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Diabète : comment éviter l’amputation?

Des chercheurs identifient une protéine, liée à une mauvaise circulation sanguine, qui compromet la guérison lors de blessures

L'étudiante Farah Lizotte et le professeur Pedro Miguel Geraldes
L'étudiante Farah Lizotte et le professeur Pedro Miguel Geraldes
Photo : Robert Dumont

L’équipe de recherche du professeur Pedro Miguel Geraldes vient de publier un article dans l’importante revue scientifique Diabetes. Les chercheurs tentent de mieux comprendre pourquoi les patients diabétiques qui se blessent au pied ou à la jambe sont plus susceptibles de subir une amputation. Résultat : chez les sujets diabétiques, ils ont constaté la présence importante d’une protéine appelée Kinase C delta. L’expression de cette protéine compromet la création de nouveaux vaisseaux sanguins qui sont nécessaires à la guérison.

Créer des réseaux

Lorsqu’on se blesse, notre réseau sanguin permet aux cellules immunitaires du corps de se rendre dans la région blessée et de contribuer à la guérison. Certains patients diabétiques peuvent avoir une réduction, voire une obstruction de la circulation sanguine au niveau des jambes. Ceci a pour effet de réduire la guérison de la plaie lors d’une blessure. Ainsi, la plaie peut s’infecter, menant à l’amputation. « Les patients diabétiques, qui ont des niveaux de sucre élevés dans le sang, n’arrivent donc pas à créer de nouveaux réseaux sanguins pour rétablir la circulation du sang dans la région du pied et ainsi permettre la guérison », explique le professeur Geraldes.

Ce problème a un impact considérable sur les coûts de soins de santé puisque les patients diabétiques sont vingt fois plus hospitalisés pour des amputations des jambes que les patients non diabétiques. De plus, la moitié des patients diabétiques qui subissent l’amputation d’une jambe subiront l’amputation de l’autre jambe. Enfin, le taux de survie pour ces patients est de 50 % pour les cinq années qui suivent.

Des résultats encourageants

L’étude menée sur modèle animal a permis de démontrer que la protéine Kinase C delta est fortement activée dans les muscles qui ont subi une réduction complète du flot sanguin. Cette protéine empêche la création des nouveaux vaisseaux qui permettraient de rétablir la circulation sanguine. « Nous avons démontré qu’empêcher l’expression cellulaire de la protéine Kinase C delta permet une très bonne récupération du flot sanguin, soutient le Pr Geraldes. Le processus de création de nouvelles voies est orchestré par la production de facteurs de croissance. Or, nous avons rapporté que l’activité de ces facteurs de croissance est significativement réduite dans le muscle des modèles diabétiques, mais qu’elle est augmentée chez les modèles ne possédant pas la protéine Kinase C delta. »

L’équipe de recherche a développé une collaboration avec le Dr Marc-Antoine Despatis, professeur à la FMSS, chirurgien vasculaire au Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) et chercheur au CRC Étienne-Le Bel du CHUS. Ensemble, ils pourront valider si cette protéine Kinase C delta est impliquée chez les patients diabétiques qui subissent une amputation.

« Nous espérons que, dans un avenir rapproché, nous pourrons identifier les patients les plus susceptibles de subir une amputation et peut-être les traiter avec un médicament qui favoriserait le rétablissement de la circulation sanguine au niveau du pied, et ainsi éviter l’amputation », conclut le professeur Geraldes.

Les auteurs de l'article publié dans Diabetes: Farah Lizotte, Benoit Denhez, Andréanne Guay, Martin Paré et Pr Pedro Miguel Geraldes.
Les auteurs de l'article publié dans Diabetes: Farah Lizotte, Benoit Denhez, Andréanne Guay, Martin Paré et Pr Pedro Miguel Geraldes.
Photo : Robert Dumont

À propos de l’équipe de recherche

Pedro Miguel Geraldes est professeur à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke depuis juillet 2010. Il est également chercheur au Centre de recherche clinique Étienne-Le Bel du CHUS. Son équipe est composée de : Andréanne Guay (technicienne de recherche), Farah Lizotte (étudiante en biochimie), Martin Paré (étudiant à la maîtrise), Benoit Denhez (étudiant à la maîtrise), Marie-Odile Guimond (assistante de recherche), Marie-Claude Durpès (étudiante postdoctorale) et Nicolas Drapeau (étudiant à la maîtrise).


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