Plan d’action 2021-2026 pour et avec les peuples autochtones
Mettre en lumière les réalités, les savoirs et les perspectives autochtones à l’UdeS
K’wasan8bna (nous éclairons). C’est l’engagement de l’Université de Sherbrooke envers la réussite, l’accueil des membres des peuples autochtones, et la reconnaissance de leurs savoirs et de leurs cultures sur les campus et au sein des différentes missions universitaires. Une promesse qui se traduit par un plan d’action bien garni d’une quarantaine de mesures concrètes, toutes inspirées par une volonté de rendre notre société plus équitable et plus juste.
L’UdeS reconnaît et endosse la volonté de changement exprimée par les mouvements de solidarité et de mobilisation au Québec et ailleurs au Canada. C’est pourquoi elle compte œuvrer à la réconciliation par l’accès à l’éducation et par la reconnaissance des savoirs autochtones, répondant ainsi aux appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada (2015) et de la Commission Viens (2019).
Le plan, qui se décline en trois grands axes, formalise une série d’engagements exprimés par l’UdeS pour créer un milieu socialement et culturellement sécuritaire, qui comprend les réalités et les enjeux des peuples autochtones.
« Il y avait déjà beaucoup d’initiatives à l’Université de Sherbrooke, portées notamment par les facultés. Les communautés autochtones étaient jusqu’à maintenant interpelées de toutes parts par différents groupes de l’Université », explique la vice-rectrice aux études, Christine Hudon, qui codirige toute cette démarche avec la directrice du Bureau du Ndakina du Grand Conseil de la Nation Waban-Aki, Suzie O’Bomsawin.
Ce plan d’action va maintenant nous permettre de faire encore plus, et de nous concerter pour mieux travailler avec ces communautés.
Professeure Christine Hudon, vice-rectrice aux études
En effet, les collaborations sont multiples, d’abord avec la Nation W8banaki (Abénakise), puisque l’Université est située sur un territoire ancestral w8banaki, mais aussi avec plusieurs autres communautés autochtones, comme les Atikamekw, les Innu et les Eeyou (Cris) avec lesquels les facultés entretiennent des liens importants.
Un milieu d’études et de travail accueillant pour développer son plein potentiel
Œuvrer à la réconciliation par l’accès à l’éducation suppose qu’on renseigne les personnes autochtones sur l’offre de programmes, les services qui leur sont offerts, l’aide financière, etc. L’UdeS entend y arriver en collaborant, par exemple, avec les agents et agentes de liaison en enseignement postsecondaire, avec les centres d’amitié autochtones, et avec les services aux étudiantes et étudiants autochtones dans les établissements.
Y a-t-il des obstacles à l’admission pour les membres de ces communautés? Si oui, corrigeons la situation.
Une fois sur place à l’UdeS, les étudiantes et étudiants autochtones seront désormais accompagnés pour tenir compte de leurs besoins spécifiques tout au long de leur cheminement. Mentorat, tutorat, reconnaissance des acquis, bourses de recrutement et de persévérance sont au programme, ainsi que des activités culturellement adaptées pour souligner les moments clés du parcours universitaire.
« La réussite et la persévérance des personnes étudiantes reposent grandement sur la capacité de l’UdeS à offrir un accompagnement culturellement sécurisant et pertinent, et ce, tout au long du parcours universitaire », renchérit Jean-Simon Charlebois, coordonnateur au recrutement et aux affaires autochtones à la Faculté de droit. On trouve d’ailleurs à la Faculté de droit un salon aménagé et décoré spécifiquement pour les étudiantes et étudiants autochtones.
Le plan d’action prévoit également accroitre la présence de personnel membre des peuples autochtones sur ses campus et vise à ce que ces milieux de travail soient stimulants et enrichissants pour eux. Cela se traduit d’abord par un recrutement stratégique, notamment au sein des fonctions de recherche et d’enseignement.
« Nous communiquons les offres d’emplois de l’UdeS à diverses communautés, commissions scolaires, centres d’études ou d’amitié autochtones du Québec. Nous mettons à la disposition des gestionnaires impliqués dans la sélection du personnel des capsules de formation et d’information sur la culture et la réalité autochtone. Il en va de même en ce qui concerne les appels de propositions pour des chaires de recherche du Canada, où la composition des comités de sélection comprend une ressource détenant une expertise reconnue en collaboration avec les peuples autochtones », explique Bruno Paradis, directeur des services-conseils en ressources humaines à l’Université de Sherbrooke.
Pour développer son plein potentiel, on doit pouvoir évoluer dans un environnement sécuritaire.
Pour les peuples autochtones, cela peut vouloir dire un lieu de rassemblement et d’autres dispositifs qui favorisent l’esprit de communauté et de soutien. Cela passe aussi par la sensibilisation de la communauté universitaire à la richesse des cultures autochtones et à leurs réalités historiques et contemporaines.
À travers le développement d’un savoir-être à l’égard des peuples autochtones et par une meilleure prise en compte de leurs enjeux spécifiques dans les instances et les orientations universitaires, l’UdeS entend favoriser le plein épanouissement des personnes issues des peuples autochtones au sein de la communauté universitaire.
Révéler la richesse des savoirs autochtones
Et si l’Université développait une culture qui inclut les savoirs et les perspectives autochtones dans ses activités pédagogiques? Ou encore si on faisait en sorte que plus de stages soient offerts dans les milieux autochtones? Ces mesures font partie d’une volonté de favoriser la production et la diffusion des savoirs autochtones. Pour ce faire, l’UdeS devra prendre en compte les priorités et les besoins identifiés par les peuples autochtones en enseignement et en recherche, en travaillant avec les communautés autochtones partenaires.
Le professeur René Lemieux dirige le Centre de recherche collaborative autochtone – Atalwijokadimek. Habitué au travail de recherche avec les communautés autochtones, il insiste dans toutes ses démarches sur le respect mutuel et l’acceptation de la diversité.
Depuis quelques années, le monde universitaire prend conscience de l’importance de la collaboration lorsqu’il s’agit de faire de la recherche sur des enjeux autochtones. Les épistémologies autochtones, notamment, apportent souvent une perspective plus complète aux projets de recherche issus de partenariats entre autochtones et allochtones. La présence de personnes autochtones dans les projets dès leur conception est à cet égard essentielle.
Professeur René Lemieux, directeur du Centre de recherche collaborative autochtone – Atalwijokadimek
La coprésidente du comité institutionnel pour les peuples autochtones, Suzie O’Bomsawin, collabore au projet Awikhiganisaskak, qui vise à établir un Centre de documentation en langues et cultures autochtones. Ce centre représente pour elle un bel exemple d’une démarche fondamentale.
Notre identité et notre culture reposent grandement sur la conservation de notre langue ancestrale; c’est pourquoi nous sommes très préoccupés par son déclin. Ce centre va nous permettre de faire avancer sa réappropriation par notre Nation, sa préservation et son rayonnement.
Suzie O'Bomsawin, coprésidente du comité institutionnel pour les peuples autochtones
Lumière sur les cultures autochtones
Avec le présent plan d’action, l’UdeS entend mettre les bouchées doubles pour rendre encore plus visibles l’histoire, les cultures et les langues autochtones sur les campus par toutes sortes de mesures allant de l’installation de repères ou de symboles visuels témoignant de l’histoire, des cultures et des langues autochtones jusqu’à l’acquisition d’œuvres d’art.
« Nous avons tout un volet axé sur le rayonnement des cultures autochtones. Nos campus se prêtent bien à cette démarche avec notre centre culturel, nos galeries d’art, nos espaces extérieurs », s’enthousiasme la vice-rectrice Christine Hudon.
Enfin, le plan d’action prévoit plusieurs mesures pour inventorier les initiatives et les bonnes pratiques sur nos campus, concerter les actions, et communiquer au plus grand nombre cette culture de réconciliation.