Programme DIALOGUE des Fonds de recherche du Québec
Le sommeil des adolescents
Sherbrooke, le 20 mai 2021 – Si vous pensez qu’adolescence rime avec sommeil de bébé, détrompez-vous : question repos, les jeunes affrontent des obstacles particuliers. Pour les aider à déjouer ces embuches, Mathieu Pilon veut discuter sommeil avec eux, grâce au programme DIALOGUE – attribué seulement à 6 lauréates et lauréats.
« Selon les études, de 25 à 30 % des ados manquent de sommeil. Ça se répercute sur leur fonctionnement », souligne le professeur Pilon.
Manquer de sommeil, c’est hypothéquer sa santé physique et mentale. Dormir permet au corps de récupérer de l’énergie et aux muscles, par exemple, de se réparer. Le lien avec la santé physique est plutôt évident, encore plus quand vous êtes malade… Si vous avez la grippe, votre corps voudra d’abord et avant tout dormir, puisque le sommeil l’aide à se rétablir.
Le lien avec la santé mentale est tout aussi important, mais pas toujours si manifeste. « Le sommeil régule l’humeur. Il solidifie les capacités d’apprentissages », illustre le chercheur.
« Quelqu’un qui manque de sommeil aura parfois l’air de souffrir d’un déficit d’attention. Ce sont les mêmes symptômes… Mais comme la cause diffère, le traitement change », affirme Mathieu Pilon, professeur au Département de psychologie de la Faculté des lettres et sciences humaines
Au Québec, près de 40 % des jeunes ne dorment pas des nuits de la durée recommandée en semaine, soit entre 8 et 10 h. C’est encore plus inquiétant quand vous savez qu’un manque de repos peut participer au développement de troubles psychologiques, comme l’anxiété ou la dépression.
Et plus la dette augmente, plus les effets s’entremêlent, plus la situation se complexifie… d’autant plus que chaque personne est différente. « Après une nuit blanche, plusieurs fonctionnent très bien. D’autres deviennent irritables et tournent au ralenti. »
Pour tout le monde, toutefois, le manque de sommeil à long terme a des effets néfastes, qui sont exponentiels. « Je parle souvent d’effet domino, précise le professeur Pilon. Les effets s’enchaînent, s’accumulent et s’aggravent mutuellement. »
Si les effets néfastes touchent autant les adultes que les ados, pourquoi parler précisément du sommeil des jeunes?
Un repos décalé et dérangé
« Le sommeil des ados se distingue de celui des adultes sur deux plans, liés à la fois à leur développement et à leurs habitudes de vie. »
Le sommeil des ados est déphasé, parce que leur horloge biologique change à la puberté. Ils et elles ont alors une tendance naturelle à se coucher et à se lever plus tard.
En lui-même, ce décalage est normal. Ce n’est pas un problème. Là où il coince, c’est quand il entre en contradiction avec les exigences sociales. Certaines personnes entament alors une spirale susceptible de les déphaser encore plus. Il arrive même que des ados ne réussissent plus à fonctionner dans la journée, retrouvant pourtant toute leur énergie en soirée.
« Dans certaines écoles secondaires, le début des cours a été décalé pour tenir compte du rythme et des besoins naturels à l’adolescence. »
Du point de vue des habitudes de vie, les réseaux sociaux et le téléphone portable, en général, sont les principaux coupables du manque de sommeil. « Utiliser son téléphone, l’avoir à portée de main la nuit, répondre à des textos ou à des échanges sur les réseaux sociaux… Tout ça affecte beaucoup le sommeil », signale Mathieu Pilon, en précisant que l’usage du téléphone touche autant la durée du sommeil que sa qualité.
Les cellulaires et les médias sociaux ne sont pas près de disparaitre; les ados ne contrôlent assurément pas leur horloge biologique. Comment, alors, réduire leur manque de sommeil?
Pour ne pas dormir debout, des outils coconstruits avec les ados
Avec le financement DIALOGUE qu’il a reçu, le professeur Pilon et son équipe lanceront bientôt le site web Pour ne pas dormir debout. Cette plateforme sera bonifiée par des interactions avec les jeunes, sous forme d’ateliers ou de concours menés sur les médias sociaux. Tous les contenus diffusés seront conçus en partenariat avec des ados.
« On ne veut pas se présenter comme des parents autoritaires, qui dictent aux jeunes la bonne manière de faire. On veut que les ados se parlent entre eux des défis et des solutions par rapport au sommeil. »
Ces outils exploreront plusieurs thématiques liées au sommeil : son utilité et ses particularités à l’adolescence, les pathologies qui peuvent survenir, la notion de dette de sommeil, les saines habitudes, des moyens faciles pour améliorer son repos, les mythes…
Toutes ces thématiques visent un objectif commun, soit que les ados comprennent mieux leur repos, qu’elles et ils l’abordent d’un œil positif. Que les ados, donc, dorment vraiment comme des bébés.
Le laboratoire du professeur Mathieu Pilon mène son initiative en collaboration avec Immerscience et Impakt Scientifik, deux entreprises ayant pour mission de rendre la science accessible. La première agit comme courroie de transmission entre les scientifiques et le grand public. La seconde rend la science visuelle. Le chercheur s’allie aussi JFB Marketing, qui sera responsable du développement de la plate forme numérique. Finalement, le projet s’appuie sur de nombreux partenaires de diffusion, dont la mission recoupe celle de Pour ne pas dormir debout.
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Renseignements :
Isabelle Huard, conseillère en relations médias
Service des communications | Université de Sherbrooke
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