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Mois national de l’histoire autochtone

Une occasion de mieux connaître les histoires autochtones

Spécialiste de l’histoire canadienne avant 1840, le professeur Nathan Ince s’intéresse particulièrement à l’histoire autochtone du pays.
Spécialiste de l’histoire canadienne avant 1840, le professeur Nathan Ince s’intéresse particulièrement à l’histoire autochtone du pays.
Photo : Michel Caron - UdeS

En juin, le Mois national de l’histoire autochtone constitue une occasion privilégiée de reconnaître la richesse de l'histoire, du patrimoine, de la résilience et de la diversité des Premières Nations, des Inuit et des Métis. Spécialiste de l’histoire canadienne avant 1840, le professeur Nathan Ince du Département d’histoire de la Faculté des lettres et sciences humaines s’intéresse particulièrement à l’histoire autochtone – ou plutôt, comme il tient à le préciser – aux histoires autochtones.

« Ça serait plus simple de parler de l’histoire autochtone au singulier, mais ce n’est pas la réalité. C’est vraiment une histoire de pluralité, de diversité. Il y a plusieurs peuples, plusieurs points de vue, stratégies, idéologies, approches… C’est un grand défi d’ailleurs, la prise en compte de la diversité des histoires autochtones à l’échelle de notre vaste territoire », souligne celui qui a rejoint les rangs de l’UdeS en août dernier.

L’expertise de ce passionné de l’histoire des Amériques de l’époque moderne contribue à fournir un éclairage pertinent sur les histoires des peuples autochtones, les projets impériaux en Amérique du Nord, les colonies de peuplement et les relations entre allochtones et peuples autochtones du Québec et du Canada. Un intérêt qui remonte à la période où il étudiait l’histoire et les sciences politiques au baccalauréat, et observait des lacunes par rapport aux dimensions autochtones.

Même si les peuples autochtones font partie intégrante de l’histoire du Canada, on n’en parlait que très peu dans nos cours d’histoire. Rapidement, j’ai trouvé que les réponses n’étaient pas satisfaisantes, et je voulais creuser davantage pour avoir une compréhension plus globale.

Nathan Ince, professeur au Département d'histoire de la Faculté des lettres et sciences humaines

Les archives, essentielles à la compréhension de l’histoire autochtone

Et pour avoir une connaissance plus approfondie de l’histoire et du point de vue autochtones, il est essentiel de fouiller les archives, explique-t-il, puisque les journaux, livres et autres documents de l’époque n’abordent pas ou que très peu ces questions.

Ce dernier cherche alors à comprendre, aux fins de la rédaction d’un article de thèse doctorale qui sera d’ailleurs primé, l’influence et le rôle qu’ont exercé les peuples autochtones dans les rébellions qui secouent le Haut-Canada entre 1837 et 1842.

Si les écrits et mémoires des Patriotes du Bas-Canada comme Louis-Joseph Papineau ou Chevalier de Lorimier sont relativement faciles à dénicher, ceux des chefs et représentants autochtones le sont beaucoup moins. La quête de savoirs de Nathan Ince l’amène alors à consulter les archives du ministère des Affaires indiennes à Bibliothèque et Archives Canada, un travail méticuleux et de longue haleine.

On peut penser que les grandes idées, les grands mouvements pour transformer le monde relèvent davantage des allochtones, mais les peuples autochtones s’intéressaient et prenaient part aux mouvements qui secouaient le monde, ils étaient très très présents.

Professeur Nathan Ince

En parcourant différents documents d’archives comme des lettres, discours et procès-verbaux, il constate que des relations très serrées existaient entre les peuples autochtones et l’administration britannique. Alors que les idées libérales se faisaient de plus en plus populaires, inspirées par les révolutions française et américaine, maintenir de bonnes relations avec les peuples autochtones s’avérait une stratégie intéressante du côté de l’Empire britannique pour tenter de contrecarrer toute velléité d’indépendance de la part des colonies du Canada.

Dans le cas des rébellions patriotiques du milieu du XIXe siècle, les efforts des peuples autochtones visaient à conserver et renforcer le système politique en place afin de conserver leurs acquis avec le régime britannique, qui risquaient d’être réduits avec l’avènement d’un État colonial souverain.

Professeur Nathan Ince

Le reste de l’histoire, avec l’unification des colonies dans la Confédération canadienne de 1867, marquera une véritable transformation dans la position sociale et économique des communautés autochtones au pays. S’ensuivra une période plus trouble où leur autonomie et leur culture seront réduites comme une peau de chagrin.

Le projet de créer une société allochtone aura pour effet, rappelle le professeur, d’effacer pendant des décennies le dessein des communautés autochtones.

Photo : Michel Caron - UdeS

Sans être un spécialiste de la commémoration, l’historien reconnaît que l’instauration d’un mois de l’histoire autochtone, de même que la Journée nationale des peuples autochtones du 21 juin, permet au moins de susciter une réflexion et de se questionner sur le rôle et la place des communautés autochtones dans notre histoire.

Alors que les célèbres pow-wow, ces rassemblements festifs ponctués d’activités culturelles et traditionnelles autochtones marquent le début de l’été, Nathan Ince rappelle que ce n’est que depuis les années 1950 que ces célébrations ne sont plus illégales.

« Ça faisait partie de ce projet d'assimilation, de ce siècle de génocide culturel qui a commencé après la période des rébellions. C’est l’une des histoires qui a vraiment marqué la fin du XIXe et le XXᵉ siècles, et qu’il est important de rappeler pour bien connaître notre histoire, puisque les peuples autochtones en constituent une part importante », conclut le professeur.


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