Portrait de l’enseignant Jacques Bénard
« Les compétences en communication, en négociation et en éthique sont particulièrement importantes en environnement »
Jacques Bénard est enseignant au CUFE depuis 2020. Il est impliqué dans le microprogramme en pratique de la facilitation et de la médiation en environnement. Ses cours Communication et acceptabilité sociale et Pratique de la médiation environnementale couvrent des thèmes qui n’ont plus de secret pour lui.
Dans ce texte sur le mode question/réponse, vous découvrirez le parcours d’une personne ayant réussi à rester fidèle à ses valeurs d’engagement et de justice environnementale.
Quel est votre domaine d’expertise?
La participation publique, la prévention et la résolution des conflits en aménagement du territoire et en environnement.
Quelle est, selon vous, la compétence à développer par les futurs professionnels en environnement?
Les défis environnementaux actuels nous poussent à composer avec des choix collectifs difficiles ayant de multiples implications. Nous sommes constamment confrontés à des dilemmes complexes où des décisions cruciales nécessitent le dialogue, la délibération et la collaboration de tous les secteurs de la société. Pour cette raison, les compétences en communication, en négociation et en éthique sont particulièrement importantes pour toutes les personnes professionnelles en environnement.
Quel est votre parcours professionnel?
J’ai eu un parcours assez varié qui m’a graduellement mené à ma pratique actuelle en médiation et en facilitation. J’ai œuvré quelques années dans le secteur de la construction avant de m’intéresser, au début des années 1990, à la conservation de l’environnement bâti et à la revitalisation des centres urbains.
En 1995, j’ai fondé un OBNL ayant pour mission de soutenir les initiatives citoyennes dans ces domaines, pour ensuite démarrer, 10 ans plus tard, une firme spécialisée en gestion des parties prenantes dans les grands projets.
L’acquisition de ma firme en 2016 par une multinationale du secteur des communications m’a ensuite donné l’occasion de travailler sur une variété de projets à l’échelle du pays et ce, jusqu’en 2022 alors que j’ai pris la décision de poursuivre mon cheminement professionnel à titre de médiateur indépendant et de m’impliquer davantage dans l’enseignement.
Quelle est votre formation?
Je suis titulaire d’un baccalauréat en génie civil de Polytechnique Montréal, d’une maîtrise en conservation de l’environnement bâti de la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal et d’un DESS en prévention et règlement des différends de la Faculté de droit de l’Université de Sherbrooke. Je complète une deuxième maîtrise au sein de cette même faculté, en étroite collaboration avec le département de philosophie et d’éthique appliquée.
« Mon projet de recherche porte sur l’éthique de la médiation environnementale et sur la représentation de la nature dans la médiation des conflits environnementaux. »
Comment le goût d’enseigner est arrivé dans votre parcours?
Au cours de ma carrière, j’ai été invité à de nombreuses reprises à présenter mon expérience de terrain dans divers cours universitaires, jusqu’à ce qu’on me confie une première charge de cours, il y a environ sept ans. Enseigner me permet non seulement de transmettre mes connaissances, mais aussi de prendre du recul sur ma pratique professionnelle et sur mes expériences, ce qui est essentiel dans un domaine en émergence comme celui de la médiation environnementale.
Que souhaitez-vous transmettre à vos étudiants?
En participation publique comme en médiation, chaque situation est unique, avec son propre contexte et ses enjeux spécifiques. Il est essentiel d’encourager les personnes étudiantes à développer une approche critique en les exposant à une variété de points de vue et de situations. C’est ce qui leur permettra d’appliquer avec discernement les méthodes et techniques apprises lorsqu’ils seront exposés à de nouveaux défis dans leur vie professionnelle.
Une lecture que vous jugez incontournable à la compréhension des défis actuels en environnement?
Médiations environnementales – pour construire un monde commun de Nicolas Le Méhauté. Récemment publié, cet ouvrage inspirant présente le potentiel de la médiation pour la prise de décision en environnement, en complément aux dispositifs de participation publique.
Avez-vous une réalisation personnelle ou professionnelle dont vous êtes particulièrement fier?
Au-delà des réussites particulières, ce qui me rend le plus fier, c'est d'avoir constamment privilégié mes valeurs dans mon parcours professionnel et d’avoir su les appliquer concrètement dans ma pratique.
Que faites-vous lorsque vous n’enseignez pas?
Je mène simultanément divers mandats de médiation et de facilitation. Je suis également membre additionnel à temps partiel du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), ce qui me donne l’occasion de siéger, à titre de commissaire, sur des commissions d’enquêtes portant sur des dossiers soumis à la procédure d'évaluation et d'examen des impacts sur l'environnement. Enfin, je poursuis mon travail de recherche sur la médiation environnementale dans l’espoir de faire progresser et adopter plus largement cette pratique.
Une dernière chose que vous aimeriez partager avec nos lecteurs?
« L'environnement est un domaine en constante évolution. Continuez d’apprendre et demeurez polyvalents! »