Portrait de diplômé 2023
Trouver sa voie en aidant les autres à trouver la leur
Après une pause d’études de… 16 ans, une formation technique en informatique et une tentative infructueuse d’insertion dans un marché du travail inaccessible, c’est en cherchant sa propre voie que Philippe Normandin a compris qu’il pouvait aider les autres à trouver la leur.
Philippe recevra samedi son diplôme de baccalauréat en orientation, l’aboutissement d’un parcours jonché d’obstacles de toutes sortes, dont les plus difficiles à surmonter n’étaient pas nécessairement liés à ses déplacements en fauteuil roulant.
Il assure d'ailleurs que l’Université de Sherbrooke est un campus accessible, mais quand même…
…le campus, c’est grand!
Partir plus tôt de la maison pour être certain d’arriver à temps à ses cours, après avoir trouvé un stationnement pour personnes handicapées pas trop loin de la faculté, qui soit bien déneigé l’hiver pour manœuvrer son fauteuil roulant, ç’a été un facteur de stress pour Philippe. « C’est grand le campus! »
Mais ce qui lui a donné le plus de fil à retordre, ce sont les études universitaires, les nuits écourtées pour concilier travaux et lectures avec le reste de la vie, et les fins de session où se chevauchent travaux à remettre et examens. « Ce qui m’a permis de persévérer, c’est mon acharnement à remettre mes travaux à temps, c’est ma motivation d’atteindre le but que je m’étais fixé, et c’est aussi l’aide précieuse et les encouragements de mes professeurs et chargés de cours, de mes consœurs et confrères de classe, de Sylvie Dubé la conseillère pédagogique du Département d’orientation, ainsi que de ma famille. »
Le besoin d’aider les gens
La piqûre pour l’orientation, il l’a eue lorsqu’il ne savait plus lui-même où il en était.
« Je remettais en question le travail en informatique. Est-ce que j’étais fait pour ça? J’avais eu la chance de vivre de belles expériences au cégep, en jouant le rôle d’aidant en français et en informatique. J’ai consulté une conseillère en orientation, et elle m’a permis de réaliser que j’avais besoin de travailler avec des gens, en relation d’aide. C'est comme si cette belle expérience à laquelle j’avais goûté au cégep était restée. »
Prendre les moyens pour réussir
Les exigences universitaires sont élevées, et elles le sont d’autant plus pour Philippe qui est revenu sur les bancs d’école à plus de 40 ans.
J’ai appris à m’organiser, à mieux gérer mon temps. C’est certain qu’il y avait de l’acharnement… parce que je voulais vraiment aller chercher ce diplôme qui a beaucoup d’importance pour moi.
Philippe conseille à tous ceux et celles qui commencent un parcours universitaire : ne pas hésiter à se tourner vers des services quand on en a besoin et d’explorer tout ce qui est disponible. « Le Programme de soutien aux étudiants en situation de handicap m’a été d’un grand secours. Mais c’est juste en deuxième année que j’ai commencé à explorer les nombreuses ressources d’aide à l’UdeS, aux Services à la vie étudiantes, entre autres. Des ateliers, des gens, des conseils sur le site web de l’UdeS; j’aurais dû explorer ça dès le début. »
Trouver son équilibre et sa place
À partir d’un certain âge, alors qu’on a ses habitudes, un retour aux études, c’est aussi une adaptation.
C’est important de prendre soin de soi, de sa santé mentale et sa santé physique. Il faut un équilibre, ne pas seulement miser sur les études. J’ai toujours été exigeant envers moi-même et je n’ai pas toujours eu cet équilibre.
La bonne chose, c’est que le baccalauréat en orientation offre des occasions de mieux se connaitre. « On fait beaucoup d’introspection à travers les travaux. Je pense entre autres aux cours sur le développement humain, le counseling de carrière et l’animation de groupe. »
Et c’est à travers les liens tissés serrés d’une cohorte dynamique et aussi motivée que lui, où la compétition laisse plutôt la place à l’entraide, que Philippe a su qu’il était à sa place.
Philippe ne sait pas encore très bien ce qu’il fera au lendemain de sa collation des grades : un travail en employabilité? auprès des communautés immigrantes? L’important pour lui, c’est de se bâtir une identité professionnelle, de trouver où est sa place et de se faire confiance dans cette nouvelle voie qui est la sienne.
Ce que nous avons envie de lui dire, nous, c’est qu’il sera certainement un guide extraordinaire pour tous ceux et celles qui ont pris toutes sortes de chemins moins fréquentés.