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Étude internationale sur les risques liés aux écrans menée par une chercheuse de l’Université de Sherbrooke

Utilisation croissante des tablettes et accès de colère chez les tout-petits : un cercle vicieux

Sherbrooke, le 12 août 2024 – Alors que le temps passé chaque jour devant les écrans a connu une hausse significative chez les jeunes enfants entre 2020 et 2022, une nouvelle étude menée par la professeure Caroline Fitzpatrick de l’Université de Sherbrooke et son équipe sonne à nouveau l’alarme face à l’utilisation croissante des tablettes électroniques par les tout-petits. Les résultats de recherche démontrent que plus les jeunes enfants passent de temps à l’écran, plus leurs accès de colère et de frustration sont fréquents, et qu’en retour, ces débordements émotionnels contribuent à accroître leur utilisation des appareils électroniques.

Le recours à la tablette à l’âge de 3,5 ans favoriserait ainsi une expression plus fréquente de la colère et de la frustration dès l’âge de 4,5 ans. Par la suite, le niveau de colère et frustration à 4,5 ans contribuerait à l’augmentation de l’utilisation de la tablette à l’âge de 5,5 ans.

Publiée dans JAMA Pediatrics, l’étude a été réalisée entre 2020 et 2023, durant la pandémie de COVID-19. En collaboration avec des collègues de l’Université de Sherbrooke, l’Université Sainte-Anne et Universidade Federal de São Paulo, la professeure Fitzpatrick a mesuré le nombre de minutes quotidiennes d’utilisation de la tablette et la fréquence à laquelle l’enfant exprimait de la colère et de la frustration.

« Notre hypothèse était qu’une utilisation plus importante de la tablette par les enfants serait associée avec des manifestations plus fréquentes de colère et, en retour, que les enfants plus colériques en viennent à augmenter leur utilisation de la tablette », affirme la professeure Caroline Fitzpatrick, première auteure de l’article.

L’analyse de l’utilisation de la tablette et des accès de frustration et de colère sur trois années consécutives a permis à l’équipe de valider les liens de réciprocité entre l’usage de la tablette et les manifestations de colère qui en résultent. Le devis rigoureux de l’étude a aussi permis de comparer chaque enfant avec lui-même, évitant ainsi que d’autres facteurs, comme la qualité de l’environnement familial ou le niveau socioéconomique, ne viennent influer sur les résultats.

« Les enfants plus jeunes sont très sensibles à leur environnement et doivent être exposés à diverses occasions d’apprentissage. Entre l’âge de 4 et 5 ans, les parents pourraient devenir moins patients et tolérants envers les accès de colère de leurs enfants et avoir plus souvent recours à la tablette comme stratégie de régulation de leurs émotions », explique la professeure Élizabeth Harvey de l’Université Sainte-Anne, co-auteure de l’article.

Des conseils pour les parents

Selon les résultats de cette recherche, il est clair que l’utilisation de la tablette par les plus jeunes se doit d’être encadrée par les parents, voire retardée le plus longtemps possible.

« Une bonne capacité à gérer les émotions intenses comme la colère et la frustration est essentielle pour que les enfants vivent une rentrée à l’école réussie », ajoute la professeure Gabrielle Caron-Carrier, du Département de psychoéducation de la Faculté d’éducation de l’UdeS, et co-auteure de l’article.

Le recours aux médias numériques par les tout-petits réduirait ainsi le temps alloué aux conversations parent-enfant; des échanges qui sont nécessaires pour que les enfants apprennent à gérer leurs émotions.

« Pour les parents dont les enfants expriment davantage d’accès de colère et de frustration, il est recommandé d’éviter l’utilisation des écrans pour les calmer lors de ces crises, et privilégier la discussion », souligne Pedro Mario Pan, chercheur à la Universidade Federal de São Paulo, co-auteur de l’article.

Les parents sont également invités à limiter leur propre utilisation des écrans en présence de leurs enfants, de par leur rôle de modèles, et ce, autant pour le développement d’habitudes numériques saines que pour la gestion des émotions.

Les prémisses d’une recherche de plus grande envergure

Bien que les résultats s’avèrent concluants, la professeure Caroline Fitzpatrick et ses collègues affirment que les études futures sur le sujet devraient davantage se pencher sur le contexte de l’utilisation des écrans et la qualité du contenu consommé.

L’équipe de recherche mène d’ailleurs présentement une étude en contexte postpandémique au Québec pour répondre à ces questions, financée par le programme des actions concertées des Fonds de recherche du Québec – Société et Culture.

À propos de l’équipe interuniversitaire derrière cette étude

Caroline Fitzpatrick est professeure au Département de l’enseignement au préscolaire et au primaire de la Faculté d’éducation de l’UdeS. Elle est également titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’utilisation des médias numériques par les enfants et le vivre-ensemble : une vision écosystémique. Cette dernière a obtenu le prix Tremplin 2023 pour son excellence en recherche.

Publiée dans la revue scientifique JAMA Pediatrics, la présente étude a été réalisée en collaboration avec Annie Lemieux, professionnelle de recherche (UdeS), la professeure Gabrielle Garon-Carrier, du Département de psychoéducation de la Faculté d’éducation de l’UdeS, le chercheur postdoctoral Fabricio de Andrade Rocha (UdeS), la professeure Elizabeth Harvey (Université Sainte-Anne) et le chercheur Pedro Mario Pan (Universidade Federal de São Paulo).

Informations complémentaires

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Renseignements :

Geneviève Lussier, conseillère en relations médias
Service des communications | Université de Sherbrooke
medias@USherbrooke.ca | 819 821-8000, poste 65472