Prix Acfas Adrien-Pouliot de coopération scientifique avec la France
Marie-France Morin, celle qui construit des ponts pour améliorer la littératie des enfants
Plus qu’une passion, l’avancement des connaissances sur l’apprentissage de la lecture et de l’écriture chez les enfants est une véritable vocation pour la professeure Marie-France Morin. Elle s’est tellement investie dans cette mission qu’elle a entrainé dans son sillage des dizaines de chercheuses et de chercheurs de la France et du Québec. L’objectif : améliorer la littératie des enfants, compétence qui supporte toutes les autres, la vie durant.
La professeure Morin a construit des ponts entre la France et le Québec, où circulent les innovations, les connaissances, les interventions porteuses pour les écoles et les éclairages importants pour les décideurs politiques. Son œuvre est si solide et utile qu’elle vient de se voir attribuer le Prix Acfas Adrien-Pouliot de coopération scientifique avec la France.
L'intérêt de la professeure Morin pour la recherche collaborative s’est manifesté dès son entrée en poste à l’Université de Sherbrooke en 2002. Dès 2008, elle devient titulaire de la Chaire de recherche sur l’apprentissage de la lecture et de l’écriture chez le jeune enfant jusqu’en 2019.
Aux dires de ses pairs, ses travaux contribuent plus que n’importe quels autres à la vitalité des recherches et des pratiques pédagogiques en lien avec l’apprentissage de la lecture et de l’écriture tant au Québec qu’en France.
Un parcours extrêmement brillant, un engagement sans faille, des contributions pertinentes et robustes à la recherche, un jugement rigoureux. Voilà ce qu’on entend au sujet de la professeure Marie-France Morin.
Pour sa collègue, la professeure Geneviève Paquette, ce n’est pas un hasard si Marie-France Morin a consacré ses travaux à la littératie des enfants.
L’adaptation des enfants et leur épanouissement au cours de leur développement sont entre autres liés à leurs capacités à comprendre le monde qui les entoure et à communiquer leurs idées. Ces capacités sont nourries par la lecture et l’écriture. Dans ce contexte, la lecture et l’écriture sont des compétences importantes, et ce, particulièrement chez le jeune enfant, car on sait que ces compétences soutiennent sa réussite scolaire, sa socialisation et ultimement son insertion dans la communauté et dans le monde du travail.
Professeure Geneviève Paquette, directrice scientifique du Groupe de recherche et d’intervention sur les adaptations sociales de l’enfance
La professeure Marie-France Morin est aujourd’hui une référence incontournable dans toute la francophonie. Sa feuille de route est impressionnante. Des 111 textes scientifiques publiés, acceptés ou sous presse qu’elle compte (articles, chapitres de livre, édition d’ouvrages, dont 69 sont parus dans des revues révisées par les pairs), plus de 40 % ont été réalisées avec des chercheuses ou des chercheurs de la France.
Des travaux d'une valeur inestimable pour le milieu de l'éducation
En plus de ses publications scientifiques et de ses très nombreuses communications dans des congrès, la professeure Morin a publié 35 articles dans des revues professionnelles et a mené nombre d’activités de formation et d’accompagnement. Ses réalisations ont en effet des impacts importants sur la pratique dans le milieu de l’éducation en France et au Québec puisqu’ils se concrétisent en outils pour la pratique des enseignants.
C’est avant tout son indéniable leadership qui contribue de manière exceptionnelle à faire avancer les connaissances et les pratiques autour de l’enjeu crucial de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture chez les enfants.
Au cours des 20 dernières années, la professeure Morin a établi un réseau solide et durable de collaboration avec la France qui fédère plus de 20 experts de 10 universités françaises. Elle oriente les activités scientifiques et de formation de ce réseau qui œuvre auprès de plusieurs auditoires professionnels en les formant au sujet des pratiques de pointe à mettre en place pour favoriser l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et de l’orthographe des élèves.
La professeure Morin est aussi l’instigatrice de projets de recherche ingénieux et interdisciplinaires, comme en témoigne la professeure Geneviève Paquette. « Campé dans les disciplines scientifiques de l’éducation et des lettres et sciences humaines, un des projets des plus innovants a mobilisé une équipe interdisciplinaire (en éducation, en psychologie, en mathématiques, en informatique et en génie) pour adapter et créer des dispositifs technologiques mobiles qui permettent de collecter des données originales auprès de jeunes élèves qui apprennent à écrire dans des écoles du Québec et de la France. »
Les retombées scientifiques de ce projet sont inestimables puisqu’elles ont permis, entre autres, de repousser les limites de la mesure du geste d’écriture chez les enfants, et par conséquent, de mieux connaitre comment les enfants écrivent et apprennent à écrire.
Professeure Geneviève Paquette, directrice scientifique du Groupe de recherche et d’intervention sur les adaptations sociales de l’enfance
Un parti pris pour la relève
Toute cette notoriété n’empêche en rien la professeure Morin de faire preuve d’un dévouement exemplaire auprès de la relève scientifique, qu’elle intègre dans ses projets et dont les contributions sont pleinement mises en valeur quand vient le moment de publier les résultats des recherches.
Près de la moitié de ses publications ont été réalisées avec des étudiantes ou des étudiants sous sa direction, et ce, souvent en collaboration avec la France, voire en cotutelle de thèse. La professeure Morin agit d’ailleurs régulièrement comme examinatrice externe dans le cadre de jury de thèse doctorat ou de mémoire de recherche dans des universités françaises (11 jurys de thèse entre 2004 et 2022 et 2 de mémoire).
Pour les étudiantes et les étudiants sous sa direction, ces expériences de collaboration avec des chercheuses et des chercheurs français leur permettent d’acquérir les compétences à la recherche en contexte international en plus d’agir comme tremplin pour lancer leur carrière scientifique.
Le Prix Acfas Adrien-Pouliot de coopération scientifique avec la France a été créé en 2000 en l’honneur d’Adrien Pouliot, mathématicien, ancien président de l’Acfas et lauréat de nombreuses distinctions françaises. Il est décerné à une chercheuse ou à un chercheur pour souligner l'excellence et le rayonnement de ses travaux et de ses actions menés en collaboration avec la France. Ce prix est parrainé par le Consulat général de France à Québec et le ministère des Relations internationales et de la Francophonie.
Avant la professeure Marie-France Morin, trois professeurs de l’Université de Sherbrooke ont reçu ce prix : le professeur en génie civil, Patrick Paultre en 2006, le professeur en photophysique Pierre Harvey en 2008 et le professeur Louis Taillefer en 2018.