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Innover pour la vie

Nathalie Rivard : chercheuse émérite, professeure passionnée

Photo : Université de Sherbrooke

Chercheuse d’élite, professeure prolifique, gestionnaire visionnaire et mère inspirante, la Pre Nathalie Rivard semble avoir réussi sur tous les fronts.

Le parcours de l’actuelle directrice du Département d’anatomie et de biologie cellulaire de la FMSS est couronné de succès. Et c’est loin d’être terminé. Après 17 ans de carrière, la flamme qui l’animait à ses débuts brûle toujours ardemment. Une passion qui l’a menée à de grandes réalisations scientifiques, à devenir une chef de file mondiale de sa discipline et à incarner un modèle pour une génération de futurs chercheurs.

Véritable leader au sein de la Faculté, Nathalie Rivard est une femme brillante, accessible et passionnée par toutes les facettes de son métier.

Tout a commencé lors d’un stage d’été dans le laboratoire du Pr Jean Morisset à la fin des années 1980. Nathalie est alors étudiante au baccalauréat en microbiologie à la Faculté des sciences de l’UdeS. À l’époque, elle ne se doute pas que ce stage, choisi un peu au hasard, allait influencer le cours de sa vie. «J’ai eu un coup de foudre pour la recherche fondamentale, un domaine qui m’était pourtant inconnu auparavant», explique Nathalie Rivard. Le départ d’une grande carrière scientifique était donné.

L’année suivante, elle effectue un deuxième stage avec le Pr Morisset, puis décide de poursuivre sa collaboration avec lui à la maîtrise et au doctorat en étudiant la physiologie pancréatique. Aux côtés de son mentor, elle travaille avec acharnement et forge petit à petit la rigueur et la discipline scientifique qui allaient faire d’elle une chercheuse d’exception.

La formation

Après des études supérieures couronnées de succès où elle publie sept articles comme première auteure et obtient plusieurs bourses, c’est sans surprise qu’elle décide d’entreprendre un postdoctorat. Un mois seulement après la fin de son doctorat, elle s’envole pour Nice et se joint à l’équipe du Pr Jacques Pouysségur au Centre de biochimie-CNRS. Le réputé chercheur français dirige un imposant laboratoire de biologie moléculaire, discipline entièrement nouvelle pour Nathalie Rivard.

«Je me souviens de la première rencontre du personnel où chacun présentait ses travaux. Le niveau scientifique me paraissait inatteignable. Honnêtement, ça m’a fait peur. Je ne croyais pas être capable de suivre», avoue-t-elle.

Mais Nathalie n’abandonne pas pour autant, au contraire. Elle met les bouchées doubles et assimile les nouvelles connaissances à un rythme effréné. Graduellement, elle prend de l’assurance et n’hésite plus à interagir avec ses collègues, à donner son opinion. «En entrant en contact avec les autres, j’ai pris conscience du fait que je possédais aussi des connaissances qui pouvaient être utiles à l’équipe. À partir de ce moment, je n’ai plus regardé derrière.» Ces quatre années de l’autre côté de l’Atlantique renforcent son amour pour la recherche et ouvrent son horizon scientifique.

Comme avec le Pr Morisset quelques années plus tôt, Nathalie apprend énormément à côtoyer le Pr Pouysségur. «Je n’ai jamais vu une telle passion pour la science! Il nous communiquait ses découvertes avec un enthousiasme hors du commun.» Aujourd’hui, cette même ferveur anime la Pre Rivard, signe qu’elle a bien appris les leçons de son mentor.

Profil en bref
- Biologiste cellulaire, experte dans le décryptage de la signalisation intracellulaire
- Directrice du Département d’anatomie et de biologie cellulaire de la FMSS
- Professeure-chercheuse à la FMSS et au CRCHUS
- Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en signalisation du cancer colorectal et de l’inflammation intestinale
- Membre de comités de pairs pour les demandes de financement soumises aux IRSC et au Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS)
- Membre du Collège des évaluateurs du Programme des chaires de recherche du Canada

La recherche

En 1997, après quatre ans en France, elle revient au Québec pour lancer sa carrière. Devant des offres de plusieurs universités, Nathalie opte pour le Département d’anatomie et de biologie cellulaire de la FMSS, l’un des rares au pays à faire de la physiologie intestinale humaine et à travailler à partir d’une impressionnante banque de tissus humains. «Dès le début, je voulais me trouver une niche où je combinerais mes expertises en physiologie et en biologie cellulaire.» C’est exactement ce qu’elle fit en devenant la première chercheuse au pays à étudier les mécanismes qui contrôlent la signalisation intracellulaire dans le système épithélial digestif. Concrètement, elle s’intéresse à la manière dont la cellule interprète les signaux provenant de son environnement, comme les hormones ou les facteurs de croissance et de stress.

D’abord très fondamentales, ses recherches ont pris une tangente plus appliquée au fil des années. «Mes travaux sont rapidement devenus plus translationnels. Je collabore notamment avec des cliniciens gastroentérologues du CHUS. Ils me fournissent des tissus afin d’effectuer mes recherches dans des pathologies comme le cancer colorectal ou les maladies inflammatoires intestinales.» Ultimement, cette avenue permettra d’identifier de nouveaux biomarqueurs et de nouvelles cibles pour le traitement pharmacologique ou moléculaire de ces maladies.

Toujours à l’affût de nouvelles façons de faire évoluer sa thématique de recherche, la Pre Rivard s’intéresse maintenant à la microflore intestinale. Des études récentes ont démontré que les bactéries et les microbes présents dans l’intestin jouent un rôle déterminant dans l’apparition de plusieurs maladies. Un constat dont la Pre Rivard a vite saisi tout le potentiel. «À ma grande surprise, je reviens à des notions de microbiologie que j’ai étudiées au baccalauréat. C’est ce qu’il y a de beau en science : chaque hypothèse a le potentiel de t’amener à des endroits insoupçonnés.»

Pour Nathalie Rivard, le succès et la reconnaissance des pairs n’ont jamais été un but à atteindre. Elle a toujours accompli son travail avec l’objectif de repousser les limites des connaissances scientifiques de son domaine. Mais quand on est une chercheuse d’exception qui se démarque constamment par l’originalité et la pertinence de ses recherches, il ne faut pas s’étonner de recevoir des honneurs de temps à autre.

En 17 ans de carrière, la Pre Rivard cumule un impressionnant palmarès de réalisations. De ce lot, le Prix d’excellence en recherche décerné par l’Association canadienne de gastroentérologie en 2013 est certainement un fait marquant. Cette distinction, remise aux plus influents savants de cette discipline au pays, est venue couronner des années de travail acharné et confirmer la place de la Pre Rivard parmi les plus grands scientifiques au pays. «J’étais contente d’ajouter mon nom à l’impressionnante liste de récipiendaires, d’autant plus que je suis seulement la deuxième femme à le recevoir. C’est un signe que je fais bien mon travail.»

L’enseignement

Malgré ce succès en recherche, c’est plutôt comme professeure qu’elle espère laisser sa marque. «Quand je forme des étudiants qui ont le potentiel d’influencer positivement leur milieu, de faire une découverte majeure ou d’être à leur tour des professeurs inspirants, je sens que j’ai contribué à bâtir quelque chose qui aura un impact concret dans la vie des gens.»

Les habiletés de formatrice de la Pre Rivard sont indéniables. Son laboratoire est d’ailleurs une véritable pépinière de chercheurs chevronnés. En effet, plusieurs des étudiants qu’elle a pris sous son aile ont rapidement fait leurs preuves et occupent maintenant des postes de chercheurs de haut niveau. Son secret pour former autant de chercheurs de qualité? Un recrutement judicieux, certes, mais aussi une capacité inouïe à transmettre les grandes valeurs inculquées par ses deux mentors, les Prs Morisset et Pouysségur. «Rendu à ce niveau, tout le monde a les capacités intellectuelles pour réussir. Ce qui différencie les bons chercheurs des autres, ce sont les efforts et le travail qu’ils y mettent. C’est ce que je m’efforce de faire comprendre à mes étudiants.»

Les relations qu’elle cultive avec ses étudiants, principalement ceux qui la suivent tout au long de leurs études supérieures, sont aussi très chères à ses yeux. «C’est beau de voir leur évolution et toutes les connaissances qu’ils ont acquises au cours de leur formation. Ça m’apporte beaucoup de mener un étudiant à la fin de son doctorat.» Il faut dire qu’elle les accompagne pendant une période intense de leur vie où il se passe une tonne de choses sur le plan personnel et professionnel. Cela contribue à créer des liens très forts.

La famille

Quand on demande à la Pre Rivard ce dont elle est la plus fière, elle pense immédiatement à sa famille. Il n’y a pas de plus grande réussite à ses yeux que de constater que son succès professionnel n’a pas été obtenu aux dépens de sa vie familiale. Elle avoue qu’il n’est pas facile de concilier les rôles de mère et de chercheuse quand on veut bien réussir dans les deux sphères, car la performance en recherche requiert du temps et un travail acharné. Un conjoint présent et une organisation à toute épreuve ont eu une incidence déterminante dans son cas. «J’ai appris à profiter de chaque moment où je n’étais pas avec mes filles pour penser au travail : la recherche n’était jamais bien loin! Heureusement, mon conjoint m’a dit récemment qu’il n’a jamais senti que je plaçais ma carrière en avant de la famille.»

Il s’agit sans aucun doute du plus beau des compliments pour cette femme qui aura réussi à trouver la recette du succès au laboratoire comme à la maison.

Cet article est tiré du magazine facultaire Innover pour la vie. Produite annuellement, cette publication est destinée principalement aux diplômés et partenaires de la Faculté. Toutefois, elle intéressera toute personne désireuse de se familiariser ou de connaître les projets en santé prioritaires pour la Faculté.


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