Projet de recherche sur la douance
Acoustique, informatique et arts plastiques : accompagner la douance par le mentorat
Chaque enfant est unique et se développe à son propre rythme. Toutefois, dans certains cas, on remarque dès l’âge préscolaire des aptitudes d’apprentissage qui sont nettement supérieures à la moyenne. On dit généralement que ces enfants ont une douance, ou encore un haut potentiel. Un projet de recherche-action misant sur le mentorat, en collaboration avec l’école primaire du Sacré-Cœur de Sherbrooke, vise à favoriser l’épanouissement scolaire d’élèves douées et doués à l’aide d’une relation inspirante avec un modèle adulte de réussite et de persévérance scolaire.
Le projet de recherche est conduit par une équipe interdisciplinaire avec des collaborations dans plusieurs facultés. La professeure Marilou Bélisle (Faculté d’éducation), le professeur Mathieu Pilon (Faculté des lettres et sciences humaines), ainsi que Juliette François-Sévigny et Anne-Laurence Gagné (candidates au doctorat en psychologie CRSH), ont élaboré un projet qui réunit 23 mentores et mentors de l’Université de Sherbrooke et de l’Université Bishop’s de même que 25 jeunes de la 2e à la 6e année du primaire.
La douance fait référence à un potentiel de performance, sur le plan des compétences ou de la créativité, dans un ou plusieurs domaines d'activité, supérieur à celui d'autres personnes ayant le même âge, la même expérience et le même environnement. (Carol A. Carman, 2013; National association for gifted children, 2010)
Au Québec, le mentorat comme mesure pédagogique pour favoriser la réussite éducative des élèves est très peu exploité. Pourtant, l’opportunité de développement qu’il représente est incroyable tant pour la personne étudiante que pour l’élève, que ce soit sur le plan de la persévérance scolaire, de l’estime de soi ou encore du leadership. Justement, plusieurs personnes mentores issues de la neurodiversité se sont impliquées dans le programme de mentorat afin d’offrir un accompagnement stimulant sur le plan des apprentissages, ce qui a été jugé comme étant manquant, par moment, dans leur propre parcours scolaire.
Juliette François-Sévigny, étudiante au doctorat
Pour faire partie du programme de mentorat, les élèves devaient présenter une douance ou des manifestations observables de douance, et donner leur accord pour participer. Les parents devaient aussi donner leur approbation. Le projet de mentorat a débuté en octobre 2023.
Au programme, une série de rencontres où la personne mentore accompagne un jeune doué ou une jeune douée dans le développement de son projet personnel ainsi que trois ateliers de découvertes en génie, en informatique et en arts visuels. Ces ateliers ont été déterminés selon les goûts et les intérêts des jeunes.
Comme la douance est encore méconnue au Québec, cette recherche veut répondre aux besoins d’apprentissage d’élèves douées et doués en offrant un accompagnement spécialisé dans la réalisation d’un projet personnel. La participation de nos précieux mentors des deux universités est essentielle. Évidemment, nous aimerions poursuivre l’année prochaine.
Professeur Mathieu Pilon, Département de psychologie
Les objectifs du programme de mentorat visent notamment à favoriser la persévérance scolaire d’élèves douées et doués, leur autonomie et leur développement global cognitif, émotif, langagier, moteur et social, en plus de les aider à se fixer des buts personnels et d’équipe et de les réaliser. Le projet de recherche qui entoure le mentorat vise, quant à lui, à documenter la mise en œuvre du programme, de même que ses répercussions sur le bien-être scolaire d’élèves douées et doués.
Ce sont des enfants qu’on dit « HPI », à haut potentiel intellectuel, explique l’une des enseignantes de l’école primaire du Sacré-Cœur qui accompagne un groupe d’élèves. Ce genre de projet spécial les aide à focaliser leur attention et à rester motivés.
La sélection de l’équipe de mentorat
Plusieurs critères étaient considérés dans la sélection des personnes étudiantes appelées à agir comme mentores, dont avoir de bonnes habiletés relationnelles, être un modèle de persévérance scolaire, avoir de la créativité, être empathique, avoir de l’écoute et être capable de se remettre en question.
Toutes les personnes mentores ont suivi une formation sur la douance et le mentorat. Leur rôle est essentiel dans le projet de recherche-action, puisqu’elles contribuent directement à l’expression du plein potentiel d’élèves doués et douées ou qui présentent des manifestations de douance.
Professeure Marilou Bélisle, Département de pédagogie
Le programme de mentorat inclut notamment trois activités de découvertes et d’exploration à l’Université de Sherbrooke.
Parmi les activités proposées, plusieurs ont été choisies par les mentorés. Les activités ont été préparées pour susciter leur curiosité intellectuelle, en plus de leur montrer le monde de possibilités quant à ce qui se fait dans les murs de l’Université de Sherbrooke.
Juliette François-Sévigny, étudiante au doctorat
Centre de recherche acoustique-signal-humain de l’UdeS
La première activité se tenait au Centre de recherche acoustique-signal-humain de l’UdeS (CRASH) en avril 2024. Trois animateurs ont reçu onze jeunes de 4e, 5e et 6e année : le professeur de génie mécanique Olivier Robin, Mathis Vulliez, étudiant à la maîtrise en génie mécanique, et Pierre Grandjean, professionnel de recherche.
Durant cet atelier, le groupe a discuté de théorie vulgarisée sur le son et a pu visiter les deux salles anéchoïques, dans lesquelles certains jeunes ont joué d’un instrument, ainsi que la chambre de reproduction de champs sonores, dans laquelle on apprend comment faire « bouger » le son grâce à un réseau de haut-parleurs.
Les élèves ont également pu visiter le Studio de création, où les attendait Alexandre Tessier, chargé de cours et ingénieur au Studio de création. Les jeunes ont pu découvrir quelques projets en génie mécanique, en génie informatique et en génie robotique, dont un exosquelette.
Découverte de la programmation informatique
C’est à la Faculté des sciences qu’a eu lieu la 2e activité, où Benjamin Courchesne, finissant au baccalauréat en informatique, avait préparé un atelier de programmation. À partir du logiciel Scratch développé par le Massachusetts Institute of Technology (MIT), les jeunes ont programmé un jeu à trois niveaux à partir de variables prédéfinies.
Je m’implique déjà beaucoup dans la vie étudiante, explique Benjamin Courchesne. Certains jeunes ont fait plus que ce qui leur était demandé, parce qu’ils avaient de la facilité ou qu’ils étaient absorbés par la programmation. Je les ai trouvés allumés!
Arts visuels : exposition et atelier de création
Pour la 3e activité, l’étudiante en arts visuels Jessica Renaud a accompagné les élèves à la Galerie d’art Antoine-Sirois de l’Université de Sherbrooke pour une visite de l’exposition des finissantes et finissants du programme d’arts visuels. En compagnie d’une des artistes de l’exposition Ce qui nous entoure nous transforme, les élèves ont pu contempler des œuvres. Par la suite, le groupe a pris le chemin du Studio de création, où il a pu expérimenter divers médiums et techniques de création.
Le projet de recherche-action reçoit un important soutien sur le plan de l’accompagnement à l’innovation par l’incubateur d’innovations pédagogiques, dans une démarche menée par la professeure Bélisle. Juliette François-Sévigny, accompagnée du professeur Pilon, est incubée pour ce projet depuis quelques mois. Le projet reçoit le soutien du Pôle régional en enseignement supérieur de l’Estrie et du Conseil en recherches en sciences humaines du Canada grâce à une subvention d’engagement partenarial.
À propos de Juliette François-Sévigny
Juliette est étudiante au doctorat en psychologie à l’Université de Sherbrooke. Elle s’intéresse au fonctionnement psychosocial et comportemental des jeunes personnes douées et doublement exceptionnelles. D’autres de ses travaux portent sur le développement d’interventions scolaires, dont le mentorat, destinées à ces jeunes afin de favoriser leur épanouissement. La mission de Juliette est de contribuer à l’actualisation des potentialités des jeunes personnes douées et talentueuses.
À propos de la professeure Marilou Bélisle
Marilou Bélisle est professeure en pédagogie de l’enseignement supérieur à la Faculté d’éducation. Elle a amorcé le projet de mentorat entre personnes étudiantes et élèves du primaire et elle accompagne, par le biais de l’incubateur d’innovations pédagogiques (i2P) qu’elle dirige, l’équipe multidisciplinaire responsable du projet.
À propos du professeur Mathieu Pilon
Mathieu Pilon est psychologue clinicien et professeur au Département de psychologie à la Faculté des lettres et sciences humaines. Il fait partie de l’équipe multidisciplinaire responsable du projet de mentorat et il dirige un projet de recherche-action visant à documenter les effets du programme sur la motivation, l’engagement et le bien-être scolaire des élèves mentorées et mentorés.