L’UdeS et le CIUSSS de l'Estrie - CHUS désignés Centre d’excellence bioMérieux

Le 11 novembre 2024, bioMérieux, entreprise française basée aux quatre coins de la planète et spécialisée dans le diagnostic in vitro, était de passage à la Faculté de médecine et des sciences de la santé (FMSS) pour officialiser la désignation de Centre d'excellence AMS (Antimicrobial Stewardship) accordée à l'Université de Sherbrooke et au CIUSSS de l'Estrie - CHUS.

C'est le premier partenariat du genre à voir le jour au Canada et le 15^e au monde.

La conférence de presse s'est déroulée en présence du ministre délégué à l'Économie, Christopher Skeete, du recteur de l'Université de Sherbrooke, Pierre Cossette, du doyen de la FMSS, Dominique Dorion, de la directrice générale et vice-présidente chez bioMérieux, Julie Émond, de la directrice générale adjointe aux programmes santé physique générale et spécialisée au CIUSSS de l'Estrie-CHUS, Annie Boisvert, et du professeur et adjoint au doyen pour les projets structurants à la FMSS, Louis Valiquette.

D'autres invitées de marque étaient aussi de la partie, dont la députée fédérale de Sherbrooke, Élisabeth Brière, et la députée de St-François, Geneviève Hébert.

Le fruit d'une relation partenariale privilégiée

Ce n'est pas un hasard si bioMérieux avait l'UdeS et le CIUSSS de l'Estrie-CHUS dans la mire pour leur concéder le titre de Centre d'excellence puisque les deux institutions entretiennent des liens étroits et ont à leur disposition des installations sophistiquées, dont les laboratoires de microbiologie et infectiologie ainsi que les laboratoires du nouveau Pavillon de santé de précision et de recherche translationnelle (PSPRT).

Rappelons aussi l'histoire à succès de Lumed, entreprise fondée par deux étudiants et le professeur à la FMSS Louis Valiquette, qui a été acquise au début de l'année 2024 par bioMérieux, permettant ainsi aux deux entreprises de travailler en synergie pour améliorer la pratique médicale afin que les patientes et patients soient mieux pris en charge.

Lire l'article : Lumed : d'un projet étudiant à un partenariat international

Cette désignation est le reflet de la relation privilégie entre bioMérieux, la FMSS de l'UdeS et le CIUSSS de l'Estrie-CHUS. Ce nouveau partenariat vient soutenir la médecine de précision et est un signe de notre engagement commun à réunir nos efforts afin de contribuer à la lutte contre l'antibiorésistance.

Marie-Claude Battista, directrice du Bureau de la valorisation et des partenariats

Ces Centres d'excellence, initiés par bioMérieux, visent à fournir des solutions, des compétences et des services à forte valeur ajoutée dans le but d'améliorer les pratiques en matière de bon usage des antibiotiques. Cette désignation vient ainsi paver la voie à des avancées prometteuses dans le domaine de l'antibiorésistance grâce à des solutions fondées sur le diagnostic et l'analyse des données.

Un mot sur l'antibiorésistance
Chaque année, la résistance aux antibiotiques, aussi nommée antibiorésistance, cause plus de 700 000 morts dans le monde. Un nombre qui pourrait grimper jusqu'à 10 millions en 2050, dépassant ainsi le total des décès liés au cancer. Alors que certaines bactéries sont naturellement résistantes aux antibiotiques, d'autres peuvent développer ou acquérir une résistance envers ces médicaments avec le temps. Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), il s'agit d'un phénomène naturel, mais « le mauvais usage des médicaments chez l'homme et l'animal accélère le processus ». L'antibiorésistance favorise ainsi l'apparition de « superbactéries » qui ne peuvent quasiment plus être traitées. L'OMS classe même l'antibiorésistance comme « l'une des plus graves menaces » pesant sur la santé mondiale ». Source : MSSS

Ce que nos chercheurs en pensent

Philippe Martin, professeur-chercheur au Département de microbiologie et d'infectiologie à la FMSS et microbiologiste-infectiologue au CIUSSS de l'Estrie-CHUS, est d'avis que cette désignation de Centre d'excellence facilitera l'accès à des technologies de pointe. « Cela permettra l'utilisation en clinique de tests de détection rapide de pathogènes dans différents échantillons. On peut donc s'attendre à être capable d'identifier et de traiter plus rapidement une personne souffrant de pneumonie, d'arthrite septique ou de septicémie par exemple. Cette désignation est aussi l'occasion de nous joindre à un vaste réseau de collaborateurs, facilitant ainsi la publication de résultats significatifs ».

Simon Lévesque, aussi professeur-chercheur au Département de microbiologie et infectiologie à la FMSS, abonde dans le même sens et affirme que cette désignation démontre une reconnaissance accrue du leadership qu'exerce l'UdeS et le CIUSSS de l'Estrie-CHUS dans le domaine de l'antibiorésistance. « Cette entente va favoriser les collaborations et le maillage avec d'autres institutions pour développer des projets de recherche conjoints et encourager les échanges académiques. En tant que leader dans le domaine, bioMérieux pourra nous propulser en offrant du financement, des équipements et des ressources technologiques. Cela renforcera les capacités de diagnostic de notre laboratoire de microbiologie et son impact sur la santé des patients et patientes. »

Simon Couillard, professeur-chercheur au Département de médecine de la FMSS et chercheur au Centre de recherche du CHUS, renchérit et ajoute que ce partenariat constitue un levier supplémentaire pour faire avancer les soins cliniques et la recherche de pointe pour les infections comme la pneumonie, grâce à de nouveaux tests diagnostiques moléculaires : « Actuellement, nous avons des données robustes démontrant que les résultats de culture d'expectorations – un test du dernier siècle – sont positifs dans seulement un cas sur quatre. Dans ce contexte, nous avons souvent recours aux bronchoscopies pour évaluer les pneumonies graves, sans pouvoir identifier le germe infectieux. Un test moléculaire permettrait de détecter rapidement les vestiges de pathogènes, d'affiner les traitements antibiotiques, d'accélérer la guérison et de ralentir l'antibiorésistance ».

Pr Couillard pourra en outre poursuivre une étude soutenue par bioMérieux et portant sur la microbiomique des crises d'asthme. Grâce au Centre d'excellence bioMérieux, il vise une nouvelle étude pilote intégrant la médecine de précision et des tests rapides au triage des urgences en période de virus. « Ce type d'étude, financée par l'industrie, ouvre la voie à des essais cliniques randomisés qui impactent réellement la pratique médicale et la santé publique, tout en impliquant des personnes étudiantes qui sont les chercheurs et les chercheuses de demain », déclare Pr Couillard.

Comme l'antibiorésistance est une menace croissante pour la santé mondiale, grâce à cette collaboration, nous faisons un pas de plus vers un avenir où les infections résistantes aux antibiotiques seront mieux gérées et traitées.

À propos de Philippe Martin
- Professeur-chercheur au Département de microbiologie et infectiologie de la FMSS
- Microbiologiste-Infectiologue au CIUSSS de l'Estrie-CHUS

À propos de Simon Lévesque
- Professeur au Département de microbiologie et infectiologie de la FMSS
- Spécialiste clinique en biologie médicale, CIUSSS de l'Estrie - CHUS

À propos de Simon Couillard
- Professeur-chercheur au Département de médecine de la FMSS
- Chercheur au Centre de recherche du CHUS
- Pneumologue et chercheur-clinicien au CIUSSS de l'Estrie-CHUS

À propos de Louis Valiquette
- Professeur et directeur du Département de microbiologie et infectiologie de la FMSS
- Microbiologiste et infectiologue au CIUSSS de l'Estrie–CHUS et chercheur au Centre de recherche du CHUS (CRCHUS)
- Cofondateur et directeur médical de Lumed

Une recherche qui s'élève à la puissance dix!
Ce n'est pas un hasard si l'Université de Sherbrooke se démarque en recherche. Son secret? Le mariage judicieux du partenariat, de la mutualisation et de l'interdisciplinarité, trois forces qui font désormais sa renommée. Apprenez-en plus sur ce qui a propulsé l'UdeS 10^e en recherche au Canada.