Bonne santé et bien-être
Quand l’éducation physique et le développement durable font équipe
Enseigner l’éducation physique et à la santé au primaire et au secondaire pose de nombreux défis que le développement durable permet de surmonter de manière surprenante, et ce, dès la formation universitaire.
Les enseignantes et enseignants d’éducation physique font plus que faire jouer au ballon. En tant que vecteurs de comportements sociaux harmonieux et de bonnes habitudes de vie, ils exercent un travail essentiel dans les écoles.
« La pandémie l’a clairement démontré : les enfants ont besoin de situations de socialisation où ils peuvent bouger et s'épanouir à travers le mouvement », résume Jean-François Desbiens, vice-doyen à la formation à la Faculté des sciences de l’activité physique (FASAP) de l’UdeS.
Or des travaux de recherche montrent que l’éducation physique est une matière dépréciée dans le milieu scolaire. Celles et ceux qui l’enseignent doivent aussi composer avec des classes plus nombreuses où la gestion du comportement et de l’effort ajoute une couche de complexité à leur tâche, tout comme la difficulté à préserver l’esprit sportif des jeunes et à maintenir l’intérêt des filles pour l'activité physique.
Pour redonner ses lettres de noblesse à la profession et pour bien outiller les étudiants et les étudiantes qui enseigneront cette matière, la FASAP s’inspire des principes de développement durable.
Ce texte est le cinquième d’une série qui illustre chaque mois l'intégration du développement durable dans la formation à l'UdeS, par l'entremise d'initiatives et d'exemples liés à l'un des 17 objectifs de développement durable (ODD) de l'ONU. Les éléments de la formation en sciences de l’activité physique dont il est question dans le présent texte mettent en valeur l'ODD 3 – Bonne santé et bien-être ainsi que ses indicateurs canadiens.
Tirer son épingle du jeu en début de carrière
Donner à toutes et à tous la possibilité de vivre en santé, c’est permettre à l’ensemble de la collectivité de devenir plus forte. Dans cette optique, on saisit vite l’importance des cours d’éducation physique au primaire et au secondaire.
Cependant, entre l’élève qui a oublié ses souliers de course, les écarts de conduite, le manque de motivation de la classe et la surcharge de travail, les jeunes enseignantes et enseignants d’éducation physique et à la santé sont nombreux à se sentir dépassés et à choisir de quitter le navire en début de carrière.
Pour le professeur Desbiens, intégrer le développement durable dans la formation permet justement aux étudiantes et étudiants de donner un sens élargi à leur futur travail.
Quand tu vis difficilement ton insertion professionnelle, tu te poses des questions sur ta mission en te demandant "à quoi je sers?" . En examinant les objectifs de développement durable, on s'est rendu compte qu'on avait peut-être là une clé pour consolider le sens de la mission que les jeunes enseignantes et enseignants ont à remplir dans la société.
Jean-François Desbiens, vice-doyen à la formation à la FASAP
Oui, les cours d’éducation physique servent à bouger, mais enseigner comment s’occuper de sa santé, c’est aussi donner des outils à long terme pour tendre vers un meilleur équilibre mental, pour adopter un mode vie actif, pour vivre des interactions sociales saines, etc. C’est le genre de réflexion que les personnes étudiantes sont amenées à faire tout au long du baccalauréat.
« L’éducation physique contribue même à la réussite scolaire », renchérit le professeur Desbiens, en précisant que l’ajout de cours d’éducation physique à l’horaire ne semble pas avoir d’impact négatif sur le rendement des enfants, bien au contraire.
Comment est reçue cette intégration du développement durable dans la formation à la FASAP? Bien qu’un peu nébuleuse au départ, elle est plutôt bien accueillie. À vrai dire, l’aventure prend une dimension… expérientielle!
Le vivre pour mieux l’enseigner
La formule privilégiée pour la formation des futures personnes enseignantes est axée sur l’expérience : « Avec le type de clientèle qu'on a aujourd'hui à l'université, si on enseigne juste par la théorie, on va l’échapper, précise le vice-doyen. Il faut aussi qu'elle puisse vivre les apprentissages, qu’elle puisse expérimenter. »
Randonnées en forêt, essai de parasports, compétitions amicales entre les personnes étudiantes : les expériences d’apprentissage sont nombreuses durant le programme. Et lorsque des situations inattendues surviennent lors de ces activités, de la tricherie par exemple, les possibilités d’apprentissage sont accrues : « Après, on fait un retour en leur posant des questions comme : "Comment vous êtes-vous sentis? Maintenant, qu'est-ce qu'on peut faire pour éviter ces situations à l’école?" »
Un travail réflexif s’ensuit donc sur des thèmes comme l’équité, la justice et la marginalisation : « Les notions de développement durable – santé, bien-être, justice, équité – sont vraiment au cœur de la mission des jeunes enseignants d’éducation physique, et donc on les retrouve dans nos formations. »
Il faut dire qu’en matière d’objectifs de développement durable, le terrain de jeu est vaste pour l’élaboration d’innovations pédagogiques à la FASAP.
Jumeler les matières et maintenir l'intérêt des filles
Selon le professeur Desbiens, pour influencer encore plus les jeunes en matière de santé physique et de mieux-être, il pourrait être intéressant de mixer les matières, l’éducation physique et l’écologie, par exemple :
« Les enseignants d’éducation physique pourraient travailler en équipe avec les titulaires de classe au primaire ou avec les spécialistes des cours de biologie ou d’écologie au secondaire, afin de préparer des sorties de plein air axées sur la sensibilisation à la protection de la faune et de la flore. On ferait ainsi encore mieux notre travail auprès des jeunes. »
Cette interdisciplinarité serait profitable aux enfants, mais, pour la concrétiser, le milieu scolaire doit offrir des conditions propices à la collaboration, rappelle le vice-doyen : « Pour monter des modules éducatifs qui comprennent des objectifs partagés, les enseignants ont besoin de temps. Présentement, ils sont débordés. »
Offrir des cours d’éducation physique qui plaisent aux filles est une autre dimension liée au développement durable que la FASAP explore dans ses formations. Ayant étudié cette question dans le cadre de travaux de recherche, le professeur Desbiens croit qu’il y a un enjeu majeur d’équité dans la façon dont sont pensés les cours d’éducation physique :
« En vieillissant, les filles ont tendance à développer des émotions négatives face aux cours d’éducation physique et à la santé. Elles deviennent aussi moins actives physiquement que les garçons. Pourtant, bouger est essentiel pour tout un ensemble de raisons très bien documentées. L’enjeu est majeur. »
Adapter l’offre de cours en accordant moins d’importance à la compétition et davantage à l’engagement, à la persévérance, au dépassement et à la conquête de soi est l’une des pistes de solution explorées.
Chose certaine, le développement durable trouve un écho favorable dans les formations offertes à la FASAP. Ce mariage entre les sciences de l’activité physique et le développement durable est même profitable aux futures et futurs kinésiologues, comme le précise Jean-François Desbiens. Il faut croire que la FASAP sait saisir la balle au bond!
Ne manquez pas la suite de cette série, en octobre prochain!