Palmarès Québec Science 2022
Découverte marquante à l’UdeS contre la résistance aux antibiotiques
Si rien n’est fait pour contrer la résistance aux antibiotiques, 50 millions de personnes pourraient mourir d’une infection bactérienne chaque année à compter de 2050. Selon le magazine Québec Science, la solution que proposent le professeur de biologie Sébastien Rodrigue et son équipe est si prometteuse qu’elle pourrait devenir la découverte québécoise la plus marquante de l’année 2022.
Pour s’attaquer à cet enjeu de santé majeur, le professeur Rodrigue et son équipe ont développé une technologie capable de modifier la composition des communautés de bactéries présentes dans le microbiote.
« L'augmentation rapide de la résistance aux antibiotiques est causée par des échanges de gènes entre les bactéries, résume le professeur Rodrigue. Nous nous sommes demandé si nous pouvions retourner contre les bactéries les armes que celles-ci utilisent, puis de nous servir de leurs propres stratégies à notre avantage. »
La technologie développée est composée d’une bactérie probiotique modifiée génétiquement et d’un outil de livraison qui contient un module CRISPR, un ciseau moléculaire pouvant être programmé pour détruire le matériel génétique des bactéries possédant des gènes de résistance.
Notre technologie se démarque des autres en raison de son mécanisme complètement nouveau, qui utilise le transfert d'ADN d'une bactérie à l'autre pour lutter contre la résistance aux antibiotiques.
Professeur Sébastien Rodrigue
Aux yeux du vice-recteur à la recherche et aux études supérieures de l’UdeS, le professeur Jean-Pierre Perreault, cette découverte contribue de façon marquée à l’avancement des connaissances, l’une des bases qui assure le bien commun dans nos sociétés :
Si la découverte du professeur Rodrigue et de son équipe a retenu l’attention de Québec Science, c’est pour sa grande valeur scientifique, mais aussi pour ses retombées tangibles. En effet, non seulement ont-ils trouvé une solution applicable à un enjeu de santé planétaire, mais ils ont également réfléchi à l’application de leur découverte, pour qu’elle serve vraiment à la société dans un avenir plus ou moins rapproché.
Jean-Pierre Perreault, vice-recteur à la recherche et aux études supérieures
Le produit final pourrait consister en un probiotique donné aux patientes et aux patients sous forme de comprimé ou de liquide à boire.
Le vote est ouvert jusqu’au 16 février!
Vous trouvez cette découverte remarquable? N’oubliez pas d’aller voter sur le site de Québec Science. Vous avez jusqu’au 16 février 2023 à 23 h 59.
Expérience étudiante inédite
On s’en doute : développer une technologie capable de déjouer les bactéries résistantes aux antibiotiques et réussir à la livrer dans le microbiote s’est dressé comme un défi scientifique. Pour Kevin Neil, premier auteur de l’article scientifique en lice et étudiant au moment de la découverte, l’expérience s’est avérée fabuleusement formatrice. La technologie a entre autres fait l’objet d’une demande de brevet et est au cœur de la création d’une entreprise.
« Avec le professeur Rodrigue, j’ai cofondé TATUM bioscience en parallèle de mes études supérieures pour pouvoir commercialiser la technologie. Ainsi, outre la science, qui a été une grande partie de mon doctorat, j’ai eu la chance d’avoir accès à des cours d’entrepreneuriat par l’entremise de l’Accélérateur de création d'entreprises technologiques (ACET) Banque Nationale, où j’ai appris toutes sortes de choses en propriété intellectuelle, en comptabilité et en gestion des affaires. Cela a vraiment bien complété mon parcours universitaire. »
Celui qui collabore à ce projet depuis son deuxième stage au baccalauréat reconnaît que la place faite à l’UdeS aux personnes étudiantes est enrichissante.
Recevoir une reconnaissance comme celle de figurer parmi les 10 découvertes de l’année de Québec Science, on ne s’imagine pas vivre ça dans notre parcours universitaire.
Kevin Neil, stagiaire postdoctoral et premier auteur de l’article scientifique
Nancy Allard, une autre étudiante ayant contribué aux travaux du professeur Rodrigue, se sent particulièrement fière de la persévérance dont a fait preuve l’équipe de recherche. Elle croit d’ailleurs que cette découverte a le potentiel de vraiment changer la donne face à cet enjeu de santé :
Mon rêve le plus fou par rapport à cette découverte-là, c’est qu’on parvienne vraiment à traiter des infections qui sont résistantes aux antibiotiques chez les humains, et que ça serve vraiment à la société.
Nancy Allard, diplômée du doctorat en biologie, membre de l'équipe de recherche
Manifestement, un projet à suivre de près!
L’équipe derrière cette découverte marquante
Sébastien Rodrigue, chercheur en microbiologie et biotechnologie, professeur au Département de biologie de la Faculté des sciences et membre de l'Institut de recherche sur le cancer de l'Université de Sherbrooke (IRCUS); Vincent Burrus, également professeur-chercheur au Département de biologie; Alfredo Menendez, professeur-chercheur au Département de microbiologie et infectiologie; Kevin Neil, stagiaire postdoctoral; Nancy Allard, diplômée en biologie moléculaire et cellulaire (3e cycle); Patricia Roy, diplômée en biologie (2e cycle); et Frédéric Grenier, professionnel de recherche.