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École d'été en travail social

Quand les usagers forment les futurs travailleurs sociaux

Étudiantes et étudiants en travail social, usagères et usagers ainsi que professionnelles et professionnels en exercice sont réunis pour réfléchir à la dimension relationnelle de l’intervention et sensibiliser les participants à la réduction des écarts dans l’exercice du travail social.
Étudiantes et étudiants en travail social, usagères et usagers ainsi que professionnelles et professionnels en exercice sont réunis pour réfléchir à la dimension relationnelle de l’intervention et sensibiliser les participants à la réduction des écarts dans l’exercice du travail social.

Photo : Fournie

Les travailleuses et les travailleurs sociaux sont sensibles aux expériences vécues par les personnes qu’ils accompagnent au quotidien. C’est de cette sensibilité qu’est née l’idée originale d’organiser pour la première fois au Québec une école d’été réunissant étudiantes et étudiants en travail social, usagères et usagers ainsi que professionnelles et professionnels en exercice.

« Cette école d’été est construite sur le principe du croisement des savoirs : les savoirs académiques des étudiants, les savoirs expérientiels des personnes usagères et les savoirs professionnels des intervenants sociaux, explique la professeure Annie Lambert, coresponsable de cet événement. C’est la méthode que nous avons choisie de mettre de l’avant pour réfléchir à la dimension relationnelle de l’intervention et sensibiliser les participants à la réduction des écarts dans l’exercice du travail social. L’école d’été, c’est d’abord une expérience, celle de la rencontre de gens qui portent différents savoirs, qu’ils vont mettre en commun. »

Pour le renouvellement des pratiques en travail social

Les professeurs Annie Lambert et Paul Morin, coresponsables de l'École d'été 2018 en travail social.
Les professeurs Annie Lambert et Paul Morin, coresponsables de l'École d'été 2018 en travail social.

Photo : Université de Sherbrooke

Favoriser l'implication des usagers et des proches dans la formation est une orientation prioritaire de l'École de travail social de l'Université de Sherbrooke depuis 2015. Afin de concrétiser cette orientation, une communauté des savoirs a été mise sur pied, regroupant des professeurs et des chargés de cours, des praticiens-entraîneurs, des étudiants ainsi que des usagers et des proches. Dans cette lignée, plusieurs activités pédagogiques ont été revues afin d’accorder aux usagers et aux proches un rôle de premier plan dans la formation universitaire, et ce, au-delà du simple témoignage. Ainsi, ces derniers sont appelés à s’investir dans des rôles de formateur, de coenseignant ou d'évaluateur des apprentissages.

« La littérature traitant de l’implication des usagers et des proches dans les formations en travail social nous apprend que deux avantages majeurs en découlent : une bonification de la formation pour les étudiants et une augmentation du pouvoir d’agir chez les usagers, ajoute la professeure Lambert. Dans le cadre de nos projets pédagogiques et de nos recherches actuelles, nous remarquons qu’une telle façon de faire plonge les étudiants au cœur de l’enjeu important de la relation dans l’intervention sociale. Le contact direct avec des « vraies personnes », porteuses d’un vécu et d’un savoir, rend plus incarnés les concepts que l’on enseigne tels l’empowerment, la coconstruction ou la valorisation des expériences vécues.»

 Le savoir d’expérience des usagers et des proches est essentiel, constituant un ajout significatif aux apprentissages des étudiantes et des étudiants, mais aussi un élément de valorisation pour celles et ceux qui acceptent de partager leur expertise.

« Du côté des usagers – que nous appelons experts d’expérience –, c’est l’enjeu de la reconnaissance qui prend le dessus, relève la spécialiste. La personne qui n’a pas terminé ses études secondaires n’envisage pas de se retrouver à l’université… et encore moins de former de futurs travailleurs sociaux! Ce sentiment d’être utile et de valoir quelque chose est très mobilisateur et peut avoir une influence importante sur le sentiment de pouvoir des personnes et leur implication sociale. »

L'inclusion du savoir expérientiel des usagers et des proches de manière systématique dans les programmes d’études est tout à fait en cohérence avec les valeurs et les pratiques du travail social. Cela contribue à un réel croisement des savoirs dans la formation, tant dans les discours que dans les actions. C’est d’ailleurs tout à fait en phase avec le cadre de référence publié en 2018 par le ministère de la Santé et des Services sociaux sur l’approche de partenariat entre les usagers, leurs proches et les acteurs en santé et services sociaux.

Une école d’été au sein d’une communauté

Du 7 au 14 juin, à Sherbrooke, c’est donc plus de cinquante personnes qui participeront à diverses activités de cette école d’été : conférences, ateliers de travail, théâtre-forum, world cafe, souper communautaire, prestations, etc. Certaines activités se dérouleront sur la Campus principal de l’Université de Sherbrooke, mais plusieurs autres auront lieu dans des organismes de la région, tels Le Tremplin 16-30, La Cordée-RASM, la Coop l’Autre-Toit, Pro-Def Estrie, Famille Espoir, La Coalition Sherbrookoise de travail de rue et le Café de quartier Baobab.

« L’implication du milieu communautaire est essentielle à notre projet, indique le professeur Paul Morin, directeur de l’École de travail social de l’Université de Sherbrooke. Plus de la moitié des activités se déroulent à l’extérieur de l’université. Les différentes expériences que vivront les participants chez ces organismes partenaires ont été développées selon un principe de coconstruction, c’est-à-dire de manière collaborative entre les organisateurs de l’école d’été, les partenaires et les usagers de ces organismes. C’est une manière de s’ouvrir à la communauté et de permettre aux participants de vivre concrètement l’exercice du croisement des savoirs et d’en retirer des acquis pratiques. »

L’École de travail social de l’Université de Sherbrooke, avec ses propositions audacieuses, dont cette première école d’été, s’est engagée sur un terrain encore peu emprunté en sciences sociales. Espérons que cette expérience innovante saura s’étendre à l’ensemble des programmes de formation dans le domaine.


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