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Publication de notes de recherche par la Chaire d'éthique appliquée

La finance socialement responsable expliquée

Trois chercheurs de la Chaire d'éthique appliquée de l'Université de Sherbrooke, Louise Campeau, André Lacroix et Allison Marchildon, ont récemment publié les deux premières notes de recherche d'une série de trois sur la finance socialement responsable (FSR). La première porte sur l'histoire et la définition de ce concept, tandis que la deuxième a pour sujet l'étude des pratiques qui y sont associées.

«Nous souhaitions étudier comment l'éthique intervient dans le domaine de la finance. En effectuant cette vaste revue de littérature sur le sujet, nous sommes en mesure de présenter l'état de la situation de la finance responsable», explique Louise Campeau.

Des influences sociétales

La première de ces deux notes de recherche aborde, dans un premier temps, l'historique de la FSR afin de mieux saisir ce qui lui a donné naissance, l'a définie et lui a permis de croître.

Les auteurs y font notamment état des différentes influences sociétales qui l'ont marquée, par exemple celle provenant des mouvements religieux jusqu'au début du XXème siècle, puis celle générée par le "climat politique passionné" qui règne dans les années 1960 et 1970 et qui ouvre la voie à la FSR telle qu'on la connaît aujourd'hui.

La FSR s'est ensuite développée sous les pressions des outils d'épargne collective, puis sous l'impulsion des consommateurs-épargnants de plus en plus nombreux à vouloir que leurs valeurs soient représentées dans les produits et services consommés. D'autre part, elle s'inscrit aussi en partie dans une tendance sociale plus large, que porte notamment le mouvement du commerce équitable et de la consommation responsable, en faveur d'une réforme du système économique mondial dans lequel l'entreprise devient un des lieux potentiels de changements politiques, sociaux et environnementaux.

En effet, à travers une période d'institutionnalisation, ce mouvement pour une finance alternative a favorisé le déploiement d'une industrie prolifique. Ainsi, divers fonds de placement et d'investissement ont été créés et des sociétés de gestion ainsi que de notation se sont spécialisées dans ce domaine en pleine émergence. Qui plus est, des législations ont été édictées dans certains pays et divers dispositifs ont été proposés, tels que les Principes pour l'investissement responsable de l'ONU et les Principes de l'Équateur, pour ne nommer que ceux-là.

La FSR : processus et visée

La première note de recherche consacre son second chapitre aux deux types de définition qu'ont répertoriés les auteurs. D'une part, la FSR, qui a émergé du concept de "responsabilité sociale des entreprises", est généralement perçue comme un processus favorisant l'intégration de critères extra-financiers dans les décisions rattachées à la sélection et à la gestion des placements et des investissements. Ainsi, pour la plupart des bailleurs de fonds, la FSR vise surtout à concilier la performance financière et leurs préoccupations extra-financières.

Par ailleurs, la FSR est aussi conçue par certains comme un moyen en vue de favoriser le bien commun. La visée de la FSR est alors davantage associée à la qualité du lien social en vue d'un vivre ensemble plus harmonieux et au respect de l'environnement.

Des pratiques diversifiées

La seconde note de recherche s'attarde d'abord aux quatre principales pratiques de la FSR :
1) le placement tamisé, qui consiste à placer de l'argent dans des fonds ayant fait l'objet d'un filtrage en fonction de critères extra-financiers;
2) l'activisme actionnarial, qui vise à exercer une pression sur les entreprises afin qu'elles modifient leurs comportements en fonction des valeurs défendues par les actionnaires activistes;
3) la finance solidaire (ou l'investissement communautaire), dont l'objectif premier est d'offrir du financement à des personnes, groupes ou organismes qui ont difficilement accès au crédit du milieu bancaire conventionnel;
4) le capital de développement, qui fournit du capital-risque à des entreprises dans le but de créer des emplois et de favoriser le développement local.

Une réflexion à compléter par une présentation des acteurs de la FSR

«Cette seconde note de recherche ouvre aussi la voie à la perspective éthique pragmatique que nous voulons développer dans le domaine de la FSR», précise Mme Campeau. Les auteurs soulignent en effet la nécessité d'une réflexion sur les motivations, les préoccupations et les intérêts qui guident les bailleurs de fonds, de même que ceux des acteurs de l'industrie à qui ils transfèrent dans une certaine mesure leurs responsabilités. La troisième note de recherche sur la FSR, qui sera mise en ligne en 2012, sera consacrée à ses multiples acteurs, ce qui permettra aux auteurs d'approfondir cette réflexion.


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