Créateurs et créatrices d'innovation
Pr Marc-André Tétrault : vivre dans l’interdisciplinarité
Professeur au Département de génie électrique et de génie informatique
Années au 3IT : 1re
Formation :
- 2017 - Doctorat en génie électrique, Université de Sherbrooke
- 2006 - Maîtrise en génie électrique, Université de Sherbrooke
- 2003 - Baccalauréat en génie électrique, Université de Sherbrooke
Quel a été votre cheminement aux études supérieures?
J’ai complété mon baccalauréat, ma maîtrise et mon doctorat en génie électrique à l’Université de Sherbrooke. Pendant quatre ans, j’ai œuvré à titre de professionnel de recherche. En 2019, je suis devenu professeur. Ma spécialité concerne deux champs entrelacés : d’une part, il y a la conception de circuits numériques et du traitement de données en temps réel, et d’autre part, la recherche en imagerie médicale.
Au baccalauréat, j’ai eu l’honneur d’effectuer mon premier stage au CIUSSS de l'Estrie - CHUS avec Roger Lecomte, professeur-chercheur à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke et au Centre de recherche du CHUS.
À l’époque s’y trouvait le premier appareil de tomographie par émission de positons (TEP) utilisant des photodiodes à avalanche. C’était le meilleur scanner du temps! Il offrait des images avec une résolution spatiale longtemps inégalée. Cette avancée, fruit de l’imagination et des efforts du Dr. Lecomte et de son équipe, est encore aujourd’hui reconnue mondialement. C’est là qu’a germé mon intérêt pour la recherche, suivi de 15 années fructueuses dans ce domaine.
Durant mon postdoctorat au Massachusetts General Hospital (MGH) et à la Faculté de médecine de l’Université Harvard, j’ai continué de contribuer au domaine de l’instrumentation TEP. J’ai également exploré d’autres modalités, telles que la microscopie par radioluminescence et l’imagerie moléculaire optique par fluorescence.
Quel est votre mandat actuel au 3IT?
Mon mandat principal consiste à créer une instrumentation capable de mesurer le temps de vol de la radiation utilisée en TEP, ce qui augmente la sensibilité de l’appareil. Au sein de l’équipe du 3IT.Micro, je développe des modèles d’analyse et des systèmes d’acquisition ultrarapides adaptés au xénon liquide, un médium rarement utilisé en la matière jusqu’ici. Plus difficile à utiliser que les cristaux commerciaux, cet élément doit être vérifié expérimentalement, afin de s’assurer qu’il offre les performances souhaitées. Il s'agit ensuite de construire un prototype de détecteur.
Ce projet conduira à l’élaboration d’un tomodensitomètre à efficacité augmentée, réduisant la dose requise par image. La solution technologique bénéficiera aux patients ainsi qu’au personnel traitant.
Parallèlement, je contribue à réaliser un scanner TEP clinique à très haute résolution pour le cerveau, avec le MGH de l’Université Harvard.
Comment la philosophie du 3IT vous rejoint-elle?
J’ai l’impression d’avoir toujours vécu dans l’interdisciplinarité. En stage, et au cours de mes études graduées, j’ai coopéré avec des collègues de multiples horizons : des physiciens et physiciennes, des biologistes, des chimistes, des techniciens en santé animale, des mathématiciens, des ingénieurs, des entrepreneurs, etc. La philosophie du 3IT occupe mon quotidien depuis longtemps.
Qui représente votre chercheur ou votre chercheuse scientifique d’inspiration?
Très tôt, deux professeurs ont marqué mon parcours académique. D’abord, il y a le Pr Roger Lecomte, qui m’a accueilli dans son laboratoire. J’ai pu l’observer à l’œuvre et m’inspirer de sa persévérance. J’admire qu’il relève de façon constructive de petits et grands défis.
En 2003, il m’a présenté au Pr Réjean Fontaine. Dès notre première discussion, nous semblions avoir collaboré depuis six mois déjà. Il a rapidement cru en moi. De plus, nous partageons des visions semblables : le déclic a été immédiat. Aujourd’hui, notre complicité professionnelle perdure, tant en recherche qu’en enseignement. Ces chercheurs aguerris ont une énergie intarissable. Leurs sincères encouragements me sont chers.
En 2016, une rétroaction du Pr Roger Lecomte m’a fait chaud au cœur. J’avais présenté un exposé sur mes travaux de recherche ̶ que je sentais réussi. Une fois le tout terminé, il m’a regardé et m’a dit : « Je n’ai rien à dire », le sourire fendu jusqu’aux oreilles. Mon défi actuel, c’est de lui faire répéter cette phrase!
À quand remonte la découverte de votre intérêt/passion pour la science?
Ça date du secondaire. En troisième année, j’ai eu un enseignant de mathématiques exceptionnel. Dans son cours, il levait la barre haute. Lorsque ma note était excellente, il cherchait d’infimes détails pour retirer symboliquement 0.5 point à ma copie. Cela m’encouragerait à me surpasser (avec le sourire)! En cinquième année, puis au cégep, j’ai pu apprendre à nouveau sous sa tutelle, cette fois en physique. Son enthousiasme m’a transmis le goût des sciences.
Outre la science, possédez-vous une autre passion?
Depuis 2001, je suis passionné d’arts martiaux. Au baccalauréat, j’ai appris le maniement d’armes traditionnelles japonaises. Ça m’a donné la piqûre! Peu après, j’ai pratiqué l’Aikido. Ces activités sportives font sortir le méchant! L’association dont je fais partie permet de rencontrer des adeptes du Québec, et même de l’Ontario et des États-Unis. Notre groupe a un fort sentiment d’appartenance.
Quel « impact » désirez-vous générer en société, à titre de chercheur?
Je suis professeur-chercheur. Ce double rôle m’a été insufflé par mon père et deux oncles, qui partagent cette vocation. Comme eux, j’entends prioriser la réussite de mes étudiants.Un jour, mon prof d’arts martiaux m’a dit :
En tant qu’enseignant, accompagner tout élève vers l’excellence demande de la stratégie. Il s’agit de pousser chacun d'eux à atteindre des niveaux a priori hors de portée, et d’en faire de nouvelles normes.
Ma profession ouvre plusieurs chemins vers la réalisation d’un impact positif en société. Cela débute par la formation des ingénieurs et ingénieures de la relève. Voilà qui je suis!