Des jardins intelligents pour contrer la pollution
L’UdeS, première en conception en génie civil au Canada
Trois diplômées au baccalauréat en génie civil de l’Université de Sherbrooke ont remporté la première position au concours national de projets finaux de conception pour ainsi devenir les championnes canadiennes du concours Capstone project. Cette compétition d’envergure se déroule pendant la conférence annuelle de la Société canadienne de génie civil (SCGC) qui avait lieu cette année à Fredericton au Nouveau-Brunswick du 13 au 16 juin. L’équipe étudiante, composée d’Alice Boisvert-Chapdelaine, Virginie Simard et Justine Sirois, a proposé aux Amis du bassin versant du lac Waterloo (ABVLW) l’analyse et la conception d’aires de biorétention, des jardins intelligents, qui permettent de ralentir le ruissellement et de traiter les eaux de pluie, afin de réduire le problème d’eutrophisation du lac Waterloo dans les Cantons-de-l’Est.
Les 17 projets intégrateurs universitaires en compétition représentent l’épreuve terminale de plusieurs programmes accrédités de formation en génie au Canada. « Choisie pour représenter l’Université de Sherbrooke, notre équipe a livré un rapport et une affiche scientifique aux membres du jury à propos de ces jardins intelligents dont nous souhaitons l’implantation », explique fièrement Virginie Simard, diplômée en génie civil et étudiante à la maîtrise en génie civil (géotechnique) sous la supervision du professeur Alexandre Cabral de l’Université de Sherbrooke.
Plusieurs surfaces imperméables telles que les toits, les routes et les stationnements façonnent le paysage urbain. Par temps pluvieux, ces aires ne peuvent contenir toute l’eau de la pluie qui ruisselle à très grande vitesse vers les égouts ou directement vers le lac Waterloo. Plusieurs contaminants s’y déversent comme le phosphore, ce qui contribue significativement à l’eutrophisation de ce milieu humide.
Par l’implantation d’aires de biorétention, les Amis du bassin versant du lac Waterloo souhaitent réduire les apports en phosphore causés en partie par le ruissellement urbain. Les aires de biorétention permettent de ralentir le ruissellement en favorisant l’infiltration de l’eau dans le sol, mais également en traitant naturellement des contaminants présents dans l’eau. Ces jardins de pluie visent à capter et à traiter le ruissellement. Pour ce faire, une succession de couches de sols crée un filtre naturel (du sol plus fin au sol plus grossier). En surface, des végétaux traitent le phosphore dissous et une couche de copeaux de bois récolte les sédiments plus grossiers.
Le travail colossal accomplit par les étudiantes sherbrookoises aura des impacts concrets sur l’apport de sédiments et de phosphore dans le lac, comme le fait remarquer le président de l’ABVLW, Louis Benn, qui ajoute que, « ces aires de biorétention nous permettront d’attaquer le problème à la source puisque plus de 50 % des apports en phosphore de notre lac proviennent des surfaces urbanisées ». Ce projet innovateur améliorera à coup sûr la qualité environnementale du lac Waterloo, une priorité incontournable pour l’ABVLW.
La solution proposée par l’équipe permettra-t-elle de réaliser ce projet pilote dans de courts délais sur le terrain? C’est possible dans la mesure où les citoyens de Waterloo s’engageront concrètement. « Les enjeux liés au ruissellement urbain touchent tout le Québec et le simple geste d’ajouter une aire de biorétention à sa cour, ou, comme j’aime l’appeler, un jardin intelligent, peut faire une différence », soutient Alice Boisvert-Chapdelaine, diplômée en génie civil et enseignante au Cégep de Saint-Hyacinthe à la technique du génie civil. Elle souhaite du même souffle qu’un jour, de tels jardins feront partie intégrante du paysage.
Il semble que le vœu d’Alice se matérialisera rapidement puisque les Amis du bassin versant du lac Waterloo ont décidé de mettre de l’avant ce projet de jardin intelligent dans la prochaine année. « En tant qu’organisme et suite au dépôt de leur rapport, nous avons décidé de mettre de l’avant leur projet de jardin intelligent. Nous allons proposer des projets concrets aux municipalités impliquées afin de mettre en place rapidement ces excellentes recommandations », ajoute Louis Brenn, président de cette association.
Afin d’assurer l’efficacité du projet et la réduction significative des apports en phosphore au lac Waterloo, l’équipe étudiante a conçu des aires de biorétention qui seraient faciles à implanter pour les citoyens. Cette conception « normalisée » permet de s’adapter à la profondeur de roc et à la superficie du terrain des citoyens participants. L’implication citoyenne est d’ailleurs un élément crucial de ce projet. La restauration du lac Waterloo est au centre des préoccupations de ces habitants depuis plus de 30 ans. Les aires de biorétention s’inscrivent dans une vision environnementale de la gestion des eaux pluviales et placent les citoyens au cœur du projet.
Ainsi, l’élaboration d’une méthodologie de construction simple pour les citoyens représentait un défi particulier pour permettre d’augmenter leur pouvoir d’action dans ce projet de réhabilitation du lac Waterloo. « En plus de tout ce qui précède, il ne fallait pas non plus négliger les impacts causés par les changements climatiques, les changements des saisons et la présence du roc affleurant sur les terrains en bordure du lac », ajoute Justine Sirois, diplômée en génie civil et étudiante à la maîtrise en génie civil avec le professeur Mourad Karray de l’Université de Sherbrooke.
Soulignons que l’exposition MégaGÉNIALE 2017 a honoré d’une mention coup de coeur ce projet supervisé à l’automne 2017 par le professeur Robert Leconte.
À propos des Amis du bassin versant du lac Waterloo
La mission de cet organisme à but non lucratif consiste à réhabiliter la santé du lac et valoriser son bassin versant. Leur vison : offrir un lac, une rivière et un environnement sains pour le mieux-être de la population tout en laissant un bel héritage.
À propos du concours national Capstone
Lancé en 2013, ce concours constitue une vitrine permettant aux étudiantes et aux étudiants du premier cycle en génie civil au Canada de présenter leurs projets de fin de baccalauréat en intégrant des notions de plusieurs disciplines du génie civil.