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La professeure Christine Loignon rencontre le Rapporteur spécial des Nations Unies

Améliorer l’équité en santé

Pre Sophie Dupéré (Université Laval), Pre Christine Loignon, M. Dainus Pūras, Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à la santé, Mme Caroline Leblanc, professionnelle de recherche à la FMSS.

Pre Sophie Dupéré (Université Laval), Pre Christine Loignon, M. Dainus Pūras, Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à la santé, Mme Caroline Leblanc, professionnelle de recherche à la FMSS.


Photo : Courtoisie

En 2016, 4,2 millions de Canadiens vivaient dans la pauvreté selon le gouvernement fédéral. Ces personnes font face au quotidien à de nombreux obstacles notamment pour accéder aux services de santé et aux services sociaux. Quels en sont les impacts? Quelles innovations permettraient d’améliorer l’équité en santé? Ces questions sont au cœur des travaux de la professeure Christine Loignon de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke et de la professeure Sophie Dupéré de l’Université Laval. Lors d’une rencontre avec le Rapporteur spécial des Nations Unies, Dainus Pūras en novembre dernier les chercheuses ont fait part des résultats de deux recherches participatives menées avec des personnes en situation de pauvreté ainsi que d’initiatives en soins de première ligne au Québec pour pallier les problèmes d’accès vécus par les populations en situation de vulnérabilité sociale et de marginalité.

Contexte de recherche

Dans le cadre du projet ÉQUisanTÉ et du projet LIENSSS - Littératie en santé et services sociaux, elles ont pu mettre en évidence certaines barrières géographiques, économiques, organisationnelles et socioculturelles.

Par exemple, malgré un système universel de soins, les patients ont rapporté des barrières économiques directes lorsque le service n’est pas couvert ou est couvert en partie par le régime d’assurance maladie du Québec (médicaments, soins dentaires, traitements de physiothérapie, psychologue, etc.) ou indirectes lorsqu’il est question des coûts liés au transport, à la garde des enfants, dans le système de santé, etc.

Projet ÉQUIsanTÉ

Dans le projet ÉQUIsanTÉ, les personnes en situation de pauvreté et le personnel professionnel de la santé ont identifié 3 barrières majeures qui nuisent à l’accès et à la qualité des soins des personnes en situation de pauvreté :

  1. Les conditions de vie des personnes en situation de pauvreté;
  2. La faible qualité des interactions entre les professionnels de la santé et les personnes en situation de pauvreté;
  3. La complexité du système de soins de santé.

Projet LIENSSS

Dans le projet LIENSSS, les personnes vivant avec un faible niveau de littératie (personnes analphabètes) ont exprimé des préoccupations similaires. Elles ont rapporté vivre des expériences de stigmatisation et de discrimination dues à leur niveau de littératie et ont mentionné avoir du mal à améliorer leur santé et avoir accès aux services de santé. Elles ont partagé leurs vécus sur des problèmes d’accès à la santé, notamment le temps de consultation, le manque d’écoute des médecins, le coût pour prendre soin de sa santé, les « frais cachés » dans les cliniques, les difficultés en lien avec la prise de rendez-vous en ligne et les répondeurs, l’accès à la saine alimentation et l’accès à un environnement sain.

Plus récemment, des projets menés sur les cliniques communautaires offrant des soins de proximité ont démontré que l’adaptation des pratiques et des interventions au contexte socio-économique et culturel des patients leur permettait d’améliorer leur santé et leur bien-être.

Les innovations pour améliorer l’équité en santé

Depuis les dix dernières années, les chercheuses ont assisté à l’émergence d’initiatives en soins de première ligne au Québec pour pallier les problèmes d’accès vécus par les populations en situation de vulnérabilité sociale et de marginalité. Ces initiatives partagent un certain nombre de caractéristiques fondamentales (participation communautaire, approche globale, approche centrée sur le patient et la population, interdisciplinarité, etc.). Ces expériences organisationnelles, pour la plupart relativement récentes, demeurent peu documentées.

Dans une étude en cours, les chercheuses ont examiné certaines cliniques communautaires offrant des soins de proximité. Celles-ci sont ancrées dans les quartiers, travaillent en concertation avec les citoyens de leurs quartiers et les organismes communautaires. Elles offrent des soins dans la communauté à des personnes en situation de vulnérabilité sociale : toxicomanes, jeunes de la rue, femmes immigrantes précaires, réfugiées, etc.

Les personnes qui fréquentent ces cliniques ont rapporté pouvoir mieux combler leurs besoins au sein de ce type de clinique plus facile d’accès. Elles ont également mentionné recevoir du soutien à plusieurs niveaux, dont la prévention, l'accompagnement dans le système, le soutien à l’autogestion, l'accès à des salles d’entraînement gratuites. Elles ne se sentaient pas jugées par les professionnels de la santé. De plus, elles mentionnaient avoir amélioré leur santé grâce aux différents services offerts. Finalement, elles ont indiqué avoir pu développer des liens sociaux au sein de ces cliniques qui offraient des espaces informels pour discuter et se rencontrer.

Cette rencontre a été rendue possible grâce à la collaboration de ATD Quart Monde, du Centre d’alphabétisation La Jarnigoine et de la coresponsable de l’Initiative patients partenaires de la FMSS, Caroline Leblanc.


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