Prix de la meilleure thèse de doctorat
Cette année, la reconnaissance du caractère exceptionnel d’une thèse de doctorat dans chacun des trois grands secteurs de la recherche et de la création, Sciences naturelles et Génie, Lettres et Sciences humaines et sociales, et Sciences de la santé, a changé de nom. En effet, afin de refléter que les Prix sont désormais offerts conjointement par le vice-rectorat à la recherche et le vice-rectorat aux études supérieures, cette reconnaissance porte maintenant le nom de Prix de la meilleure thèse de doctorat. Les critères permettant de déterminer la meilleure thèse dans chaque secteur sont liés aux retombées et aux impacts de la thèse ainsi qu’à la reconnaissance par le milieu scientifique de l’originalité et de l’importance de la contribution, que ce soit par les communications et publications, les prix obtenus, l’offre de bourses pendant et à la suite du doctorat ou encore les offres d’emploi, l’utilisation des résultats par d’autres scientifiques ou par le milieu, l’insertion professionnelle dans une carrière de recherche ou un stage postdoctoral. Les prix consistent en un parchemin officiel et un chèque de 1 500$. De plus, la reconnaissance offerte par les Prix peut servir de tremplin pour les concours québécois et canadien des meilleures thèses.
Michel Pioro-Ladrière - Sciences et Génie
Avant même la fin de son doctorat, M. Michel Pioro-Ladrière avait su capter l’attention de son milieu scientifique. Le monde avait le regard braqué sur ses travaux de recherche. En effet, des propositions de collaborations, d’offres de stage postdoctoral et d’emploi sont venues du Canada anglais, des États-Unis, de la France, de l’Angleterre, de l’Allemagne et du Japon. C’est le groupe Tarucha du Japon qui a remporté la palme. M. Pioro-Ladrière y a accepté un poste de chercheur.
Mais qu’est-ce qui fascine tant dans les travaux de M. Pioro-Ladrière? C’est le rêve d’un ordinateur quantique! Car nous sommes ici dans l’univers de la physique quantique et de la supraconductivité. Ses travaux ont concrètement démontré le haut degré de polyvalence des points quantiques de géométrie latérale et leur grand potentiel d’application pour le traitement quantique de l’information. M. Pioro-Ladrière a également élucidé l’origine du bruit télégraphique dans les dispositifs latéraux (qui nuit à l’isolation de quibits de spin) et mis au point une technique de refroidissement en tension qui permet de s’affranchir de ce bruit. Enfin, il a démontré « qu’une molécule artificielle contenant plusieurs électrons peut se comporter comme deux spins individuels mutuellement couplés » et qu’il est possible « de modifier le couplage entre deux spins excédentaires en variant le champ magnétique ». Cette démonstration aura un impact certain sur la manipulation quantique de l’information. D’où le facteur d’attraction exercé par les travaux de M. Pioro-Ladrière.
L’Université de Sherbrooke joint ses félicitations à celles des experts qui ont évalué les travaux de M. Pioro-Ladrière et partage entièrement leur fascination pour ce jeune chercheur dont l’envergure est déjà internationale.
François Villeneuve - Lettres et Sciences humaines et sociales
La thèse de M. Villeneuve a analysé les difficultés d’exercice que vivent les infirmières-chefs dans les nouveaux rôles managériaux qui leur sont prescrits dans le contexte actuel de la gestion des soins de la santé, contexte marqué par de nombreux changements organisationnels (reconfiguration, rationalisation, aplanissement, etc.). M. Villeneuve a élaboré un modèle de gestion qui intègre deux approches jusqu’à maintenant utilisées de manière indépendante : à savoir les facteurs de contingence liés aux différentes structures organisationnelles et les dimensions du travail des infirmières-chefs (travail clinique, travail administratif et travail managérial). Mais il y a plus, la recherche de M. Villeneuve a mis en lumière une nouvelle dimension du travail des infirmières-chefs: le travail compensatoire, dont le nouveau modèle tient compte.
Les résultats de la recherche de M. Villeneuve pourraient se résumer ainsi : les facteurs structurels d’établissement exercent une influence prédominante sur l’exercice des rôles managériaux de niveaux stratégique et fonctionnel. Le nouveau modèle conduit à la définition du contenu et des conditions d’exercice du travail des infirmières-chefs et offre aux directions d’autres hôpitaux préoccupées par le repositionnement du travail du cadre infirmier un excellent outil de gestion. D’ailleurs, plusieurs acteurs du réseau de la santé et des services sociaux du Québec ont déjà manifesté un vif intérêt à l’égard des résultats de la thèse de M. Villeneuve. Monsieur Villeneuve occupe présentement un poste de professeur à l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.
Lucien Junior Bergeron - Sciences de la santé
Dans sa recherche doctorale M. Lucien Junior Bergeron a conçu un système d’inactivation des gènes ingénieux et original basé sur le ribozyme delta, un enzyme dont l’ARN a une activité catalytique. Ce système est unique et a fait l’objet d’une demande de brevet.
Mais avant d’arriver à ce résultat, M. Bergeron a démontré que le ribozyme delta était beaucoup plus spécifique que le milieu l’avait perçu. Puis, il a fait la preuve de concept que le ribozyme pouvait bel et bien être utilisé en milieu cellulaire avec efficacité. Finalement, par design rationnel, M. Bergeron a inventé le concept SOFA (Specific On/Off Adapter), qui a permis d’augmenter la spécificité du ribozyme d’environ 800 fois. Ce serait la première fois qu’il est possible de démontrer qu’un ribozyme arborant n module-cible-ARN-dépendant peut être activé par son propre substrat, ce qui du coup réduit considérablement les risques de coupures non-spécifiques dans le traitement de cellules malades. En fait, pour le dire autrement, le ribozyme peut être vu comme un ciseau moléculaire et la contribution de M. Bergeron a été de rendre ce ciseau plus précis, plus ciblé et plus rapide.
Le système d’inactivation de M. Bergeron est maintenant utilisé par d’autres chercheurs, ce qui lui confère la reconnaissance du milieu. L’Université de Sherbrooke est particulièrement fière de la thèse de M. Lucien Junior Bergeron et nous lui souhaitons une magnifique carrière de chercheur et d’expert dans l’utilisation des acides nucléiques en thérapie génique. M. Bergeron est présentement en stage postdoctoral à l’Université de Simon Fraser, en Colombie-Britannique.