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En partenariat avec la SAQ et la Ville de Montréal

Recycler des bouteilles… pour construire des ponts

Photo : Michel Caron - UdeS

Quelque 70 000 bouteilles de vin seront détournées des lieux d’enfouissement grâce aux travaux d’une équipe de recherche de l’UdeS ayant mis au point du béton à base de poudre de verre qui servira à la construction de deux ponts à l’Île-des-Sœurs.


C’est une première mondiale, et l’UdeS est fière de pouvoir mettre l’épaule à la roue. Jumelant percée en ingénierie et principes de développement durable, le projet conduit avec la Ville de Montréal et la Société des alcools du Québec (SAQ) permettra de remplacer 40 000 kg de ciment par de la poudre de verre recyclé, une technologie mise au point par le professeur Arezki Tagnit-Hamou et son équipe, de la Faculté de génie.

Un béton révolutionnaire signé UdeS

Depuis le 24 avril dernier, la poudre de verre en remplacement du ciment dans la production de béton est officiellement reconnue par la norme américaine ASTM C1866. Et c’est justement l’équipe du professeur Tagnit-Hamou, dans le cadre de la Chaire SAQ de valorisation du verre dans les matériaux, qui a contribué à l’élaboration de cette norme :

Le fait d’être appuyée par une norme démocratise l’utilisation de la poudre de verre par les entreprises. Au Canada, la poudre de verre est aussi normalisée depuis décembre 2018 dans la norme CSA A3000. La Chaire a joué un rôle important dans l’élaboration de ces deux normes.

Professeur Arezki Tagnit-Hamou, titulaire de la Chaire SAQ de valorisation du verre dans les matériaux

En matière de valorisation du verre dans les matériaux, l’expertise de l’UdeS est telle qu’on considère l’institution comme une pionnière en Amérique du Nord.

Mieux résister aux sels de déglaçage

Le béton fabriqué à base de verre se veut plus durable, en plus de concourir à réduire notre empreinte environnementale.

William Wilson, professeur adjoint, Département de génie civil et de génie du bâtiment, Université de Sherbrooke; Étienne Cantin Bellemare, ingénieur, chargé de projet, Ville de Montréal; Vincent Caviola, responsable de chantier, Ville de Montréal; Marie-Hélène Lagacé, vice-présidente, Affaires publiques, Communications et Responsabilité sociétale, Société des alcools du Québec; Christian Marier-Pilon, directeur, Responsabilité sociétale, Société des alcools du Québec; Sylvain Ouellet, responsable des infrastructures, Ville de Montréal
William Wilson, professeur adjoint, Département de génie civil et de génie du bâtiment, Université de Sherbrooke; Étienne Cantin Bellemare, ingénieur, chargé de projet, Ville de Montréal; Vincent Caviola, responsable de chantier, Ville de Montréal; Marie-Hélène Lagacé, vice-présidente, Affaires publiques, Communications et Responsabilité sociétale, Société des alcools du Québec; Christian Marier-Pilon, directeur, Responsabilité sociétale, Société des alcools du Québec; Sylvain Ouellet, responsable des infrastructures, Ville de Montréal
Photo : SAQ

« Un des avantages à remplacer une partie du ciment par de la poudre de verre, c’est qu’on substitue un matériau qui est polluant à produire par un matériau de postconsommation, explique le professeur William Wilson, collaborateur dans la Chaire. Mais aussi, le verre permet de produire un béton plus durable, entre autres parce qu’il va mieux résister aux sels de déglaçage. »

En effet, les chlorures qu’on retrouve dans les sels de déglaçage ont tendance à pénétrer dans le béton et à faire rouiller les armatures. Grâce au matériau innovant développé par l’équipe du professeur Tagnit-Hamou, combiné à l’utilisation d’armatures en acier inoxydable, le concepteur des ponts Darwin estime pouvoir prolonger de 25 à 50 ans leur durée de vie, évaluée à la base à 75 ans.

« D’un point de vue écologique, on est vraiment gagnants, précise le professeur Wilson. Les structures durent plus longtemps, ce qui réduit leur empreinte écologique par année de service. »

Le fruit de 15 ans de recherche

Faire passer le verre du cellier au pilier a nécessité des années de recherche dans les laboratoires de l’UdeS, depuis la création de la première Chaire SAQ de valorisation du verre dans les matériaux, en 2004.

Photo : Michel Caron - UdeS

« Créer un béton qui répond aux contraintes de l’industrie a comporté son lot de défis, souligne le professeur Wilson. Voilà 15 ans que le professeur Tagnit-Hamou s’investit à faire normaliser le matériau. Nous sommes rendus à l’étape où on l’utilise dans les structures! »

La Ville de Montréal utilise le matériau depuis plusieurs années dans la confection de trottoirs. Or, avec les ponts Darwin, c’est la première fois qu’on utilisera la poudre de verre dans un béton structural.

L’Université de Sherbrooke est toujours très fière d’être associée à des projets concrets qui prennent forme sous nos yeux − et nos roues! – et qui représentent l’aboutissement de recherches assidues en laboratoire.

Jean-Pierre Perreault, vice-recteur à la recherche et aux études supérieures


Au cours des prochaines années, la Chaire travaillera à développer de nouveaux types de bétons et d’utilisations structurales, à faire l’accompagnement technique auprès de l’industrie et des propriétaires d’ouvrage, et à analyser le cycle de vie du béton de poudre de verre. Elle assurera aussi le suivi des ponts en évaluant régulièrement la performance du béton.