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Mission spatiale pour Mars vers 2030

Prolonger la vie des médicaments dans l’espace

Le futur neurochirurgien Christian Iorio-Morin travaille à prolonger la vie des médicaments dans l’espace dans le cadre d'un stage à la NASA.
Le futur neurochirurgien Christian Iorio-Morin travaille à prolonger la vie des médicaments dans l’espace dans le cadre d'un stage à la NASA.

L’état physique de l’astronaute canadien Chris Hadfield le démontre : les missions spatiales ne sont pas de tout repos pour le corps humain. Déjà la NASA s’intéresse aux conditions de santé des hommes qui conquerront Mars, vers 2030. Un étudiant de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l'UdeS est actuellement au Johnson Space Center de la NASA afin de veiller à prolonger la durée de vie des médicaments dans l’espace.

«J'ai toujours été fasciné par l'espace, indique Christian Iorio-Morin, par ailleurs docteur en médecine et en pharmacologie. C'est risqué, c'est dispendieux, et les raisons sont parfois difficiles à rationaliser, mais en rétrospective, je crois que l'exploration spatiale constitue une étape essentielle de l'évolution de notre civilisation.»

Du 5 au 31 mai, l’étudiant de 26 ans travaille à concevoir un devis pour un système de stockage et d’emballage de médicaments, qui servira lors de vols spatiaux de longue durée, potentiellement vers la planète Mars.

Réalisé dans le cadre de l’externat en médecine, le stage de Christian Iorio-Morin lui a déjà permis de rencontrer le médecin de Chris Hadfield. Ce stage est affilié au programme de médecine aérospatiale de la University of Texas Medical Branch (UTMB). Il s’agit d’une initiation à la médecine aérospatiale par le biais d’un projet de recherche et de rencontres avec les médecins de vols de la NASA et les résidents en médecine aérospatiale de l'UTMB.

Conserver les médicaments dans l’espace

La plupart des astronautes ont eu recours à des médicaments lors de missions de courte durée. Les raisons les plus fréquentes sont le space motion sickness, les céphalées, l’insomnie, la lombalgie et la congestion nasale. Or, une mission vers Mars durerait au minimum deux années et demie. Si des médicaments comme la ciprofloxacine ou la doxycycline (antibiotiques) demeurent stables durant plus de 15 ans, d'autres, comme l'insuline, durent plutôt de 3 à 6 mois... Dans tous les cas, l'ouverture de l’emballage expose le médicament à l'air et à l'humidité ambiants, ce qui limite leur durée de vie.

Peu de données existent sur la stabilité des médicaments dans l'espace, mais une étude préliminaire suggère que la dégradation y serait plus rapide. Les radiations plus nombreuses seraient en cause, tout comme la proportion de dioxyde de carbone, plus riche dans l’air du vaisseau spatial. Les vibrations lors du décollage et le remballage des produits, nécessaire pour optimiser l'espace de stockage, pourraient aussi expliquer les variations de durabilité des médicaments.

«Au mieux, une dégradation entraînera une diminution de leur efficacité, explique le futur neurochirurgien. Au pire, le composé se dégradera en composés toxiques et pourrait porter préjudice à l'astronaute.»

Le système auquel travaille Christian Iorio-Morin vise donc à placer les médicaments dans les meilleures conditions de conservation possibles. «Nous devons évaluer les températures, le taux d'humidité et les quantités de radiations ionisantes provenant du soleil, dit-il. Nous voulons aussi connaître les seuils d’exposition acceptables aux ultraviolets, à la lumière visible, à l'oxygène et au dioxyde de carbone. Une autre équipe travaille quant à elle à choisir les formes de médicaments qui seront apportés à bord.»

Médecin, docteur en pharmacologie et futur neurochirurgien

Originaire de Deux-Montagnes, Christian Iorio-Morin a terminé le programme combiné M. D. et Ph. D. de sept ans offert par la Faculté de médecine et des sciences de la santé. Ses études médicales lui permettent non seulement d'anticiper les médicaments qui seront requis lors d’une mission pour Mars, mais également la façon dont ils doivent être administrés et l'importance de leur conservation. Par exemple, la conservation du Tylenol nécessaire au traitement d'un léger mal de tête s’avère de moindre importance que la conservation de l'adénosine nécessaire au traitement d'une arythmie cardiaque.

«Mon parcours en pharmacologie me permet d'analyser et de comprendre ces différents enjeux et de prendre les décisions en fonction des évidences disponibles dans la littérature scientifique», conclut-il. Christian Iorio-Morin débutera sa résidence en neurochirurgie à Sherbrooke à compter du 1er juillet.