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La plus haute distinction du gouvernement du Québec pour la recherche et le développement en milieu industriel

Professeur Roger Lecomte, lauréat du prix Lionel-Boulet

Pr Roger Lecomte et le LabPETTM
Pr Roger Lecomte et le LabPETTM
Photo : Michel Caron

Roger Lecomte, professeur à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke (UdeS) et chercheur au Centre de recherche clinique Étienne-Le Bel (CRCELB) du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS), est le lauréat du prix Lionel-Boulet 2013, la plus haute distinction attribuée par le gouvernement du Québec dans le domaine de la recherche et du développement en milieu industriel.  Ce prix couronne l’ensemble de la carrière et de l’œuvre d’un chercheur québécois. L'annonce a été faite le 28 octobre par le ministre de la Culture et des Communications, Maka Kotto, et par le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie, Pierre Duchesne, qui ont dévoilé les noms des 13 personnes lauréates des Prix du Québec 2013.

Premier système d’imagerie à base de photodiodes à avalanche

Le professeur Roger Lecomte est un pionnier et un leader en imagerie médicale préclinique au Québec. Il a pensé, développé et, avec ses collaborateurs, commercialisé une nouvelle filière technologique à base de détecteurs à photodiodes pour l’imagerie préclinique dédiée à la recherche médicale.

Dans les années 1980, il démontre qu’en utilisant une photodiode à avalanche, une invention québécoise du Dr Robert J. McIntyre, il peut obtenir des performances suffisantes pour la détection en coïncidence du rayonnement d’annihilation en tomographie d’émission par positrons (TEP ou « PET » pour « Positron Emission Tomography »). Cette découverte l’amène à s’associer au Pr François Duval du Département de génie électrique de l’UdeS et également chercheur au CRCELB pour concevoir l’électronique adéquate pour ces nouveaux détecteurs. Il décide de démontrer la faisabilité de l’imagerie TEP sur la base de cette nouvelle technologie de détection en construisant un scanner dédié aux études sur de petits animaux. À cette époque, le Pr Lecomte obtient un important financement et construit le prototype TEP Sherbrooke, premier scanner au monde à base de photodiodes.

À l’aide de son prototype, il établit l’un des premiers programmes d’imagerie TEP préclinique au monde. En s’entourant de plusieurs collaborateurs, dont le Pr Johan E. van Lier du Département de médecine nucléaire et radiobiologie de la FMSS et chercheur au CRCELB, il démontre avec brio l’intérêt de cette nouvelle modalité d’imagerie préclinique pour la recherche biomédicale. «Le projet de scanner TEP que nous avons réalisé a eu une incidence directe pour un grand nombre de projets de recherche biomédicale », souligne Roger Lecomte. « En effet, il permet d’évaluer quantitativement plusieurs processus physiologiques in vivo comme la perfusion sanguine, divers métabolismes (glucose, oxygène, lipides, etc.) ou la présence de biomarqueurs spécifiques de maladies tels que le cancer. » L’imagerie TEP, qui est la modalité d’imagerie moléculaire par excellence, permet ainsi d’étudier la progression de la maladie ainsi que la réponse à la thérapie chez un même sujet de façon non envahissante.

Commercialisation du LabPET™

En 2002, avec deux ex-étudiants, il fonde la compagnie Avancement Moléculaire en Imagerie (AMI) inc. pour commercialiser les technologies et innovations développées dans son laboratoire. Avec la collaboration du Pr Réjean Fontaine du Département de génie électrique et informatique de la Faculté de génie de l’UdeS, AMI lance le premier scanner commercial à base de photodiodes sous la marque LabPETTM.  En 2007, AMI fusionne ses activités avec Gamma Medica inc., dont la gamme de produits précliniques, incluant le LabPETTM, est commercialisée mondialement par GE Healthcare. Huit ans après son lancement, le LabPETTM est toujours considéré comme l’appareil TEP commercial le plus avancé sur le plan technologique et le plus performant au monde. La technologie des détecteurs à photodiodes est maintenant solidement implantée, avec le tiers du marché préclinique, et commence à être offerte par les principaux manufacturiers de scanners cliniques.

Une alternative aux isotopes médicaux

Lors de la crise des isotopes médicaux en 2009, le Pr Lecomte et ses collègues se font les promoteurs d’une nouvelle filière de production du technétium-99m (99mTc), le radio-isotope le plus utilisé pour la médecine nucléaire dans le monde. Ils démontrent alors qu’il est possible de produire du technétium-99m à l’aide du cyclotron de Sherbrooke pour éventuellement remplacer celui produit originalement au réacteur nucléaire de Chalk River en Ontario. L’avantage indéniable de cette approche est que la source d’approvisionnement est locale et que le 99mTc peut être produit sur demande et sans rejet de déchets radioactifs.

Un pionnier de l’imagerie médicale biomédicale

Physicien de formation, Roger Lecomte est professeur au Département de médecine nucléaire et radiobiologie de la Faculté de médecine et des sciences de la santé depuis 1984. Il est le chef scientifique depuis 2008 du Centre d’imagerie moléculaire de Sherbrooke (CIMS), et directeur de l’Axe d’imagerie médicale au Centre de recherche clinique Étienne-Le Bel du CHUS.

La contribution scientifique du Pr Lecomte est tout à fait remarquable, tant par sa qualité que par son influence sur le développement de l’imagerie moléculaire  sur le plan technique et méthodologique : plus de 200  articles originaux dans des revues internationales avec comités de pairs, quelque 130 présentations à titre de conférencier invité sur les scènes nationales et internationales, 165 comptes rendus de conférences, plus de 530 communications, une centaine de rapports scientifiques et 19 droits de propriété intellectuelle. Sur le plan de la relève scientifique, les quelque 80 étudiants et stagiaires postdoctoraux, et les 130 stagiaires de premier cycle qu’il a entrainés dans son aventure peuvent témoigner de ses qualités de mentor.

Les travaux du professeur Lecomte sur l’imagerie médicale ont eu un impact majeur. La qualité et l'envergure de ses travaux de recherche ont été largement reconnues par la communauté scientifique. Il a été le lauréat du prix J.-Armand-Bombardier d’innovation technologique de l’Acfas en 2009, et du prestigieux prix de distinction David E. Mitchell  de la Fondation Ernest C. Manning lui a été décerné conjointement avec le Pr Réjean Fontaine pour le développement du scanneur numérique LabPETTM en 2012.

« Le prix Lionel Boulet est la plus haute distinction à laquelle on peut aspirer à titre de chercheur au Québec. Cette distinction est un immense honneur sachant que d’autres éminents chercheurs ayant marqué la science l’ont reçu avant moi, souligne humblement Pr Lecomte. »

Le prix Lionel-Boulet

Lionel Boulet (1919 – 1996) fut un ingénieur pionnier de la recherche en génie électrique au Québec à qui l’on doit la fondation de l'Institut de recherche d'Hydro-Québec (IREQ) qu'il dirigea jusqu'en 1982. Le prix Lionel-Boulet reconnaît la carrière de chercheuses et de chercheurs qui se sont distingués par leurs inventions, leur leadership dans le développement scientifique et leur apport à la croissance économique du Québec.

Les Prix du Québec

Chaque année, 13 Prix du Québec sont attribués en hommage à une carrière remarquable dans les domaines culturel et scientifique. Ces prix constituent la plus haute distinction décernée par le gouvernement du Québec pour témoigner de la reconnaissance de la société envers des personnes qui ont contribué à l'avancement social, culturel et scientifique du Québec.

Chacun des lauréats reçoit une bourse non imposable de 30 000 $, une médaille en argent réalisée par un artiste du Québec, un parchemin calligraphié et un bouton de revers portant le symbole des Prix du Québec, une pièce de joaillerie exclusive aux lauréates et aux lauréats.


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