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Activité scientifique

Midi-rencontre avec Mathieu Gagnon

Les formations aux pensées : qu’en penser?

par Mathieu Gagnon

Depuis 2001, les institutions d’enseignement et de formation doivent composer avec des programmes centrés sur le développement des compétences. Or, pour le ministère de l’Éducation, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MEESR), « [p]rivilégier les compétences, c’est inviter à établir un rapport différent aux savoirs et à se recentrer sur la formation de la pensée » (MÉQ, 2001, p.4). C’est donc dire qu’au centre de ces programmes devrait se retrouver une préoccupation explicite pour la formation de la pensée des apprenants. Il s’agit d’ailleurs de l’une des orientations du Programme de formation de l’école québécoise (PFÉQ), à savoir celle consistant à intégrer les connaissances disciplinaires au développement d’habiletés complexes, une orientation qui « invite […] à réaffirmer et à renforcer la fonction cognitive de l’école en la situant dans une visée de formation de la pensée » (MÉQ, 2001, p. 3). Mais qu’entendons-nous au juste par « formation de la pensée »? De quelle nature cette formation devrait-elle être (générique/transversale/spécifique/située/disciplinaire)? S’agit-il, comme le Ministère l’indique, d’une formation à la pensée, ou devrions-nous plutôt parler de formation aux pensées? Au fait, qu’est-ce que penser?

Malheureusement, sur ces questions, le PFÉQ demeure peu explicite… D’ailleurs, à l’intérieur de ce programme, le recours au terme « pensée » réfère à des objets fort variés. En effet, il y est question de courants de pensée, de modes de pensée, de stratégies de pensée, de systèmes de pensée, d’outils de pensée et d’habiletés de pensée; il y est également question d’expression de sa (ses) pensée(s) ou de pensées, de structuration, d’exercice, de mise en œuvre, de construction, d’organisation, d’élaboration, de clarification, d’explicitation et de développement de sa (ses) pensée(s); finalement, le MEERS fait appel à des notions telles que pensée autonome, pensée critique, pensée créatrice, pensée divergente, pensée convergente, pensée intuitive, pensée scientifique et technologique, pensée mathématique, pensée algébrique, pensée probabiliste, pensée géométrique et pensée historique. Mais au final, le MEESR en dit très peu sur ce que nous devons faire de tout cela, sur les manières dont il est possible d’organiser ces diverses acceptions et, a fortiori, de les inscrire à l’intérieur d’une perspective de formation.

Nous demeurons persuadés de l’importance de la formation de la pensée des élèves, tant son exercice semble être l’un des principaux leviers à partir duquel nous effectuons des apprentissages, prenons des décisions et agissons. Seulement, poursuivre une telle formation impose un exercice de clarification au sujet de la pensée elle-même et des moyens de la développer. À cet égard, le simple fait de considérer la grande variété des « types » (ou « modes »?) de pensée qu’il est possible d’identifier (outre ceux mentionnés précédemment, nous pourrions ajouter les pensées attentive, éthique, algorithmique, statistique, systémique, environnementale, logique, rationnelle, musicale, spirituelle, analytique, intégrée, visuelle, réflexive, spatiale, métacognitive, responsable, etc.) annonce un certain niveau de complexité avec lequel une réflexion sur cette question devra composer. Bien qu’il existe divers travaux touchant l’un ou l’autre de ces « types/modes/éléments » de [la] pensée, ceux-ci demeurent la plupart du temps cloisonnés et aucun, à notre connaissance du moins, ne propose de les mettre en dialogue.

Ce midi-rencontre sera l’occasion de poser les bases à une réflexion visant à penser ensemble différentes perspectives touchant la pensée et sa formation. Plus spécifiquement, nous aborderons l’acte de penser dans sa dimension dite générique (Mathieu Gagnon), la pensée historienne (Sabrina Moisan), la pensée mathématique (Patrick Roy) ainsi que la pensée scientifique (Abdelkrim Hasni).

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