Plus d’autonomie pour les personnes handicapées

Lorsqu’un enfant de trois ans obtient un diagnostic de dystrophie musculaire de Duchenne, il ne peut généralement plus marcher après l’âge de dix ans. Micah-Élie Labrecque, étudiant en génie robotique à l’Université de Sherbrooke, a vécu cette dégénérescence musculaire progressive. Depuis, il prouve chaque jour qu’il ne se laisse pas définir par sa maladie. Avec une équipe de futurs ingénieurs, il a conçu et fabriqué une station d'étirement du mollet motorisée pour améliorer son autonomie et son bien-être. Ce projet de fin de baccalauréat représentera l’UdeS au Défi OSEntreprendre dans le volet universitaire, un concours québécois en entrepreneuriat, en plus de mériter une bourse de 1500 $.

« En tant que personne atteinte de cette maladie, mon handicap m’inspire pour trouver des solutions et faciliter la vie de personnes comme moi », confie Micah-Élie. Dans son cas, une activité aussi simple que d’enfiler des souliers devient difficile et inconfortable. Les étirements en physiothérapie constituent l'une des solutions pour diminuer la souffrance occasionnée par ses muscles affaiblis, qui créent une tension douloureuse dans ses tendons.

Afin d’atténuer cette souffrance, les étudiants ont développé un appareil biomédical qui augmentera l’autonomie des personnes vivant avec des maladies neuromusculaires. « Cet appareil permettra à la personne à mobilité réduite de faire les étirements sans aide externe et plus souvent, rendant le traitement de physiothérapie plus efficace », explique Félix Étienne Roy, étudiant en génie robotique.

À la rescousse des proches aidants

Une telle avancée viendra certainement à la rescousse des proches aidants, qui manquent souvent de temps. Ainsi, cette technologie réduit la charge sur le personnel aidant en plus d’utiliser des méthodes de physiothérapie reconnues dans le traitement de ces maladies. « Quand j’étais plus jeune, mes parents m’aidaient à faire ces étirements. Mais, avec quatre enfants, ils oubliaient parfois », témoigne Micah-Élie.

Grâce à l’appareil, une personne handicapée pourra réaliser ses exercices de manière complètement autonome. « La personne pourra suivre un plan d’entraînement en physiothérapie avec des exercices d'étirement. Par la suite, elle bénéficiera en clinique d’une calibration de son appareil. De retour chez elle, elle pourra les faire par elle-même », explique le futur diplômé.

Les physiothérapeutes effectueront le suivi et optimiseront le traitement selon les données récoltées. Un autre rendez-vous pourra se prendre à la demande du spécialiste en fonction des changements majeurs répertoriés. Ainsi, il pourra préparer d'autres exercices et il recalibrera l'appareil au besoin.

Une entreprise en émergence

Ce projet de fin de baccalauréat ne s’arrêtera pas là : plusieurs membres de l’équipe ont des visées entrepreneuriales. Ils ont déjà incorporé leur entreprise, Exoflex, pour créer des appareils au bénéfice des personnes à mobilité réduite. Ce premier appareil d’étirement les a inspirés à en fabriquer d'autres éventuellement pour améliorer le traitement de diverses maladies et réduire l'impact du handicap dans la vie des gens. Des membres de l’équipe entreprendront d’ailleurs une maîtrise pour approfondir le projet actuel.

Quant à Micah-Élie, il aimerait faire carrière au sein de sa propre entreprise. « En l’occurrence, je considère cette perspective comme un emploi de rêve, et mes collègues abondent dans le même sens que moi », témoigne-t-il. Rien n’arrête ce futur ingénieur en robotique, qui a su transformer son handicap en véritable force.