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Semaine québécoise des personnes handicapées

Briser le plafond de verre

Philippe Labelle est l'un des coordonnateurs accompagnant les étudiantes et étudiants en situation de handicap à l'UdeS.
Philippe Labelle est l'un des coordonnateurs accompagnant les étudiantes et étudiants en situation de handicap à l'UdeS.
Photo : Michel Caron - UdeS

Elles sont de plus en plus nombreuses à oser entreprendre des études universitaires. Alors qu’elles étaient environ 250 personnes en situation de handicap inscrites à l’UdeS en 2009, dix ans plus tard, la proportion sur nos campus s’élève à plus de 1 200. Autant de forces vives qui permettent de refléter la société actuelle dans toute sa richesse et sa diversité.

Les yeux de Philippe Labelle s’illuminent lorsqu’il parle des étudiantes et étudiants qu’il rencontre dans son bureau depuis plus de vingt ans. Coordonnateur au Programme d’intégration des étudiantes et étudiants en situation de handicap, il se réjouit de voir que de plus en plus de ces personnes prennent activement part au monde dans lequel elles évoluent, et que de nombreuses initiatives soient déployées dans notre milieu pour leur permettre de déployer leur plein potentiel :

Je rencontre des étudiants qui ont du guts, qui n’ont pas froid aux yeux. Et sur nos campus, on s’adapte à une réalité autre. À la limite de la créativité et de l’inventivité. C’est extraordinaire!

Des parcours inspirants

Des histoires et des parcours extraordinaires de gens qui foncent en dépit de leur handicap, il en a vus depuis toutes ces années.

Il pense à cette étudiante atteinte de surdité, qui, grâce à l’appui d’une interprète bilingue, a pu se rendre avec elle à New York et décrocher un prestigieux titre de fellow en podiatrie. Parce qu’elle avait bien présenté son projet et expliqué en quoi l’accompagnement d’une personne était essentiel à sa réussite, elle a pu obtenir le financement nécessaire :

Quand tu veux, que tu as de l’imagination et que tu présentes bien ton projet, ça peut marcher!

Plus récemment, il évoque aussi l’histoire d’un étudiant en fauteuil roulant, qui a entrepris des démarches pour l’achat d’un verticalisateur lui permettant de positionner ses jambes de manière à atteindre des objets placés plus haut et de réaliser des manipulations requises dans le cadre de sa formation.

Il souligne d’ailleurs la capacité de l’UdeS à mettre en place rapidement certaines mesures d’accommodement qui contribuent de manière directe à la réussite des étudiantes et étudiants.

C’est le cas d’une étudiante ayant une basse vision, qui a pu faire modifier ses textes en quelques heures grâce à des services de reprographie directement sur le campus, plutôt que d’attendre une version adaptée pour basse vision des ouvrages, qui aurait été plus coûteuse, en plus de présenter des délais d’obtention très longs.

Siégeant au comité stratégique Équité, diversité et inclusion, la vice-rectrice aux études, la professeure Christine Hudon, ajoute :

C’est important pour nous de permettre aux étudiantes et étudiants en situation de handicap de déployer leur plein potentiel. Ils ont une manière unique de vivre et de voir le monde. C’est une contribution essentielle à la richesse de notre communauté universitaire.

Sortir des sentiers battus

Si traditionnellement les étudiantes et étudiants en situation de handicap optaient davantage pour des professions pour lesquelles ils avaient développé une proximité, de par les services de soutien qu’ils avaient eux-mêmes reçus, comme l’adaptation scolaire et l’enseignement, Philippe Labelle remarque que maintenant, les carrières auxquelles ils aspirent sont beaucoup plus diversifiées.

Droit, géomatique, sciences infirmières, génie robotique… l’éventail est large et témoigne de cette volonté d’investir un grand nombre de sphères sociétales.

Le plafond de verre, on veut aller au-delà chez ces personnes-là!

Philippe Labelle, coordonnateur au Programme d'intégration des étudiantes et étudiants en situation de handicap

Nouvellement offert depuis l’automne 2017, le programme de baccalauréat en génie robotique a déjà suscité l’intérêt d’un étudiant en fauteuil roulant, qui, grâce à l’ajustement de tables sur vérins et de tabourets adaptés, peut suivre le programme comme les autres.

Il faut défaire un nœud, ajoute Philippe Labelle, trouver le fil qui leur permettra de déployer énergie, de tirer profil de leur façon de penser.

Il cite par ailleurs des résultats de recherche qui mentionnent la souplesse observée chez des personnes atteintes de dysorthographie ou de troubles déficitaires de l’attention, qui sont habituées à se retrouver dans des contextes de résolution de problèmes. L’incertitude intellectuelle va chercher la créativité chez ces personnes, ce qui peut être un bel atout.

L’inclusion pour toutes et tous

Le coordonnateur reconnaît que plus que jamais, l’heure est à l’inclusion, et que la société ne peut pas priver de ces forces vives sur le marché du travail.

Toutefois, il rappelle que les emplois sont souvent encore définis selon un modèle qui convient plus largement à des gens qui se déplacent avec leurs deux jambes, avec l’ensemble de leurs facultés, selon des horaires à temps complet d’au moins 35 heures par semaine :

On veut les intégrer aux emplois, mais ce sont davantage des demi-tâches ou du temps partiel qui peut convenir dans beaucoup de cas.

Ces aménagements d’horaire ne sont toutefois par le propre des personnes en situation de handicap. Bon nombre de personnes souhaiteraient se prévaloir de ces horaires allégés, bien qu’ils ne présentent pas de limitations particulières.

Il va sans dire que l’inclusion des personnes handicapées dans nos milieux ouvre de nouvelles perspectives, en plus de permettre d’appréhender le monde à la fois de manière inspirante et innovante.


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