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Les Jeux Olympiques de Londres 2012 vus par Marie-Eve Beauchemin-Nadeau

Marie-Eve Beauchemin-Nadeau, étudiante en médecine à l'UdeS.
Marie-Eve Beauchemin-Nadeau, étudiante en médecine à l'UdeS.

Photo : Denis Germain www.photographiesurlevif.ca

Marie-Eve Beauchemin-Nadeau, étudiante en médecine à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’UdeS, a fait partie de la délégation olympique canadienne aux Jeux Olympiques de Londres 2012. Elle s’est classée 8e en haltérophilie dans la catégorie des 69 kg. L’équipe des communications de la Faculté lui a posé quelques questions.

Quelle a été votre première réaction lorsque vous avez su que vous feriez partie de la délégation olympique canadienne?

Je savais que j’avais de grandes chances de faire partie de l’équipe olympique plus d’un an avant la fin des qualifications. Rien n’était absolument certain, mais plus les qualifications avançaient, plus mes chances de participer augmentaient. Donc, à la fin de la qualification, j’étais très heureuse mais pas particulièrement excitée. Je me disais que ce n’était pas le moment de se relâcher puisque la grande étape – la compétition olympique – était encore à venir et que je devais continuer de tout donner pour être à mon meilleur à ce moment précis.

À quoi ressemble un entraînement olympique dans la discipline de l’haltérophilie?

C’est assez variable d’un athlète à l’autre. Pour ma part, je m’entraînais environ 10 fois par semaine sur 6 jours (un jour de congé par semaine). Un entraînement typique peut durer entre deux heures et trois heures et demie. L’entraînement en haltérophilie est assez typique. On décompose les deux mouvements de compétition (arraché et épaulé-jeté) en plusieurs mouvements et on va en enchaîner plus ou moins selon les besoins. Par exemple, on pourrait faire de l’arraché debout, des tirages d’arraché, des flexions de jambe et un peu de musculation spécifique. La très grosse majorité de l’entraînement se fait avec poids. On commence par un réchauffement dynamique et on termine par des étirements.

Quel était votre objectif personnel en allant à Londres?

Initialement, j’ai pensé que je pouvais faire un top 5. Par contre, quand j’ai vu la liste des participantes dans ma catégorie, qui était beaucoup plus garnie que je m’y attendais, je me suis dit qu’un top 8 serait plus réaliste, mais tout de même difficile! Je me suis classée 8e finalement. Au niveau des charges, j’aurais voulu battre mes meilleures barres. J’y suis parvenue à l’épaulé-jeté (135 kg) mais pas à l’arraché (104 kg); mon meilleur étant de 106 kg. Je suis tout de même sortie du plateau avec un gros sourire, parce que les barres importantes et difficiles, je les ai réussies, et c’est ce qui compte le plus au final en compétition.

Qu’avez-vous aimé le plus de votre participation aux Jeux Olympiques?

Ça va avoir l’air un peu niaiseux, mais c’est ma compétition. J’ai vraiment approché les Jeux comme si c’était un championnat du monde, parce que je n’avais aucune expérience de Jeux Olympiques alors que j’ai fait plusieurs championnats du monde (10 ou 11, je crois). Toute mon énergie était concentrée sur les deux heures de compétition. La sensation qu’on a quand on monte sur le plateau au moment fatidique est indescriptible. La cérémonie d’ouverture était extraordinaire, mais je m’en servais pour augmenter ma motivation et mon inspiration pour le moment de la compétition. La cérémonie de clôture a aussi été très chargée d’émotions pour moi.

Qui a été la personne la plus influente lors de votre aventure olympique et pourquoi?

Christine Girard, une autre haltérophile. Elle lève chez les moins de 63 kg et a terminé 4e à Pékin. À Londres, elle a été médaillée de bronze. Durant les quatre années qui ont séparé ces deux performances, elle s’est levée chaque matin et a fait exactement ce qu’elle devait faire pour être sur le podium en 2012. Je ne parle pas seulement d’entraînement mais aussi d’alimentation, de sommeil, de préparation mentale, etc. Pendant ma dernière année de préparation, j’ai fait une interruption d’études afin d’être mieux préparée pour les Jeux. C’est à ce moment que j’ai vraiment compris la portée de ce que Christine Girard faisait depuis déjà trois ans. J’ai beaucoup d’admiration pour elle, et elle est un modèle pour moi.

Avez-vous eu des surprises?

J’ai été surprise par les Anglais. J’ai été surprise de voir à quel point ils étaient contents de nous recevoir chez eux. J’ai été surprise de voir à quel point ils aiment le sport aussi. Et j’ai été surprise par leur capacité à encourager tout le monde. Je n’avais jamais compétitionné devant une salle pleine, et celle des Jeux l’était. Il n’y avait à peu près pas un siège de libre même si je levais dans le groupe B (le groupe A est généralement celui dans lequel les médaillés lèvent). Aussi, je compétitionnais contre une fille de la Grande-Bretagne, mais la foule m’a encouragée comme si j’étais des leurs.

Pourriez-vous raconter une anecdote farfelue ou comique qui vous est arrivée lorsque vous étiez aux Jeux Olympiques de Londres 2012?

L’ostéopathe qui m’accompagnait à ma compétition n’avait pas compris que je levais dans le groupe B et qu’il y avait un groupe A plein de filles plus fortes que moi qui levaient quelques heures plus tard. Quand j’ai gagné le groupe B, il était convaincu que j’étais médaillée d’or et il ne comprenait pas pourquoi on n’était pas plus énervées que ça. Mon entraîneur, mon accompagnatrice et moi étions très contents de ma performance, mais je devais partir pour aller voir les médias, et mon accompagnatrice a dit à l’ostéopathe qu’il pouvait retourner au Village Olympique, mais lui voulait rester pour la remise des médailles!

Quelles sont les contraintes avec lesquelles vous avez dû composer?

Ce que j’ai trouvé le plus difficile, c’est l’alimentation. L’haltérophilie est un sport de catégorie de poids corporel, ce qui veut généralement dire qu’on doit perdre un peu de poids avant les compétitions (majoritairement de l’eau). Mais pour perdre de l’eau, il faut couper dans le sel, et j’ai trouvé difficile de bien m’alimenter en évitant les aliments salés au Village, puisque que la plupart des plats étaient cuisinés pour des athlètes n’ayant pas besoin de faire attention à leur poids. Les mets étaient donc assez salés.

Pensez-vous faire partie de la délégation pour les prochains Jeux Olympiques?

Je le souhaite ardemment. J’adore mon sport et je suis convaincue que je peux encore m’améliorer. Beaucoup de personnes pensent que les Jeux olympiques sont un objectif final, mais j’ai beaucoup appris aux Jeux de Londres. Je ne recommence pas tout à fait à zéro pour Rio!

Qu’avez-vous retenu de votre passage aux Olympiques?

Comme je le disais, j’ai encore beaucoup de choses à améliorer. Entre autres, je peux améliorer ma préparation mentale et physique pour les compétitions, prioriser de façon différente plusieurs compétitions et aussi améliorer mon alimentation. Je veux aussi augmenter ma précision d’exécution et la vitesse de mes mouvements de compétition.