Rencontre avec le professeur Patrick Vermette
Du génie au service de la santé
Et si l’on arrivait désormais à construire de nouveaux organes humains en cultivant des cellules en trois dimensions? En combinant leurs expertises, leurs créativités et leurs passions, le professeur Patrick Vermette et ses étudiantes et étudiants développent des projets innovants dans le domaine de la santé.
Il y a du vivant là-dedans!
Le professeur Patrick Vermette travaille au Département de génie chimique et de génie biotechnologique depuis 2001. Par son rôle de spécialiste en biofabrication, il joue un rôle essentiel dans le domaine du génie tissulaire et des biomatériaux grâce à la manipulation de cellules et de tissus. La grande partie de ses travaux reposent sur la culture de cellules en trois dimensions pour fabriquer des organes et des tissus. Le professeur s’intéresse aussi à la biofabrication, du point de vue de la fermentation utilisant des micro-organismes.
Un travail d’équipe
La clé selon lui se trouve dans la collaboration avec les étudiantes et étudiants. Ce qu’il apprécie dans son métier, c’est de contribuer au développement des individus. Très vite il repère leur potentiel et les aide à arriver là où ils le souhaitent. Pour ceux et celles qui ont envie de continuer leurs projets à la maîtrise ou en entrepreneuriat, il joue un rôle de mentor et aide à valoriser leurs idées.
Il s’agit avant tout d’une approche de coaching, d’un travail d’équipe. Je collabore avec des étudiantes et étudiants autonomes, créatifs, qui ont de l’ambition. Mon rôle est de les faire devenir meilleurs dans leur secteur, meilleurs que moi, et ce, très rapidement.
Professeur Patrick Vermette
Des attelles annulaires sur mesure
Un bel exemple de collaboration entre le professeur et ses étudiantes et étudiants est ce projet sur lequel Matthew Adams, étudiant au baccalauréat en génie biotechnologique, travaille, en étroite collaboration avec le Dr Hugues Allard-Chamard, rhumatologue. Les personnes atteintes d’arthrite développent, au fil du temps, des douleurs au niveau des mains, allant de l’inflammation aux gonflements des jointures, à la déformation des doigts. Matthew a développé des attelles annulaires qui réduisent les déformations, et, de ce fait, diminuent la pression sur les jointures, l’inflammation et la douleur.
Bien que les recherches avancent, l’arthrite reste une maladie incurable. Ce projet a pour but de soulager la personne dans son quotidien. Mon approche est très personnalisée, chaque bague imprimée est faite sur mesure, en fonction de la main du patient.
Matthew Adams
L’avantage majeur de ce type de production est le procédé en trois étapes distinctes de Matthew. D’abord, le scanner permet d’obtenir la forme géométrique précise de la main. Ensuite vient le design de la bague à l’ordinateur, puis, finalement, son impression grâce à l’imprimante 3D. Matthew est capable d’imprimer des bagues faites sur mesure, ce qui représente une belle innovation pour les personnes atteintes de la maladie d’arthrite en comparaison avec les attelles vendues à plus grande échelle.
Si ce projet a pu voir le jour, c’est en partie grâce à la Fondation Huguette et Jean-Louis Fontaine et au Fonds technologique au service de la santé créé l’année dernière à la Faculté de génie. Grâce à une collaboration entre la Faculté de génie et la Faculté de médecine et des sciences de la santé, Matthew a obtenu un stage durant son baccalauréat qui lui a permis d’œuvrer sur ce projet.
Une membrane à partir de cellulose bactérienne
Un autre exemple de cette collaboration est AxCell Labs, un projet d’entreprise novateur signé Jérémie Chaussé et Vincent-Daniel Girard, étudiants à la maîtrise en génie chimique de type recherche, qui a vu le jour dans les laboratoires du Pr Vermette de l’Université. Il a pour but de répondre aux complications chirurgicales, des opérations à la tête. Ces dernières étant causées par des implants sous-cutanés qui, lors de leur contact avec la peau, peuvent l’éroder jusqu’à même la percer. Le projet vise la création d’un biofilm biocompatible avec le corps fait de cellulose bactérienne, lequel pourra être utilisé en chirurgie de reconstruction. Il serait placé entre l’implant et la peau afin de protéger cette dernière.
Le pansement d’AxCell Labs est une solution préventive plutôt que curative. Il permettra d’éviter un bon nombre de souffrances physiques et psychologiques inutiles aux personnes victimes de complications après le traitement d’un trauma crânien.
Vincent-Daniel Girard, vice-président d’AxCell Labs
Sa teneur en eau élevée, sa résistance et sa pureté lui donnent une posture idéale pour diverses utilisations chirurgicales et font de ce projet une réelle innovation en la matière. Au sein de ce projet, le professeur Vermette a endossé le rôle de mentor et a transmis ses compétences en biomatériaux et microbiologie. AxCell Labs est un projet propulsé par l’accélérateur de création d'entreprises technologiques (ACET) et qui a été récompensé par plusieurs prix, dont le Prix Recherche du concours Createk et le Prix Coup de cœur étudiant du Défi OSEntreprendre Estrie.
Ces projets permettent de faire de fortes avancées d’un point de vue du génie et de la santé. Une chose est certaine: l’avenir est prometteur et livrera certainement d’autres projets novateurs dans le domaine.