Aller au contenu

En Afrique pour construire, apprendre et appuyer

La Côte d’Ivoire et le Madagascar, théâtre de deux projets du GCIUS

Le GCIUS en mission au Madagascar
Le GCIUS en mission au Madagascar
Photo : UdeS

Deux équipes interdisciplinaires étudiantes du Groupe de coopération internationale de l’Université de Sherbrooke (GCIUS) mènent actuellement deux projets majeurs en ingénierie à Sokala-Sobara, un village pittoresque de la Côte d’Ivoire, et Fianarantsoa, une grande ville marchande du Madagascar. Qu’ont en commun ces deux missions que mènent ces membres en Afrique, en partenariat avec deux universités africaines? Elles permettront d’appuyer le développement d’activités structurantes dans des communautés locales où le développement durable et la protection de l’environnement sont au centre des préoccupations.

En revalorisant des résidus agricoles pour remplacer le charbon de bois en Côte d’Ivoire, les personnes regroupées autour du projet CAJOUS appuieront les femmes à transformer des coques de noix de cajous et d’arachides en briquettes biocombustibles. « En plus du volet environnemental important, ce projet contribuera à l’accroissement de la résilience du mode de vie des femmes de la communauté », souligne Léa Giguère, étudiante en génie mécanique.

Le projet R.A.N.O.S.O.A. permettra un meilleur accès à l’eau potable à la communauté estudiantine de l’Université de Fianarantsoa au Madagascar. Le GCIUS y installera une pompe à eau alimentée par des énergies renouvelables. « L’infrastructure est construite uniquement à la main et aucune machine n'est utilisée! Le béton est mélangé à la main, l'excavation est faite à la pelle et les ouvriers misent énormément sur l'expertise et la connaissance du terrain pour travailler », explique le futur ingénieur mécanique, Zachary Gagnon, qui découvre des manières de savoir-faire complètement différentes de ce qu’il connaissait.

Le projet CAJOUS (Côte d’Ivoire)

En collaboration avec l’Université Peleforo Gon Coulibaly de Korhogo, le GCIUS a envoyé une équipe interdisciplinaire pour mettre en place les infrastructures nécessaires d’accueil de cette chaîne de transformation de la biomasse, actuellement développée par une équipe étudiante en génie à Sherbrooke, dans le cadre de leur projet majeur de conception.

Sur le terrain africain, la délégation sherbrookoise appuie une coopérative de femmes agricoles à s’émanciper en facilitant leur travail quotidien. À cet égard, l’équipe effectue la supervision de la construction d’un bâtiment ouvert pour que ces ouvrières puissent travailler à l’extérieur en se protégeant du soleil. Une autre section de l’ouvrage est aménagée pour stocker les briquettes de biocombustibles et d’autres équipements qui leur seront utiles.

Avant d’amorcer les travaux de construction, l’équipe a demandé au chef du village une bénédiction, comme en veut la coutume. « Le lendemain matin à 8 h, vingt notables du village sont venus à notre rencontre, pour nous saluer chez nous. On ne s’attendait pas à ça », résume Félix Bernier, étudiant au baccalauréat en génie civil.

En plus de s’ancrer dans l’écologie durable, le projet CAJOUS permettra à ces femmes ivoiriennes d’obtenir un revenu supplémentaire en vendant les briquettes. Le plus grand défi pour l’équipe du GCIUS sera toutefois d’implémenter une nouvelle technologie dotée d’un procédé innovant au sein d’une communauté qui a peu de savoir-faire dans ce domaine.

Bâtiment CAJOUS
Bâtiment CAJOUS
Photo : UdeS

Par ailleurs, le GCIUS découvre la richesse d’une culture fort différente de la leur, tout en appliquant des compétences acquises en classe, comme la communication, afin de leur permettre de parler un langage commun et passer d’une discipline à l’autre en intégrant leurs savoirs.

« En arrivant ici, je m’attendais à être perçue comme une étrangère. Au contraire, la communauté est tellement accueillante et souriante que je me sens chez moi comme jamais je ne me suis sentie dans un autre pays », raconte la future ingénieure civile, Maury Beaudry. Dans le village de Sokala-Sobara, lorsqu’il pleut, toute activité est arrêtée, sauf lorsque vient le temps de saluer des étrangers qui travaillent de bonne heure. Il se pourrait que vous receviez la visite de 300 femmes d’une coopérative, reconnaissantes du travail que vous avez accompli et de l’espoir que vous semez.

Le projet R.A.N.O.S.O.A (Madagascar)

Les étudiantes et étudiants de l’Université de Fianarantsoa au Madagascar ne bénéficient pas d’un approvisionnement en eau potable constant pour étancher leur soif. Pour pallier ce manque, la deuxième équipe du GCIUS qui s’active en Afrique, supervise l’installation d’une pompe solaire et de panneaux solaires, la construction d’un château d’eau et le forage d’un puits. En langue malgache, R.A.N.O.S.O.A signifie eau (rano) et bien (soa), ce qui confirme l’importance vitale de la matière aqueuse dans cette région du monde.

Ce projet de coopération internationale implique l’organisation locale franco-malgache FianaraLab et l’Université de Fianarantsoa. L’équipe interdisciplinaire sherbrookoise, composée de sept personnes qui proviennent des domaines de l’ingénierie, la psychologie, la géomatique et la politique appliquée, contribuera à élaborer et installer une pompe alimentée par des énergies renouvelables pour accroître l’accès à l’eau potable de la région. Le GCIUS participera activement à la formation sur les énergies renouvelables lors de l’école d’été de l’université, et enfin, il sensibilisera la communauté étudiante malgache aux enjeux de l’égalité homme-femme, dans une logique d’équité, de diversité et d’inclusion.

Le plus grand défi du projet réside en la coordination des travaux sur le chantier et la communication avec les différents partenaires techniques. « Comme nous avons engagé un entrepreneur pour réaliser les travaux, notre rôle consiste à valider la qualité du travail effectué et de bien définir les requis des bénéficiaires, soit la communauté étudiante de l'Université de Fianarantsoa (UdeF) », résume Marie-Hélène Gadbois-Del Carpio, étudiante en géomatique appliquée. L’équipe a notamment eu à valider le dimensionnement et les modèles de la pompe et des panneaux solaires qui seront utilisés. Ils ont aussi choisi l'emplacement des panneaux pour obtenir un ensoleillement maximal.

Rendu du château d'eau : le GCIUS en mission en Afrique
Rendu du château d'eau : le GCIUS en mission en Afrique
Photo : UdeS

Le château d'eau que le GCIUS construira se retrouve en altitude pour permettre la distribution de l'eau par gravité uniquement. Un réservoir d'eau surélevé fait partie de cette structure en béton armé. « Dans le cas de notre projet, le château d'eau a une aire de neuf mètres carrés à vol d'oiseau, et une hauteur de dix mètres. Il supportera deux cuves en plastique de 5000 litres chacune. L'objectif est donc de fournir 10 000 litres d'eau potable chaque jour » explique Sandrine Yelle, étudiante en génie du bâtiment.

En plus de l’expertise technique partagée avec les personnes étudiantes malgaches, le GCIUS a mené une recherche sur les impacts sociaux à long terme du projet. « Comme il est susceptible de perturber les dynamiques de pouvoir en place, il était très important pour sa pérennité de bien cerner les besoins de la communauté étudiante et de comprendre les structures déjà en place », affirme Alexandra Brière, étudiante en politique appliquée et bachelière en psychologie. Le GCIUS a notamment contribué à la fondation d’un comité de gestion interdisciplinaire composé d’étudiantes et d’étudiants malgaches pour gérer le projet à long-terme et en assurer la pérennité. « Nous nous sommes beaucoup inspirés de la structure des groupes techniques et des différentes associations étudiantes de l’UdeS pour établir les bases du groupe », mentionne Félix Léger, étudiant en génie civil.

L’équipe s’enorgueillit d’apprendre les us et coutumes de la population locale en vivant avec eux dans des familles d’accueil. Que ce soit au niveau des habitudes alimentaires, comme manger du riz presqu’à chaque repas, ou assister aux cérémonies religieuses, les dimanches à l’église, elle s’adapte afin de vivre pleinement cette expérience de travail et de découvertes sur la scène internationale.

Par exemple, à chaque vendredi, les étudiantes et étudiants africains pactisent avec les membres du GCIUS en organisant une activité d’échanges culturels, appelée le café R.A.N.O.S.O.A, où ils discutent de thèmes variés comme l’égalité femme-homme, la réalité de la vie étudiante, la gestion du stress pour ne nommer que ceux-là. « Ce sont des moments agréables et enrichissants qui se terminent en jam musical qui mélange les chansons québécoises et malgaches dans une ambiance magique et festive », confie fièrement le futur ingénieur civil, Éloi Gagnon.


Informations complémentaires