Aller au contenu

La victimisation sexuelle sur plus d’une génération : facteurs de continuité et profils des mères et des enfants

Prix institutionnel de la meilleure thèse de doctorat pour Karine Baril

La Faculté d’éducation se réjouit de l’obtention par madame Karine Baril, diplômée du doctorat en éducation, du Prix de la meilleure thèse de l’Université de Sherbrooke pour le secteur des lettres et des sciences humaines. Sa thèse intitulée Le cycle intergénérationnel de la victimisation sexuelle à l’enfance : facteurs maternels associés et profil des dyades mère-enfant impliquées s’est démarquée par sa contribution à l’avancement des connaissances, la valeur de la recherche dans ce champ disciplinaire et par les aptitudes à une carrière en recherche démontrées par Mme Baril, dont la thèse a été réalisée sous la direction du professeur Marc Tourigny, du département de psychoéducation.

Victimes d’agression sexuelle, d’une génération à l’autre

« On estime qu’environ 50 % des mères d’enfants agressés sexuellement ont elles-mêmes été victimes d’agression sexuelle dans l’enfance. L’agression sexuelle dans l’enfance d’une mère a d'ailleurs été identifiée comme un facteur de risque de la victimisation sexuelle chez l’enfant », explique Karine Baril. Néanmoins, les recherches ne permettent pas une compréhension claire de ce phénomène à travers les générations, ainsi Mme Baril a consacré sa thèse à faire l’état des connaissances scientifiques actuelles sur le cycle intergénérationnel de la victimisation sexuelle des enfants et à présenter un premier modèle explicatif de ce cycle, basé sur la théorie du trauma. « C’est un sujet délicat, et c’est probablement pour cette raison que peu de recherches ont été menées sur ces questions, mais je souhaitais mieux comprendre la continuité intergénérationnelle de la victimisation sexuelle pour identifier les besoins cliniques des mères et des enfants impliqués dans une telle continuité », précise la chercheuse.

« Karine Baril a soutenu une thèse d’une grande qualité, autant aux plans méthodologique, conceptuel, que de sa rédaction », avance le professeur Marc Tourigny, directeur de recherche. Mme Baril a permis pour une première fois de proposer un modèle théorique explicatif du phénomène de la continuité intergénérationnelle de la victimisation sexuelle dans l’enfance. La somme des connaissances scientifiques compilées et analysées dans le développement du modèle est imposante. »

Cette recherche doctorale, dont les résultats ont été publiés dans trois articles, a en outre porté sur les facteurs maternels en jeu dans ce cycle intergénérationnel de victimisation sexuelle et comparé le profil d’enfants agressés sexuellement et de leur mère, selon que celle-ci rapportait ou non une agression sexuelle dans l’enfance. « La thèse a entre autres permis de voir que les mères victimes d’agression sexuelle dans l’enfance qui présentaient toujours à l’âge adulte des conséquences de leur agression sexuelle, notamment des symptômes de l’état de stress post-traumatique, étaient plus susceptibles d’avoir un enfant victime d’agression sexuelle. Ce constat peut expliquer que, dans notre deuxième étude, les enfants agressés sexuellement qui recevaient des services et dont la mère avait aussi été agressée sexuellement dans l’enfance étaient plus susceptibles de présenter des difficultés d’adaptation. Cette clientèle a des besoins spécifiques auxquels les services ne répondent pas nécessairement à l’heure actuelle », explicite Mme Baril.

Une contribution scientifique aux importantes retombées pratiques

Les travaux de recherche de Mme Baril ont permis de formuler des recommandations importantes pour la pratique clinique, tant pour l’intervention que pour la prévention en matière d’agression sexuelle. Ses travaux ont suscité l’intérêt des Centres jeunesse de la Mauricie et du Centre d’intervention en abus sexuel pour la famille de Gatineau pour le développement de leurs services cliniques auprès d’enfants victimes d’agression sexuelle et de leur mère. « Il s’agit d’un bel exemple de retombées sociales et cliniques tangibles directement en lien avec ses travaux », souligne son directeur de recherche, Pr Tourigny. « Par l’identification de caractéristiques qui sont spécifiques aux mères et aux enfants impliqués dans une trajectoire intergénérationnelle de victimisation, les résultats ont mis en évidence des cibles d’évaluation pour les mères et les enfants victimes d’agression sexuelle, en plus de permettre l’identification de pistes de prévention et de traitement », détaille Karine Baril.

Karine Baril a cumulé, dans son parcours, plusieurs bourses et prix de haut niveau, dont la prestigieuse bourse doctorale du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH) et une bourse postdoctorale du Fonds québécois de recherche Société et culture (FRQSC). Elle présente en outre un impressionnant dossier de publications et d’activités scientifiques. Elle agit actuellement à titre de professeure au Département de psychoéducation et de psychologie de l’Université du Québec en Outaouais. Elle est membre à titre de chercheuse régulière pour l'Équipe violence sexuelle et santé – ÉVISSA et comme membre collaboratrice au Centre de recherche interdisciplinaire sur les problèmes conjugaux et les agressions sexuelles – CRIPCAS.


Informations complémentaires