Aller au contenu

Recherche en géomatique

Venir en aide aux populations vulnérables grâce à la cartographie

Exemple d'une requête montrant certains indicateurs pour le Sénégal.
Exemple d'une requête montrant certains indicateurs pour le Sénégal.
Photo : Capture d'écran de GeoImpact

Dans les pays en voie de développement, mettre en place des infrastructures essentielles, comme un dispensaire en soins de santé ou un accès à l’eau potable, peut s’avérer un processus laborieux demandant une multitude d’informations. Quels villages sont les plus éloignés d’un point d’eau? Quelle est la population de ces villages ou le niveau de pauvreté? Quelle quantité de pluie reçoivent ces régions? Et si toutes les réponses se trouvaient au même endroit?

Une équipe du Département de géomatique appliquée de l’Université de Sherbrooke (UdeS), dirigée par les professeurs Mickaël Germain et Yacine Bouroubi, a récemment réalisé un projet de recherche afin de mieux prédire la vulnérabilité des populations des pays en développement.

La pandémie de la COVID-19 a révélé la vulnérabilité de certaines régions du monde, entraînant une demande croissante pour des analyses en vue d'interventions ciblées. Ce projet est né de la nécessité d'améliorer la précision des prédictions concernant la vulnérabilité des populations face à différentes menaces ou risques environnementaux, sanitaires et socio-économiques.

Mickaël Germain, professeur au Département de géomatique appliquée

Pour mener à bien ce projet, l’équipe de l’UdeS a bénéficié du soutien financier de Mitacs, un organisme subventionnaire qui encourage les collaborations entre le monde de la recherche et les entreprises privées. Ainsi, Damien Echevin et Étienne Lauzier-Hudon de l’entreprise spécialisée en science des données Apexmachina, ont joué un rôle central en prenant en charge l’intégralité du développement technologique du projet. Leur expertise en analyse de données et en développement informatique, associée aux connaissances académiques de l’UdeS, a conduit à la création d'une solution novatrice réunissant des compétences en géomatique, en intelligence artificielle, en statistique et en économie.

Après plus de deux ans de travail, cette équipe multidisciplinaire présente aujourd’hui GeoImpact. Cette plateforme innovante permet un accès instantané et une visualisation intuitive de toutes les données nécessaires, non seulement pour le projet de recherche du Département de géomatique appliquée, mais pour tout autre besoin en analyse de données.

Des prédictions précises pour une meilleure planification

La force de GeoImpact repose sur deux éléments : l’agrégation d’une multitude de banques de données et l’utilisation de l’intelligence artificielle pour effectuer des simulations.

L’application utilise des données satellitaires et géospatiales, ainsi que des enquêtes socio-économiques et des recensements de population, pour offrir une visualisation claire de ces informations sur une carte interactive, semblable à Google Maps enrichi. La plateforme centralise ainsi les données environnementales, sociales, démographiques et économiques de plus de 122 pays.

En regroupant plusieurs sources et banques de données comme Google Earth Engine, OpenStreetMap, IPUMS (banque de données des populations), les Demographic Health Surveys, et bien d'autres, GeoImpact permet de gagner un temps précieux pour les utilisatrices et les utilisateurs, tout en enrichissant l’analyse des données.

Cette agrégation améliore la compréhension des enjeux et défis propres aux pays en développement, et peut renforcer la prise de décision ainsi que la mise en œuvre de solutions adaptées.

Damien Echevin, fondateur de l’entreprise Apexmachina

L’analyse prédictive, alimentée par l’intelligence artificielle, vise quant à elle à affiner les indicateurs de la plateforme, tels que les niveaux de pauvreté, de malnutrition ou les risques climatiques. En modifiant différents paramètres ou indicateurs dans l’outil, l'algorithme de GeoImpact génère des scénarios hypothétiques et arrive à mesurer précisément les impacts potentiels de divers changements, qu’ils soient climatiques, sociaux, politiques, ou sanitaires. Ces capacités de simulation permettent d'optimiser la planification et la répartition des ressources financières, matérielles ou humaines.

L’intelligence artificielle nous permet, par exemple, de créer une cartographie de la pauvreté. Cela offre des outils pour identifier les tendances et élaborer des politiques efficaces. Nous transformons ainsi des données brutes en véritables outils exploitables, facilitant un impact social durable.

Professeur Mickaël Germain

Un vaste potentiel

Les champs d’application d’un tel outil sont considérables. Les gouvernements, les organisations internationales, les entreprises privées et les organismes humanitaires figurent parmi les principaux utilisateurs qui pourraient bénéficier d’une telle plateforme. Cependant, l’équipe souhaite que le champ d’application de GeoImpact s’élargisse avec le temps. On peut penser au potentiel éducatif d’un tel outil, et pas seulement qu’au niveau universitaire.

Grâce à son interactivité, cette plateforme cartographique offre une visualisation rapide et claire, facilitant la présentation d’informations relatives à un pays. L’outil est entièrement personnalisable selon les besoins des utilisateurs et des utilisatrices. Par exemple, une personne enseignante au primaire ou au secondaire pourrait s’en servir dans un cours d’histoire ou de politique.

Damien Echevin

GeoImpact est présentement disponible en accès libre pour la communauté de l’UdeS. Le public externe peut également faire une demande auprès de l’équipe de recherche pour obtenir un accès.


Informations complémentaires