Cancer chez les personnes aînées
Trois expertises unies pour contrer la fatigue liée aux traitements oncologiques
Démontrer que l’exercice aérobie peut réduire la fatigue liée au cancer et ainsi améliorer la qualité de vie des personnes âgées qui suivent des traitements de chimiothérapie, c’est ce qu’une équipe composée de chercheuses et de chercheurs de différents domaines à l’Université de Sherbrooke s'est donné comme objectif. La professeure-chercheuse Eléonor Riesco et les professeurs-chercheurs Michel Pavic et Tamàs Fülöp ont uni leurs forces et connaissances afin de mener une étude des plus avant-gardistes!
Lorsque je faisais ma maîtrise, j’avais le souhait de trouver une seule manière de soigner les gens avec l’exercice. C’était complètement utopique! En fin de compte, c’est quand même vers ce résultat que je m’oriente. Je développe de nouvelles connaissances qui vont nous permettre d’améliorer la santé des personnes âgées, et cela me rend très fière.
Professeure-chercheuse Eléonor Riesco
Une étude innovante pour les personnes atteintes du cancer
Les résultats de cette étude pilote permettront de quantifier la réponse immunitaire dans la circulation sanguine lors d’une séance d’exercice chez des personnes traitées par chimiothérapie, et de vérifier les effets de l'exercice sur la fatigue liée au cancer dans les jours suivant la réception du traitement.
Cette étude pourrait alors ouvrir la voie à des études de grande envergure permettant de mieux comprendre comment le cancer et ses traitements affectent la qualité de vie des personnes atteintes ainsi que les mécanismes sous-jacents aux bénéfices associés à la pratique d’exercice supervisée pendant la période des traitements.
L’interdisciplinarité à l'œuvre
Pour mener à bien l’étude, l’équipe doit comparer l’entraînement modéré et l’entraînement par intervalles effectué la veille d’un traitement. Ainsi, elle peut analyser les résultats de ces deux types d’exercice sur la réponse immunitaire et sur les variables biologiques impliquées dans la fatigue, tout en observant les effets secondaires sur le niveau de fatigue, le sommeil, etc., et ce, pour les jours qui suivent.
Pour pouvoir répondre aux différents objectifs que l’équipe de la professeure Riesco s’est fixés, des spécialistes de deux domaines en santé se sont greffés à l’étude.
Oncologie
En effet, comme oncologue, le professeur-chercheur Michel Pavic est en contact direct avec ces personnes aînées qui, du jour au lendemain, voient leur vie basculer à l’annonce d’un diagnostic de cancer. C’est en discutant avec elles des différentes options de traitement que le Dr Pavic énonce les bienfaits de l’activité physique sur la fatigue liée au cancer et l'impact sur les risques de rechute. Il est convaincu que le dialogue concernant ce sujet est crucial, puisque bouger lorsque l’on souffre de fatigue liée au cancer n’est nullement intuitif.
Par ailleurs, ayant une vision globale de l’impact des traitements de chimiothérapie et d’immunothérapie sur la santé de ces personnes selon leur situation, le Dr Pavic peut intervenir en guidant l’équipe quant aux éléments à prendre en considération lors de la prescription d’exercice.
Son rôle consiste ensuite à aider l’équipe à bien comprendre les effets de l’activité physique en fonction des divers profils de patientes et patients, par exemple, en vérifiant si celle-ci a augmenté ou diminué la capacité de la personne à suivre ses traitements.
Il est prouvé que l’activité physique permet d’améliorer la tolérance aux traitements et de diminuer les risques de rechute. Les kinésiologues sont donc les personnes idéales pour mettre les patientes et patients en mouvement, les guider et éviter les blessures, pour que ce soit agréable et pour que leur état progresse dans le bon sens. L’activité physique doit devenir quelque chose qui s’inscrit dans le long terme et non pas juste une séance de temps en temps.
Professeur-chercheur Michel Pavic
Gériatrie et réponse immunitaire
Expert en gériatrie, mais aussi en immunologie, le professeur-chercheur Tamàs Fülöp fait aussi partie des spécialistes qui se sont joints à cette étude novatrice afin de la faire évoluer.
Rappelons-nous que l’équipe souhaite créer un effet synergique entre l’exercice et les traitements de chimiothérapie ou d’immunologie afin que ses patientes et patients, des personnes aînées, puissent en retirer les meilleurs bénéfices possibles. Ainsi, par son expertise, il mène l’équipe à se questionner sur les cellules immunitaires à analyser ainsi que sur la façon de prendre les mesures pour arriver à des résultats pertinents qui répondront à l’objectif principal de l’étude.
À propos d’Eléonor Riesco
Eléonor Riesco est physiologiste de l’exercice et professeure-chercheuse à la Faculté des sciences de l'activité physique et au Centre de recherche sur le vieillissement, la professeure-chercheuse s’intéresse particulièrement à l’inflammation comme mécanisme impliqué dans le développement de problématiques de santé chez les personnes vieillissantes et âgées (65 ans et plus) et à la façon dont l’exercice peut résorber cette inflammation. C’est grâce aux intérêts de recherche de deux de ses étudiants et étudiantes, Hugo Parent-Roberge et Adeline Fontvieille, qu’elle s’est intéressée à la réponse du système immunitaire et au cancer. Pour elle, les étudiants sont une source d’inspiration sans fin.
À propos de Michel Pavic
Professeur-chercheur au Département de médecine et au Centre de recherche du CHUS, Michel Pavic est hémato-oncologue et chef de service de son département. Depuis près d’une vingtaine d’années, il développe une expertise en ce qui a trait à la fatigue liée au cancer ainsi qu’aux bénéfices de l’activité physique sur les symptômes du cancer.
À propos de Tamàs Fülöp
Expert en gériatrie, mais aussi en immunologie, Tamàs Fülöp est professeur-chercheur du Département de médecine et membre du Centre de recherche sur le vieillissement.