Créateurs et créatrices d'innovation
Pre Audrey Corbeil Therrien : une passion électrique pour l’interdisciplinarité
Professeure au Département de génie électrique et de génie informatique
Années au 3IT : 1re
Formation :
- 2020 – Postdoc à Stanford (SLAC National Accelerator Laboratory)
- 2018 – Doctorat en génie électrique, imagerie médicale, Université de Sherbrooke
- 2013 – Maîtrise en génie électrique, imagerie médicale, Université de Sherbrooke
- 2010 – Baccalauréat en génie électrique, spécialité en microélectronique, avec l’approche par APP, Université de Sherbrooke
Quel est votre mandat actuel au 3IT?
J’aimerais travailler avec plusieurs collaborateurs pour les supporter et concevoir de nouveaux types de détecteurs intelligents.
Ces détecteurs sont capables de générer des téraoctets de données par seconde. Il devient donc difficile de gérer ces données à l’externe et d’envoyer ces mêmes données vers un disque dur, c’est pourquoi nous voulons les gérer en temps réel.
Pour arriver à faire cela, nous devons développer de nouvelles approches et de nouveaux systèmes. Je travaille avec plusieurs équipes aux États-Unis et à l’Université de Sherbrooke afin d’intégrer l’intelligence artificielle dans le détecteur lui-même. Entre autres, je travaille avec l’équipe du Pr Réjean Fontaine pour développer un détecteur pour la tomodensitométrie temps-de-vol.
Plusieurs opportunités s’offrent à moi, mais mon mandat gravite autour du traitement des données qui sont générées par la nouvelle génération de détecteurs.
Comment la philosophie du 3IT vous rejoint-elle?
Le partage de connaissances et de matériels entre tous les membres du 3IT nous pousse à faire davantage de collaboration plutôt qu’une compétition. Les échanges entre les différents étudiants sont nombreux – je l’ai vécu lorsque j’étais moi-même étudiante au 3IT dans l’équipe du Pr Jean-François Pratte. Les activités de recherche que nous avions avec les autres groupes nous permettaient de discuter et d’échanger sur différents sujets. Ces discussions ne découlaient pas nécessairement vers une collaboration, mais de nouvelles idées pouvaient en ressortir.
Comment l’interdisciplinarité se manifeste-t-elle dans votre recherche scientifique actuelle?
Je me retrouve exactement à la jonction entre la physique, le génie électrique, le génie informatique et les mathématiques statistiques. Pour implanter l’intelligence artificielle à même les détecteurs il faut avoir des connaissances : en physique pour comprendre ce que les détecteurs tentent de mesurer, en génie électrique pour traiter les données, en génie informatique, et en informatique et en statistiques pour analyser la théorie derrière l’intelligence artificielle.
Je dois donc rassembler toutes ces disciplines afin de produire un détecteur, d’où la présence de l’interdisciplinarité dans mon domaine de recherche. Je rallie à cela la matière noire, l’imagerie médicale et d’autres domaines que je souhaiterais découvrir.
Qui représente votre chercheur ou votre chercheuse scientifique d’inspiration?
La dernière en liste, celle qui me marque le plus, c’est la physicienne Donna Strickland. Elle a reçu le prix Nobel en physique en 2018 pour ses travaux de doctorat sur les lasers. J’ai pu la rencontrer lors de mes études à Stanford et je l’ai trouvée fascinante et très inspirante.
À quand remonte la découverte de votre intérêt/passion pour la science?
J’ai toujours été fascinée par la science. Dans mes plus jeunes souvenirs, mes parents m’avaient acheté une encyclopédie pour enfants parce qu’il n’en pouvait plus de toutes mes questions. J’ai donc toujours été attirée et inspirée par la science. Par contre, c’est seulement au cégep que j’ai déterminé le domaine scientifique qui m’intéressait et dans lequel je voulais travailler : l’électricité.
À mon entrée au baccalauréat, j’ai vite compris que notre monde était entièrement électrique et que peu importe ce que je voulais faire par la suite, le génie électrique serait partout. Toutes les options étaient encore ouvertes à moi si je décidais de poursuivre dans un domaine connexe. C’est d’ailleurs pourquoi j’ai choisi un projet de recherche à la maîtrise qui me permettait de combiner la physique et la médecine à ce que je connaissais en génie électrique. Ainsi, j'ai pu continuer ma passion pour la science.
Quel « impact » désirez-vous générer en société à titre de chercheuse?
Nous vivons dans un monde de plus en plus connecté. Peu importe notre domaine, l’Internet des objets est là, et il y restera. Présentement, je travaille beaucoup pour l’aspect physique, qui me permet de pousser la science plus loin, de faire des découvertes. J’instrumente les recherches et je contribue à leurs avancements.
Nécessairement, il y a un impact sur la société en raison de l’amélioration des appareils médicaux et des grandes expériences de physique. De plus, lorsque viendra le temps de travailler avec l’Internet des objets, je veux m’assurer de contribuer de façon à ce que ce soit éthique et que les gens conservent leur vie privée. C’est quelque chose de délicat et je crois que ces données-là ne doivent pas être recueillies dans le but d’espionner.
Outre la science, possédez-vous une autre passion?
J’en ai quelques-unes. J’aime bien les jeux vidéo en ligne, où on joue en coopération. Mis à part cela, le « kickboxing » est une passion aussi. Pour moi, les arts martiaux, c’est thérapeutique. C’est une activité qui me permet de me vider l’esprit et de sortir mes frustrations de la journée lorsqu’un événement ne s’est pas bien déroulé. Ça me permet de rester zen, même si c’est une activité plutôt physique.