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Important financement pour soutenir les travaux de la professeure Mélanie Levasseur

Des pistes pour stimuler la participation sociale des aînés

Mélanie Levasseur

Mélanie Levasseur


Photo : Robert Dumont (archives)

La recherche l’a largement démontré : la participation sociale des aînés en perte d’autonomie contribue à leur bien-être, à leur santé et à leur capacité à rester «chez soi» le plus longtemps possible. La capacité de s’investir dans des activités et de s’intégrer dans son milieu dépend souvent de certains facilitateurs, tels la présence de proches aidants, ainsi que des différents intervenants du réseau de la santé et des services sociaux en contact avec la personne.

Les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) consacreront 100 000 $ cette année pour soutenir les travaux de Mélanie Levasseur, professeure à l’École de réadaptation de la Faculté de médecine et des sciences de la santé, dans le domaine de la participation sociale des aînés en perte d’autonomie. Au cœur de son projet : l’adaptation et la validation d’un outil qui permettra un accompagnement personnalisé d’intégration communautaire des aînés à domicile.

Un soutien discontinu

Les travaux de l’équipe menée par Mélanie Levasseur démontrent que les interventions de participation sociale actuelles sont rares et discontinues et qu’elles ne permettent pas de satisfaire pleinement les besoins des aînés. Une des dernières recherches de la professeure Levasseur, publiée dans le numéro spécial sur le «Pouvoir gris» de la revue Gérontologie et société, lui a permis d’explorer la concordance entre les besoins des personnes en perte d’autonomie recevant des services d’aide à domicile et les interventions de diverses ressources pour favoriser la participation des aînés.

L’équipe de recherche a mené une étude de cas sur 11 «triades» composées chacune d’un aîné, d’un proche aidant et d’un intervenant.

«Les interventions proposées aux aînés portent surtout sur la sécurité et l’autonomie lors des soins d’hygiène, de l’habillage, de l’alimentation et des déplacements, dit Mélanie Levasseur. L’offre de services est déterminée par chaque CSSS : on va la plupart du temps donner un bain par semaine aux aînés qui ne sont pas capables de réaliser eux-mêmes cette activité et, en présence d’incontinence, la possibilité de donner un bain supplémentaire est évaluée. Les besoins les moins satisfaits concernent les activités sociales, c’est-à-dire les relations interpersonnelles, la gestion des biens et les responsabilités, la vie communautaire et les loisirs.»

La chercheuse note que les intervenants ont peu de temps et sont peu outillés pour évaluer la participation sociale. Les outils dont ceux-ci disposent actuellement portent surtout sur les activités courantes dont l’hygiène et les déplacements. La connaissance qu’ont les intervenants des ressources disponibles dans le réseau communautaire est aussi souvent partielle.

«Laisser une feuille avec les coordonnées d’organismes communautaires n’est pas suffisant, dit la professeure. Il faut adapter les activités aux capacités des aînés et les accompagner à utiliser les ressources communautaires. Par ailleurs, les besoins de soutien des proches aidants sont aussi peu évalués. Or, on connaît l’importance des proches aidants pour permettre le maintien à domicile des aînés en perte d’autonomie.»

Adapter un programme d’accompagnement existant

La professeure Levasseur cherche comment mieux arrimer les interventions des CSSS aux besoins des aînés. Une des solutions possibles est l’adaptation d’un outil d’intervention déjà existant, l’Accompagnement personnalisé d’intégration communautaire (APIC), projet pour lequel elle vient d’obtenir une subvention de 100 000 $ des IRSC.

L’APIC a été développé et expérimenté avec succès au Québec et en France auprès d’adultes ayant subi un traumatisme craniocérébral (TCC) et à risque de perte d’autonomie fonctionnelle. Or, il y a plusieurs similitudes entre les besoins spécifiques des personnes ayant subi un TCC et ceux des aînés en perte d’autonomie.

«L’APIC permet d’offrir un suivi hebdomadaire de trois heures réalisé par un accompagnateur non professionnel, explique Mélanie Levasseur. Cet accompagnateur est formé et supervisé par un comité de gestion et de partenariat regroupant, entre autres, des aînés, des décideurs, cliniciens et chercheurs impliqués auprès de cette clientèle. Lors du suivi personnalisé, l’accompagnateur stimule la personne à accomplir des activités sociales qui sont significatives pour elle et pour lesquelles elle éprouve des difficultés.»

La professeure Levasseur va adapter l’outil aux besoins particuliers des personnes âgées en perte d’autonomie, puis valider son fonctionnement auprès d’une douzaine de personnes âgées. Si la recherche s’avère concluante, l’APIC pourra ensuite faire l’objet d’autres études afin d’évaluer la possibilité de l’implanter dans diverses régions du Québec et du Canada.