore de nombreuses personnes.

À Sherbrooke, la collecte municipale des matières compostables est offerte depuis 2007 pour les résidences unifamiliales et les duplex. Du côté des multilogements, sa mise en place présente certains enjeux qui en ralentissent le déploiement, particulièrement en ce qui a trait aux immeubles plus imposants. La participation sur une base volontaire pour ces multilogements reste faible, et la contamination provenant de matières qui ne se compostent pas y est plus importante, en comparaison avec le secteur unifamilial.

Pour faire face à ces enjeux et répondre aux orientations du gouvernement québécois dans le cadre de sa Stratégie de valorisation de la matière organique, une nouvelle réglementation municipale pourrait voir le jour afin d’élargir la collecte municipale des matières compostables à l’ensemble des multilogements sherbrookois au cours des prochaines années.

Afin d’optimiser cette transition, la Ville de Sherbrooke a décidé de travailler avec le Centre universitaire de formation en environnement et développement durable (CUFE) de l’Université de Sherbrooke, et plus particulièrement avec Kasandra Fortin, étudiante à la maîtrise en environnement.

Ce texte est le quinzième d’une série qui illustre chaque mois l'intégration du développement durable dans la formation à l'UdeS, par l'entremise d'initiatives et d'exemples liés à l'un des 17 objectifs de développement durable (ODD) de l'ONU. Le contenu dont il est question dans le présent texte traite de l'ODD 12 – Consommation et production responsables.

Un essai prometteur

Accompagnée par Ana-Carolina Eugênio de Oliveira, chargée du cours d’économie circulaire appliquée, et Marie-Andrée Charron, agente de projets en environnement pour la Ville de Sherbrooke, Kasandra Fortin a amorcé un essai portant sur le sujet en mai dernier.

La Ville de Sherbrooke souhaite mettre en place une nouvelle réglementation visant à obliger les propriétaires d’immeubles de six logements et plus à mettre à disposition des locataires des infrastructures de collecte des matières compostables, soit des bacs roulants ou des conteneurs. Comme cet élargissement règlementaire rencontre plusieurs enjeux, mon essai a pour objectif d’offrir des pistes d’action concrètes pour en faciliter notamment l’adhésion auprès des propriétaires et favoriser l’utilisation de ces infrastructures par les locataires.

Kasandra Fortin, étudiante à la maîtrise en environnement au CUFE

Kasandra Fortin mène un essai portant sur des pistes de solution concrètes pour favoriser l'utilisation de la gestion de la collecte du compost auprès de propriétaires et locataires de multilogements.
Kasandra Fortin mène un essai portant sur des pistes de solution concrètes pour favoriser l'utilisation de la gestion de la collecte du compost auprès de propriétaires et locataires de multilogements.
Photo : Michel Caron - UdeS

Animée d’une passion dévorante pour surmonter les obstacles liés à la gestion des matières résiduelles, l’étudiante s’affaire à réaliser une recension des principaux enjeux liés à cette collecte ainsi que les solutions apportées par différentes villes canadiennes.

Les problématiques liées à la collecte des matières compostables en ce qui a trait aux multilogements sont nombreuses, explique Kasandra. D’une part, les espaces pour les infrastructures de collecte peuvent être difficiles à déterminer. Compte tenu des besoins en stationnements et du fait que les bâtiments ne sont pas conçus pour faciliter la participation des locataires, les villes doivent user d’ingéniosité afin de trouver des endroits accessibles pour les locataires ainsi que pour les camions de collecte.

D’autre part, tous les propriétaires ne souhaitent pas s’impliquer dans la gestion des matières résiduelles au sein de leur immeuble. Il ne faut pas non plus oublier qu’il y a énormément de roulement de locataires dans les multilogements, ce faisant, la sensibilisation est constamment à recommencer.

Une collaboration fertile

Ainsi, l’essai de Kasandra représente une occasion unique de collaboration, à la fois pour l’étudiante, qui perfectionne sa formation et développe des compétences en développement durable, et pour la Ville de Sherbrooke, qui profite d’un réseau plus large d’expertises.

Collaborer avec des personnes étudiantes comme Kasandra, c’est avantageux, car elles sont une source de connaissances actuelles et qu’elles apportent un regard extérieur, tout en nous permettant d’aller creuser plus en profondeur certains sujets pour lesquels on n’a pas toujours le temps ou les ressources.

Marie-Andrée Charron, agente de projets en environnement à la Ville de Sherbrooke

L’implication de Kasandra permet aussi d’accompagner la Ville de Sherbrooke sur un dossier de grande actualité, où elle aura l’occasion d’apporter de réels changements.

Kasandra souhaitait accomplir un essai qui aurait un impact réel et qui apporterait des changements organisationnels majeurs. La beauté de cette collaboration est que l’ouverture et l’intérêt de la Ville de Sherbrooke face à ses idées promet de répondre à ses attentes, en plus d’aider la Ville à l’atteinte de ses objectifs de réduction des GES ainsi que ses quantités de matières enfouies. Tout le monde y gagne!

Ana-Carolina Eugênio de Oliveira, chargée de cours et directrice d’essai de Kasandra Fortin

À compter de 2025, la Ville de Sherbrooke pourrait élargir l’offre de collecte des matières compostables pour les immeubles de six logements et plus, conformément à son Plan de gestion des matières résiduelles 2023-2030 ainsi qu'aux orientations du gouvernement provincial.
À compter de 2025, la Ville de Sherbrooke pourrait élargir l’offre de collecte des matières compostables pour les immeubles de six logements et plus, conformément à son Plan de gestion des matières résiduelles 2023-2030 ainsi qu'aux orientations du gouvernement provincial.
Photo : Michel Caron - UdeS

Qui plus est, ce type de collaboration participe directement à l’amélioration des conditions de vie de la communauté sherbrookoise, à la protection de l’environnement et à l’économie locale.

À propos de l’ODD 12 : Consommation et production durables
L’avenir des ressources de notre planète est en déclin en raison notamment de la croissance constante de la population mondiale. L’objectif 12 vise à garantir des modes de consommation et de productions durables afin de préserver ces ressources. Cela implique donc de promouvoir des pratiques s’inscrivant dans l’économie circulaire afin de réduire la production de déchets et d’adopter un mode de vie durable en gaspillant moins.

Ne manquez pas la suite de cette série, en novembre prochain!


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