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Assurance autonomie : une solution envisageable pour les soins de santé à la population vieillissante

Dr Réjean Hébert
Dr Réjean Hébert
Photo : Robert Dumont

Le vieillissement de la population entraîne une réflexion majeure sur les soins à apporter aux individus vieillissants. « D'une prépondérance de maladies aiguës au siècle dernier, nous passons maintenant à une ère où les maladies chroniques deviennent plus prévalentes. Le système de santé hospitalocentrique développé aux 19e et 20e siècles s'avère maintenant inapproprié pour faire face aux besoins d'une population vieillissante et se doit d'être recentré autour du lieu de résidence » , mentionne Dr Réjean Hébert, chercheur au Centre de recherche sur le vieillissement, professeur à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l'UdeS et auteur d'un article publié dans la Revue canadienne du vieillissement.

L'hôpital, au cœur du réseau de la santé, dispense des services qui pourraient être donnés de façon plus efficace et économique. Par exemple, décentraliser l'hébergement en soins de longue durée vers le domicile pourrait, entre autres, non seulement réduire les coûts, mais aussi  réduire les impacts néfastes sur les individus comme la dépersonnalisation et l'exiguïté des lieux de vie, la rupture de l'environnement historique et du réseau social, la transmission des infections, la séparation des couples, etc.

Des stratégies pour faire face au vieillissement

Dans son étude, Dr Hébert s'est intéressé aux stratégies qu'ont développées plusieurs pays dont la Suède, le Danemark, les Pays-Bas, l'Allemagne, le Japon et la France. Alors qu'au Québec 17% du budget de la santé est consacré au maintien à domicile, ce pourcentage est de 73 au Danemark et de 43 en France.  Selon le Dr Hébert, en priorisant les soins à domicile et en séparant leur financement du reste du budget de la santé, on favoriserait le virage du monde de la santé. En amont, il y aurait diminution du recours aux urgences et à l'hospitalisation et en aval un raccourcissement des durées de séjours et diminution des patients en attente d'hébergement. Par conséquent, le poids financier lié au vieillissement de la population serait allégé.

Dr Hébert préconise la création d'une caisse financée d'une part par une utilisation plus judicieuse des budgets actuels et des crédits d'impôt, et d'autre part par un investissement significatif dans les soins à domicile. Une allocation de soutien à l'autonomie pourrait ainsi être versée en nature pour financer les services publics ou en espèce pour rembourser des organisations privées, bénévoles ou d'économie sociale. Cette allocation serait établie à la suite d'une évaluation standardisée de l'autonomie fonctionnelle réalisée par le gestionnaire de cas qui assurerait la gestion et la qualité des prestations.

Enfin, cette voie permettrait aux aînés de faire leur choix de services et de les ajuster en fonction d'une plus ou moins grande perte d'autonomie, et ce, sans changer de milieu de vie.