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Passer du temps en nature sur ordonnance médicale?

Les professionnels et professionnelles de la santé s’intéressent de plus en plus aux bienfaits de la nature sur la santé et certains vont même commencer à prescrire du temps en nature.
Les professionnels et professionnelles de la santé s’intéressent de plus en plus aux bienfaits de la nature sur la santé et certains vont même commencer à prescrire du temps en nature.
Photo : Michel Caron - UdeS

Imaginez qu’une professionnelle ou qu’un professionnel de la santé vous prescrive du temps en nature pour améliorer votre santé mentale. Cela vous surprendrait? Professeure à la Faculté de médecine et des sciences de la santé (FMSS) de l’Université de Sherbrooke au programme de formation médicale à Saguenay, Isabelle Bradette aspire à ce que l’exposition à la nature devienne un pilier de la santé au même titre que l’activité physique, le sommeil et la saine alimentation.

La médecin est également ambassadrice de Prescri-Nature, le premier programme québécois de prescriptions d’exposition à la nature basé sur des données probantes. Il a comme mission de sensibiliser et d’éduquer la population générale et les professionnelles et professionnels de la santé sur les bienfaits de la nature sur la santé.

Isabelle Bradette, professeure au Département de médecine de famille et de médecine d'urgence.
Isabelle Bradette, professeure au Département de médecine de famille et de médecine d'urgence.
Photo : Fournie

Pour la professeure Bradette, tout changement de société passe par l’éducation. Son plus grand souhait serait donc que l’apport de la nature à la santé soit éventuellement un objectif d’apprentissage officiel dans les programmes de médecine.

Persuadée qu’un jour prescrire du temps en nature sera ancré dans la pratique de la médecine, elle reconnaît que de modifier des notions théoriques dans les programmes ne se fait pas du jour au lendemain.

C’est normal que ce ne soit pas instantané. Mais moi, je vois quand même une belle effervescence et un bel intérêt. Les gens sont motivés, et je ne suis pas inquiète que ça va suivre son cours.

La professeure souligne également qu’une recommandation écrite et prescrite vaut plus aux yeux des patientes et des patients. Une ordonnance de temps à l’extérieur envoie donc un message clair : s’exposer à la nature devrait être un besoin de base et faire partie des saines habitudes de vie.

Bien plus qu’un sentiment de bien-être

Passer du temps à l’extérieur a des effets physiologiques et psychologiques qui sont prouvés scientifiquement. La médecin relève de nombreux impacts sur la santé mentale, dont une baisse significative des symptômes de dépression et des symptômes reliés à l’anxiété. Des études démontrent aussi une meilleure qualité du sommeil. Elle mentionne également une amélioration de la concentration chez les enfants vivant avec un trouble de déficit d’attention avec ou sans hyperactivité. De plus, la professeure Bradette rapporte qu’une personne aînée qui passe du temps à l’extérieur va contribuer à ralentir son déclin cognitif.

La santé physiologique bénéficie également des bienfaits de la nature. En effet, selon la littérature scientifique, le taux de cortisol, l’hormone du stress, s’abaisse après 20 minutes au grand air. Les bénéfices psychologiques de sensation de calme, d’apaisement et de bien-être s’expliquent notamment par une diminution de la tension artérielle et de la fréquence cardiaque. La médecin déclare que le système immunitaire jouit aussi des impacts positifs de l’exposition à la nature. Elle explique que certaines cellules de défense sont augmentées et stimulées. Sans compter que mettre le nez dehors n’a pas d’effet secondaire, est gratuit et est accessible, rappelle la professeure.

Mieux comprendre les bienfaits de la nature sur la santé a également du bon pour la planète. En effet, Isabelle Bradette évoque que la population sera plus propice à prendre soin de l’environnement lorsqu’elle sera conscientisée aux bienfaits de la nature sur la santé. Elle va, par le fait même, découvrir à quel point la nature est riche.

Les gens qui ont un contact plus sentimental, plus émotionnel avec la nature vont développer des comportements plus pro-environnementaux, donc des comportements plus écoresponsables.

L’UdeS, un milieu novateur

Bien que les bienfaits de l’exposition à la nature sur la santé ne soient pas encore enseignés aux étudiantes et aux étudiants en médecine, la professeure se réjouit de remarquer que certains membres du corps professoral de l’Université de Sherbrooke commencent à intégrer ces notions dans leurs cours.

De plus, depuis l’an dernier, une activité optionnelle sur Prescri-Nature est offerte dans le cadre du cours Apprentissage par le service en communauté au programme prédoctoral à la Faculté de médecine et des sciences de la santé. Les personnes participantes sont invitées à passer au moins vingt minutes dans un parc à proximité ou en nature pour ensuite décrire les bénéfices ressentis dans leur journal de bord.

La FMSS a aussi désigné octobre comme étant le Mois de la forêt afin d’amplifier le respect, la gratitude et l’attachement qu’on ressent envers la nature, dont la protection est incontournable pour la santé humaine. Différentes activités sont organisées pour outiller la communauté sur les bienfaits de la nature sur la santé et lui rappeler l’importance de protéger l’environnement.

Le Mois de la forêt démontre qu’il y a un engouement et aussi un désir d’intégrer les bienfaits de la nature sur la santé populationnelle, au-delà de la santé individuelle.

Isabelle Bradette insiste sur le fait qu’une simple exposition passive à la nature peut être bénéfique. Jardiner, s’asseoir sur un banc de parc, avoir des images de nature à la maison : ce sont toutes des façons simples de ressentir les bienfaits de la nature.


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